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Billet de blog 1 novembre 2025

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Pendant qu’ils fabriquent des bombes, l’eau disparaît...

Le grand simulacre des puissants pendant que 1 personne sur 4 reste privée d’eau potable

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Pendant que les gouvernements, les grandes puissances et l’industrie de l’armement se livrent à leur grand jeu de course aux armes, de surenchère technologique et de postures guerrières, une vérité fondamentale crève les yeux : aujourd’hui, une personne sur quatre dans le monde, soit environ 2,1 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants n’a toujours pas accès à une eau potable gérée de manière sécurisée. 

Oui : pendant que l’on parle missiles, satellites espions, guerres commerciales et stratégies de puissance, l’accès à l’eau, ce qui devrait être la condition de base de la dignité humaine, reste un mirage pour des milliards.

Une guerre silencieuse : l’eau comme victime principale

C’est bien une crise mondiale que l’on doit aujourd’hui qualifier : une guerre silencieuse où les victimes ne sont pas des armées mais des populations civiles, et où l’ennemi n’est ni un pays ni un dirigeant étranger mais… le laxisme du système global, l’inégalité entretenue, la priorité inversée.

On dépense des milliards dans des systèmes de missiles et des navires de guerre, pendant que des enfants boivent une eau contaminée, ou transportent des seaux d’eau à des kilomètres, souvent sous un soleil impitoyable.

On glorifie la puissance militaire, on parle “stratégie”, “défense”, “sécurité nationale” et pourtant, la sécurité hydrique de l’humanité apparaît comme un fait secondaire, un dossier à cocher sans urgence réelle.

Le résultat : un accès à l’eau potable reste hors de portée pour des milliards, et l’objectif d’accès universel pour 2030 est déjà qualifié de “de plus en plus hors de portée”. 

Cette tragédie silencieuse, cette “guerre de l’eau” non déclarée, est rendue possible par l’indifférence et l’aveuglement des puissants.

L’injustice criante : une course à l’armement pendant que des vies coulent à petit feu

Il y a quelque chose de profondément immoral, presque grotesque, à constater que :

Les États et les grandes entreprises rivalisent d’infrastructures militaires, de budgets de défense toujours croissants, de technologies de surveillance.

Pendant ce temps, un quart de l’humanité n’a pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité.

L’argent, l’attention, la puissance sont orientés vers des vitrines de domination et pas vers l’installation de pompes fiables, de réseaux d’approvisionnement, de traitement d’eau et d’assainissement pour les plus vulnérables.

Nous sommes dans un paradoxe moral : tout le monde parle “sécurité”, “prospérité”, “développement”, mais la sécurité élémentaire, boire une eau sans risque, est mise de côté. “Sécurité nationale”, oui ; “sécurité hydrique humaine”, bof.

Et maintenant ? Parce que l’évidence impose une réaction

Ce constat n’est pas que déplorable, il appelle à un sursaut. Quelques pistes urgentes :

Exiger que l’accès à l’eau soit traité au moins avec la même rigueur et le même budget que l’armement. Ce n’est pas périphérique : c’est fondamental.

Mettre en lumière que les “courses aux armes” sont non seulement un gouffre financier, mais aussi un signe de priorité faussée. Si l’on dépense des sommes astronomiques pour se prémunir contre des guerres, pourquoi ne pas dépenser pour prévenir une « guerre » contre la soif, contre la maladie par eau insalubre ?

Porter publiquement la voix des laissés-pour-compte de cette crise hydrique, les communautés rurales, les pays en développement, les enfants privés d’eau propre, et faire de leur lutte une question centrale de justice mondiale.

Repenser la notion de “sécurité” : elle ne se réduit pas à des bombes, des drones ou des bateaux de guerre. Elle inclut l’accès à l’eau, à l’assainissement, à la dignité humaine.

Conclusion

Oui, nous sommes à un moment de choix historique. Soit nous continuons à laisser les priorités mondiales être détournées vers des vitrines de puissance et de domination, pendant que des milliards souffrent de soif ou de contamination. Soit nous disons haut et fort : assez ! L’accès à l’eau potable est une question de vie ou de mort, pas une option secondaire.

Tant que la course aux armements sera conçue comme “important”, et que l’accès à l’eau potable sera considéré comme “un peu accessoire”, ce sera une trahison morale envers l’humanité.

La crise hydrique n’attend pas. Les dirigeants mondiaux peuvent continuer leurs parades militaires, mais en bas, dans les silences des villages, des bidonvilles, des zones rurales, des gens meurent parce que l’eau n’arrive pas.

Et c’est inacceptable...

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