Quelle horreur de douter sur la question du choix entre Macron et Le Pen.
J’ai voté pour Mélenchon.
J’ai voté au primaire de la droite pour virer Sarkozy. J’ai voté au primaire de la gauche pour faire valser Valse. J’ai le regret que Benoît Hamon ne se soit par retiré pour laisser gagner l’insoumission aux inféodés de la finance. Mais je ne lui reproche pas.
Je ne rêve pas trop.
Les politiciens professionnels vont se refaire une santé sur le dos d’une sorte de quatrième république et bien entendu du capitaine d’en marche qui les a désarçonné.Déjà sous l’effet de l’avoine qu’ils font mine de vouloir partager au râtelier nouveau, ils lui feront payer la gabelle. Le temps prochain nous réserve une série politique d’envergure.
Macron n’est pas n’importe qui, il a du répondant. Mais il semble aveugle d’une chose, il n’entend pas que la France d’en bas n’entend pas ce qu’il dit. Etre sorti des écoles de syntaxe politique et financières, être sortie des écoles de dynamique de groupe (ENA, Sciences Po) ne donne pas pour autant un master d’écoute du sens populaire, dévié, marginalisé, labellisé sous l’étiquette de populisme, c'est-à-dire de troupeau avec qui il faut faire de la pédagogie.
Horreur et damnation de la dite pédagogie pour le peuple, lui parler pour qu’il comprenne, trouver les mots pour qu’il comprenne ceux de mon instruction. Et à force, et à force d’entendre les perçus politicards dire qu’on a pas assez expliqué les projets de lois au peuple comme la raison de son refus, de sa dissension, la France d’en bas entend dans les mots de l’autorité au pouvoir, que son intelligence est faible, pauvre, défaillante, voire même en le suggérant par une jalousie de passage, qu’ils sont « sans dents » La dame de pique, perdante, est perçue comme faisant partie des élites.Vrai ou faux, mythe ou réalité, les sans dents l’ont pris dans les dents là ou ça fait mal depuis si longtemps.
Un camion a fauché Coluche, mais il est encore là. Sur la lessive « Heu, il lave plus blanc le nouvel OMO ! Ah bon ! Mais alors, l’ancien OMO il lave moins blanc alors ? ».La déroute de l’espérance, c’est la relation entre la lessive et la politique et plus précisément, entre la publicité et le discours politique. Ce que disent les politiques est perçu comme ce que dit la publicité qui n’a d’intention que d’incruster le geste d’achat dans la structure mentale, peut importe la nature du produit.
Ni vote blanc, ni abstention de ma part. Le rejet que j’éprouve de la part du mensonge politique ne me fait pas oublier que la cheftaine du FN est de filiation génétique mais surtout symbolique, du procréateur du « détail de l’histoire ». Et qu’elle n’a de cesse d’incruster la communication de la peur des arabes et par effet, de la peur d’une guerre civile.
J’en suis profondément convaincu, la peur distillée de la guerre civile déclanchée par les arabes et montée en épingle par les attentats, est à entendre dans une lecture inversée.L’extrême droite par la voix de Le Pen n’est pas dans la peur mais dans le désir d’une guerre civile.
Affabulation ? Non, pas plus que l’histoire du voile. Où est le problème quand une femme met un voile sur les cheveux ? Ma mère, qui en mettait, appelait ça un fichu. Quand nous étions petits, on allait à l’église avec elle. A l’église, presque toutes les femmes avaient un fichu sur la tête. Qu’est ce c’était barbant pour les enfants d’être dans un rituel incompréhensible, je parle du latin, j’en suis devenu athée. Il me plait de dire que les femme arabes, comme ma mère le faisait, mettent des fichus sur la tête. Et que c’est insidieux et pervers de parler de voile. En dit on autant du chapeau ?
Il me revient une des premières phrases que j’ai lu il y a trente ans quand je me suis tenté de ne plus être inculte et sortir de la gangue, (je détestais l’école).C’est dans la comédie humaine que ne je n’ai pas relu depuis.
« Une invisible main semblait enlever à ce paysage le dernier des voiles dont elle l’aurait enveloppé »
Bien entendu il parlait de la brume qui cachait, de la brume qui voilait et se dévoilait, et je découvrais que c’était beau. Si le fichu de la femme ne cache ni ne voile rien, elle n’est donc nullement voilée quelque soit le chant de sa propre langue. Et si « la vérité reste toujours à dévoiler », dans ce qui nous préoccupe, la relation entre l’extrême droiteet l’ordre totalitaire qui élimine les opposants n’est plus à démontrer.
Elle s’est donnée à voir dans la campagne, ne serait ce que pour une des réalités vécues. L’interdiction faite aux journalistes de voir et d’analyser le projet idéologique qu’elle présente devant les gens autorisés à le clamer. Le changement vite fait de chef du Front National, pour gommer la question du négationnisme nous indique deux choses.
Détachée du Front, sa cheftaine se voulait présidentiable, vendant que la présidente de la France ne pouvait être celle du Front. Belle affiche mais perte de sens, car l’opération n’est pas ordonnée par la détachée du Front mais sa toujours cheftaine. On imagine la suite et comment elle se projette dans un futur gagnant : d’une part les opposants seront tus et notamment les journalistes, et d’autre part, le Front National sera sa colonne vertébrale et sa violence.Certes, la cheftaine du FN n’a pas de fichu, mais s’il en est d’une femme qui avance voilée et cachée, c’est bien elle. Et ce n’est pas la nouvelle apparence qu’elle se donne assise comme en femme libre sur un bureau, qui différencie son intention de celle de la publicité : séduire pour vendre. Duplicité, mais c’est fichu, même les aveugles l’ont vu.
