19/06/2013, 10:51Par KALUS
Voilàpourquoi il me semble que punir les propos du bonhomme sans réviser de fond en comble le système délétère du foot serait se donner une conscience antiraciste à bon compte.
Diouldié Chartier , je souscris totalement à l'ensemble de votre commentaire. Le problème est plus complexe qu'il n'y parait et on est totalement à côté de la plaque si on pense pouvoir s'en sortir avec une dialectique traditionnelle de bonne conscience pour ne pas dire un prêt-à-penser bien sécurisant. Avec sa belle et bonne conscience républicaine qui ne doute jamais de ses vertus universelles libératrices la France a un vrai problème avec la diversité culturelle qui devient la norme pour la plupart des pays du monde développé aujourd'hui. Avant d'aller plus loin je crois nécessaire de préciser d'où je parle. Je suis un Français d'outre-mer comme on dit , d'un certain âge (le troisième), qui a vécu longtemps en métropole , à l'épiderme noir (et sensible). La notion de "quota" n'est pas nouvelle dans le débat sur les "étrangers" en France. Je me souviens qu'il y a 30 ou 40 ans quand le sujet commençait à envahir les médias certains affirmaient , sans preuve si ma mémoire est bonne , qu'au-delà d'un taux de 10% de la population totale leur insertion devenait compliquée. Je ne sais pas si ce chiffre a une quelconque valeur sociologique. Je n'ai jamais approfondi la question. Par contre , ce dont je suis convaincu , après des années d'observation (et de difficultés personnelles il faut bien le dire) , c'est que la tradition politique et culturelle française jacobine et hypercentralisée (malgré les réformes) est tout à fait impuissante à gérer la différence. J'ajouterai que ce jacobinisme qui imprègne non seulement les institutions , les administrations , mais aussi les syndicats , les entreprises , les associations (dans certains domaines) et est responsable en partie de la sclérose de la société française et de son inaptitude à affronter la crise (le fonctionnement de l'Europe ne l'aide pas!). Pour revenir aux quotas il faut être malhonnête pour ne pas reconnaitre que cela se pratique couramment , dans à peu près tous les domaines (sauf peut-être chez les éboueurs, allez savoir pourquoi) , sans qu'on s'en vante et pas forcément toujours pour de mauvaises raisons. Les choses humaines sont toujours très complexes et ne se résument pas à de simples équations mathématiques qui se résolvent à partir de théories pré-établies et valeurs culturelles simples , même si celles-ci peuvent servir de base de départ pour une réflexion libre et ouverte. Le monde d'aujourd'hui hypermédiatisé fait que tout se sait (ce qui est une bonne chose pour le progrès humain) mais dans le même temps cette médiatisation privilégie les affects , les émotions au détriment d'une réflexion complexe et nuancée au plus près des réalités humaines. Ainsi , pour simplifier ma pensée (on n'y échappe pas!) je dirais que le problème vient de l'opposition entre deux cultures qui ne cherchent pas beaucoup à se remettre en cause : d'un côté les Français de France qui sont héritiers de la tradition culturelle coloniale française qui se divisent en gros en deux tendances (ceux qui culpabilisent plus ou moins et ceux qui pensent que cela a plutôt fait du bien aux colonisés) et de l'autre côté les anciens colonisés qui restent pour beaucoup dans une attitude de victimes qui attendent plus ou moins inconsciemment réparation. Tout le monde a donc à se remettre en cause. Le débat médiatique tel qu'il est lancé ne donnera , je le crains , rien de très positif. Je terminerai sur un exemple qui donnera peut-être à réfléchir à ceux qui le veulent bien. Il s'agit de mon pays : La Réunion. Ici , on peut dire qu'une politique de "quotas" s'est mise en place tranquillement , naturellement , depuis l'abolition de l'esclavage. La population concernée comprend les descendants d'esclaves , les descendant d'Indiens engagés ou esclaves , les Blancs ruinés et les métis de ces trois groupes. Ils ont été exclus au XIXème siècle de la vie publique. Alors qu'ils représentent presque les trois quarts de la population réunionnaise on les retrouve très rarement à des postes d'encadrement ou de décideurs aujourd'hui. Par contre , selon les statistiques officielles , ils fournissent la quasi-totalité des laissés pour compte de la société : délinquants , prisonniers , criminels , alcooliques , toxicomanes , chômeurs , etc....Personne , ou presque , ne semble trouver cela anormal. Sinon le débat est dévié systématiquement vers le racisme , la xénophobie ou autres horreurs qui bloquent toute réflexion , donc toute évolution. Cela permet à tout ce qui compte dans le landernau médiatique local d'exhalter la bouche en coeur le modèle multiculturel réunionnais , son savoir-vivre ensemble incomparable et la gentillesse ineffable de sa population. C'est la différence avec le monde européen : on n'en parle pas. Et gare à celui qui trangresse cette règle hypocrite! Pour certains d'entre nous il n'y a jamais eu de Printemps. Et il n'y en aura jamais. Parce que chez nous le Printemps n'existe pas. Est-ce le meilleur moyen de gérer les problèmes de société : les occulter?