Cher Christian Salmon,
Dans un article publié sur Médiapart le 13 juillet 2013 et intitulé "La République des comptables à lunettes", vous semblez vous lamenter que nos dirirgeants, après avoir fait tour à tour de la politique "en poésie" puis "en prose", n'en font aujourd'hui à, l'instar de François Hollande, qu'en chiffres.
Comment pourrait-il en être autrement ?
Les systèmes sociaux en Occident ont été mis en place après 1945 dans des circonstances extrêmement favorables : une croissance économique forte et un baby boom. Quand ces deux tendances économiques et démographiques se sont retournées dans les années 70, les politiques ont pu maintenir notre système social à flot grâce à l'endettement public jusqu'à ce que cette dette devienne insoutenable pour les générations à venir.
Tant que l'effet du déclin démographique du milieu des années 60 n'aura pas disparu avant les années 2040-2050, les politiques n'auront pas d'autre choix que de "gérer" (oh! quel gros mot) la baisse des ressources et la hausse des dépenses sociales. On peut invoquer ad nauseam la mondialisation, le néolibéralisme, la finance, que sais-je encore, il y a des contraintes auxquelles aucun Etat ne peut se soustraire : les effets économiques du progrès technologique et de la démographie. Au cours de l'histoire, ces contraintes sont parfois favorables ou défavorables selon les générations.
Par ailleurs, votre article renvoie à l'attente invraisemblable des Français envers la politique. Il semble qu'il y ait encore des Français qui croient que des hommes et des femmes politiques peuvent changer la vie, nos vies. Je ne sais pas si c'est une question de génération ou si c'est mon vieux fond anarchiste, mais je n'attends rien d'autre d'un Président de la République qu'il soit un bon syndic d'immeuble. Pour ce qui est du changement de ma vie ou de mon bonheur, je préfère m'en charger.
Bien cordialement,
Lionel Artige