Derrière la moustiquaire de la porte des libertés s’annonce une femme qui dit représenter le peuple soufrant. N’ouvrons surtout pas. Elle ne représente que ce qu’elle voit dans son propre miroir, la haine qu’elle a d’elle-même quand elle se voit comme un autre.
Par les effets d’une minorité de riches et de nantis menant « une vie de sénateur », par les effets des multinationales qui fondent la valorisation des bénéfices engrangés sur la dévaluation des gens qui travaillent, mais aussi et sans doute surtout, sur la conscience devenue collective en réseau, la faux du Front devient une des soupapes du ras le bol de l’injustice vécue. Ses électeurs sont en majorité sincères avec l’idée de tout foutre en l’air le vieux système dans l’espoir que le gâteau serait mieux partagé. Comment leur dire qu’ils se trompent sans qu’ils se sentent une fois de plus critiqués, rejetés. Ils ne changeront pas d’avis et ça donnera de toute façon un bon coup de pied dans la fourmilière des magouilles politiques.
A une condition cependant.
Que les républicains de tous bords protègent la république en allant voter.
Deux votes manquants produisent une voix de plus pour l’idéologie d’extrême droite.
Si Macron est président il sera possible de lutter démocratiquement contre des lois injustes par la longueur de la chaîne humaine de l’indignation ou de l’insoumission. Si l’extrême droite est au pouvoir elle tentera de faire régner l’ordre par l’armée, on imagine les conséquences.
Je ne suis qu’un simple électeur, sans plus. Mais je me souviens d’une chose. Mon père était militaire quand il a été fait prisonnier sur les plages de Dunkerque au début de la guerre. Quatre ans dans un camp de prisonnier en Pologne, gardé non par les fascistes nazis mais l’armée régulière allemande. Il en a bavé mais la convention de Genève était respectée. Les refus de travailler étaient respectés. Mon père disait que les uniformes allemands et français se tutoyaient parfois et que de façon régulière on lui disait au bout de deux ans de refus « Albert, pourquoi tu refuses toujours de travailler, à force tu vas t’ennuyer ! » au bout des lassitudes il est allé travaillé dans une ferme allemande où les homme, absents, étaient au front. Il disait que c’était là qu’il avait appris à conduire un tracteur. Mon père, ce fils de payasan, est revenu vivant.
Ma mère était restée en France avec son premier enfant, mon frère. Combien de fois n’a-t-elle pas raconté les sirènes, les bombardements et les descentes dans les caves. Elle racontait souvent qu’une fois, à peine avait elle pris le bébé de son berceau et descendu dans les caves, que les bombes allemandes ont détruit le haut de la maison et la chambre de l’enfant. Peut de temps après la fin de la guerre, elle eut un autre enfant puis un autre. Ce fut une fausse couche. De celle-ci, elle est devenue partiellement folle. Psychose puerpérale. Le médecin a dit à mon père que c’était irréversible mais que parfois un autre enfant pouvait réparer. Ce fut moi. Plus tard, j'ai fait le lien entre entre la la terreur d'une mère sous les bombes et la décompensation provoquée par la perte d'un enfant à venir.et qui devait être une fille.
Quand j'était enfant, elle parlait régulièrement des bombes et de cette petite fille qu'elle avait perdue. Parfois le matin, quand je partais à l'école, elle me mettait un petit noeud dans les cheveux, que je laissais sur une centaine de mètres pour la laisser rêver, de connivence avec son petit délire mélancolique, puis je l'enlevais une fois passé le coin de la rue.
Il est bien normal d’avoir oublié le temps que l’on n’a pas vécu et de se sentir dans son temps en gommant le passé. Comment dire aux électeurs du Front National (je n’ose pas continuer par le mot socialiste) Que ce Front au pouvoir va faire tomber la France à cause de la haine de l’autre. Mais surtout qu’ils seront écrasés eux aussi par la machine de destruction de toute insoumission et qu’ils n’auront aucune miette du gâteau.
Le Front plus que les autres partis, méprise les électeurs qui tombent dans le piège du discours sur le franc, sur l’Europe ou sur les frontières. Le Front perçoit ceux qui les croient comme des esprits qu’on peut manipuler. Mais ces électeurs qui ressentent probablement comme moi le dégoût et peut être la haine du système, ne réalisent peut être pas qu’on peut se battre autrement contre la finance qu’en s’en prenant aux gens d’origine étrangère.
On ne changera absolument rien aux intentions de la grande finance en virant les étrangers qui mangent le pain des français. Bien au contraire, de cela, elle en jubile sur le dos du bouc émissaire.
Le fait que Madame Le Pen soit la fille et la descendante frontiste de son père devrait ouvrir une question sur la passation du pouvoir par le sang et non par le choix de tous. Démocratiquement élue au sein du partie ? Bien entendu, mais procédé voilé par la menace de se faire virer en cas d’insoumission et surtout, par l’idée que l’important est le sang de la filiation qui garde le nom et sa charge idéologique.
J’ai voté pour Mélenchon avec la France insoumise. Je voterai pour protéger la république des libertés, je voterai pour Emmanuel Macron.