Chacun y va de sa théorie. Chacun a ses certitudes. "Le vaccin est efficace, regardez les taux d'hospitalisation", ou bien "le vaccin est inefficace, regardez les taux d'incidences". "Le vaccin est sûr, regardez la veille sanitaire française" ou a contrario "le vaccin est mortel, regardez la VAERS". "Il faut vacciner davantage, regardez ce qu'il se passe en Europe de l'Est" versus "Inutile de vacciner davantage, voyez ce qu'il se passe au Royaume uni".
Les différents points de vue sur un objet ne sont pas conciliables. Il n'existe que des angles, des focales et des méthodes différentes. Ce simple constat aurait dû soit dit en passant interrompre toute velléité d'obligation vaccinale généralisée.
Sur quoi étaye-t-on une stratégie politique ?
- Sur des études in silico qui sélectionnent la molécule ou en montrent les bénéfices
- Sur des études in vitro qui confirment l'efficacité biologique pressentie
- Sur des études in vivo, qui nous disent que le taux d'IgM de la souris évolue comme-ci à 3 jours, et que son taux d'IgG évolue comme-ça à 100 jours.
- Sur des études in vivo humaines qui montrent la même chose (ou pas)
Toutes ces études constituent un ensemble de preuves convergentes qui justifient une politique. Elles arrivent différées dans le temps, les études in vivo humaines survenant plus tardivement. Comme elles étudient leur objet à des échelles différentes, les effets réels sur des individus complexes dans leur milieu nous parviennent en dernier.
Or il apparait que les effets in. silico, in vitro ou in vivo peuvent être invalidés ou contrebalancés par d'autres effets inobservables dans ce type de formats, quelle que soit la taille ou la qualité de l'étude (voir Enzo Lolo https://www.covid-factuel.fr/2021/12/09/un-ecr-peut-il-passer-a-cote-dun-traitement-efficace-exemples-2/). C'est ainsi que sont apparues les contradictions entre les chiffres de baisse de la transmission de 90 % avec le vaccin à des chiffres nuls observés à l'échelle d'une population (Voir Subramanian cité dans un billet précédent, ou Günter Kampf, Lancet https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S2666-7762%2821%2900258-1).
A titre d'exemple, on peut se rappeler l'affaire des coxibs clarifiée en 2005 par Maxwell and Webb. Les effets cardiovasculaires du Rofecoxib n'ont pas été perçus avant une étude de 2 ans portant sur plus de 2 millions de patients et qui a objectivé plus de 8000 infarctus.
Difficile de nier l'effet de focale, qui du microscope au grand angle métamorphose la réalité.
S'éloigner pour voir, c'est ce qu'on ne fait pas du tout dès lors qu'un pic d'incidence apparait. "Vite, voyez ce qui nous arrive de l'est, voyez les pays bas et l'Allemagne, le nombre de morts est stratosphérique"... Et untel de dire que le vaccin est hyper efficace car si on compare notre vague avec celle des pays de l'Est... Le nez immergé dans les taux d'incidences.
A nouveau, la focale nous trompe. Pour évaluer et comparer cette vague, il faut prendre 2 précautions :
- Ne pas se contenter d'observer la mortalité dite "covid". Cet écueil a été maintes fois évoqué (lire Toubiana, Doshi, Pavan ou bien d'autres)
- Prendre en considération l'ensemble des morts depuis le début de l'épidémie, par rapport au nombre d'habitants d'un pays. Ceci permet de considérer les effets d'immunisation d'une population. Par exemple, l'Europe de l'Est n'a pas eu de véritable première vague, elle se rattrape maintenant. Ceci ne signifie pas que le vaccin explique les bons résultats actuels de l'Europe de l'ouest.
Le tableau ci-dessous (chiffres arrondis issus de J Hopkins https://coronavirus.jhu.edu/map.html), montrent le taux de létalité du Covid par pays depuis le début de la pandémie.

Agrandissement : Illustration 1

On voit que parmi les faibles létalités apparaissent aussi bien l'Egypte non vaccinée que l'Islande super-vaccinée (et insulaire de surcroit). On voit également qu'entre la Palestine, non vaccinée, et Israël ,bien vacciné, il n'y a pas de différence malgré de phénoménales différences de niveau de vie et de densité (le tout en faveur d'Israël). On voit que le Pérou s'en tire très mal, mais son taux de vaccination ne peut pas être tenu pour seul responsable si on le compare à celui de l'Inde qui s'en tire spectaculairement bien.
Nous serions gonflés de nous moquer de l'Ukraine non vaccinée, qui fait aussi bien que son voisin lithuanien, et que le royaume uni (à peu près aussi bien que la France d'ailleurs).
Le schéma ci dessous confirme cette impression. Le taux de vaccination d'un pays ne semble aucunement corrélé avec le taux de létalité de Covid sur l'ensemble de la période.

Agrandissement : Illustration 2

On pourrait tout aussi bien expliquer les différences de performances actuelles par un rattrapage des premières vagues, les pays européens qui s'en sortent actuellement le moins bien étant ceux qui ont eu le moins de pics épidémiques précédents..
On a bien de la peine à lire le taux d'incidence comme une conséquence de la vaccination. Seule chose certaine, la vaccination est une conséquence réflexe de l'élévation du taux d'incidence (taux de PCR positives et non de malades).