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Billet de blog 7 octobre 2014

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Restaurer l'Histoire

Au bon vieux temps de l'esclavage, la couleur de peau désignait l'asservi. A l'époque bénie des colonies, la sauvagerie des mœurs et des croyances indiquait l'opprimé. Aux temps édéniques du capitalisme de nos aïeux, la rusticité héréditaire de l'esprit alcoolique signalait le prolétaire. Mais depuis que de dangereux promoteurs d'une prétendue égalité mirent dans les têtes de tous les gens de rien qu'ils étaient des Hommes et des Femmes libres, plus moyen d'exploiter tranquille.

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Au bon vieux temps de l'esclavage, la couleur de peau désignait l'asservi. A l'époque bénie des colonies, la sauvagerie des mœurs et des croyances indiquait l'opprimé. Aux temps édéniques du capitalisme de nos aïeux, la rusticité héréditaire de l'esprit alcoolique signalait le prolétaire. Mais depuis que de dangereux promoteurs d'une prétendue égalité mirent dans les têtes de tous les gens de rien qu'ils étaient des Hommes et des Femmes libres, plus moyen d'exploiter tranquille. Et une déclaration des droits humains par-ci, et un code du travail par-là, et de la protection sociale par dessus le marché, et pourquoi pas l’ascenseur et la démocratie tant qu'ils y sont, ces sangsues de la bonté des patrons ! Quand y'a de la gêne dans le profit, y'a plus de plaisir. Comment faire comprendre à ces sous-plébéiens imbus de leurs droits chimériques, que leur seul destin est de se crever au boulot pour l'enrichissement de quelques autres ? Facile ! Les convaincre qu'ils sont coupables de leur état de moins que rien. S'ils sont au chômage, c'est parce qu'ils sont fainéants. S'ils sont moches et obèses, c'est qu'ils ne bouffent que des cochonneries. Si leurs enfants sont des cancres, c'est qu'ils ne bûchent pas assez, ces ignares dont la plupart sont des immigrés qui n'avaient qu'à rester chez eux. S'ils tombent malades, c'est qu'ils ont des comportements à risque. S'ils dorment dans la rue, c'est qu'ils ne sont pas fichus de payer régulièrement leur loyer. Si leur retraite est misérable, c'est qu'ils n'ont reçu toute leur vie que ce qu'ils méritaient : des salaires de minables ! Et ils se permettent de réclamer des allocations, ces sapeurs de compétitivité, creuseurs de dette, fauteurs de déficits ? Des coups de pieds au cul ! Et la prison. Heureusement que ces ânes bâtés, promus électeurs, ont l'imbécile sagesse de voter contre leurs intérêts. Après avoir élu des libéraux dissimulés dans le cheval de Troie d'un parti dit « socialiste », ils voteront bientôt pour les fascistes. Et l'Histoire reprendra enfin son cours.

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