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Billet de blog 8 septembre 2012

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La récente attaque absurde du magazine Der Spiegel contre le Mouvement Gulen

Par Ihsan YILMAZDer Spiegel a publié un article sur le mouvement Hizmet (Gülen). Malheureusement, l’écrit ne ressemble en rien à un article de journal. Le choix des mots, des soi-disant experts et plus important encore, les déformations de la vérité, les points prêtant à confusion et les fausses informations rendent l’écrit problématique. L’écrit commence avec l’affirmation que « Gülen aime à se présenter comme le Ghandi de l’Islam ». Or, Gülen n’a jamais fait une telle comparaison. L’écrit accuse le mouvement d’être secret, sans pour autant donner de contexte sur la politique et les lois turques. Ses lecteurs ont le droit de savoir qu’en 2012, fonder des groupes, des mouvements ou des confréries islamiques est toujours considéré comme un délit. Elles existent certes, mais ne peuvent l’être que de manière officieuse et en fonction de la situation sociopolitique, les autorités ferment les yeux sur ces groupements alors qu’elles pourraient exercer leur activité normalement dans une quelconque démocratie. Chaque fois que les conditions changent, les autorités punissent sévèrement ces groupes. De ce fait, l’écrit indique que le mouvement n’a pas d’adresse ni de compte en banque mais ce n’est pas de sa faute. Cela ne signifie pas que le mouvement est secret. Il est constitué de volontaires, d’écoles, de commerces, etc. Ils opèrent à partir de réseaux informels ouverts que les autorités connaissent et toutes ces institutions sont transparentes et sont régulièrement inspectées par les autorités compétentes. Le mouvement ne nie pas que certains étudiants universitaires qui travaillent volontairement pour le mouvement dorment dans des résidences universitaires ou des foyers appelés parfois « Maisons de la Lumière ». Elles ne sont pas secrètes. L’écrit affirme que de tels foyers existent à Berlin. Même cet élément montre qu’elles ne sont pas cachées. La police et les services de renseignement peuvent, à tout instant, les inspecter, les poursuivre et les mettre sous écoute. Mis à part ces accusations sans fondement, y a-t-il déjà eu un seul cas en Allemagne ou dans un autre pays démocratique démontrant que le mouvement menace les volontaires ou les anciens volontaires ou sème la peur comme l’écrit le suggère ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Ihsan YILMAZ

Der Spiegel a publié un article sur le mouvement Hizmet (Gülen). Malheureusement, l’écrit ne ressemble en rien à un article de journal.

 Le choix des mots, des soi-disant experts et plus important encore, les déformations de la vérité, les points prêtant à confusion et les fausses informations rendent l’écrit problématique. L’écrit commence avec l’affirmation que « Gülen aime à se présenter comme le Ghandi de l’Islam ». Or, Gülen n’a jamais fait une telle comparaison. L’écrit accuse le mouvement d’être secret, sans pour autant donner de contexte sur la politique et les lois turques. Ses lecteurs ont le droit de savoir qu’en 2012, fonder des groupes, des mouvements ou des confréries islamiques est toujours considéré comme un délit. Elles existent certes, mais ne peuvent l’être que de manière officieuse et en fonction de la situation sociopolitique, les autorités ferment les yeux sur ces groupements alors qu’elles pourraient exercer leur activité normalement dans une quelconque démocratie. Chaque fois que les conditions changent, les autorités punissent sévèrement ces groupes. De ce fait, l’écrit indique que le mouvement n’a pas d’adresse ni de compte en banque mais ce n’est pas de sa faute. Cela ne signifie pas que le mouvement est secret. Il est constitué de volontaires, d’écoles, de commerces, etc. Ils opèrent à partir de réseaux informels ouverts que les autorités connaissent et toutes ces institutions sont transparentes et sont régulièrement inspectées par les autorités compétentes. Le mouvement ne nie pas que certains étudiants universitaires qui travaillent volontairement pour le mouvement dorment dans des résidences universitaires ou des foyers appelés parfois « Maisons de la Lumière ». Elles ne sont pas secrètes. L’écrit affirme que de tels foyers existent à Berlin. Même cet élément montre qu’elles ne sont pas cachées. La police et les services de renseignement peuvent, à tout instant, les inspecter, les poursuivre et les mettre sous écoute. Mis à part ces accusations sans fondement, y a-t-il déjà eu un seul cas en Allemagne ou dans un autre pays démocratique démontrant que le mouvement menace les volontaires ou les anciens volontaires ou sème la peur comme l’écrit le suggère ?

Le mouvement opère dans plus de 140 pays mais y a-t-il un seul cas montrant que la liberté de sortir du mouvement, qui constitue le critère le plus important pour les organisations de volontariat de la société civile, n’est pas possible dans le mouvement Hizmet ? Bien sûr que non. Si ce n’était pas le cas, pourquoi ces soi-disant personnes menacées ne vont pas se plaindre à la police allemande afin de protéger leur identité ?

Cet écrit préfère ignorer de telles questions et faits essentiels qui pourraient contredire les accusations sans fondement qui y figurent. Il aborde la pratique religieuse dans ces résidences étudiantes. Certes, ce n’est un secret pour personne : Gülen l’appelle le grand djihad. Il existe plusieurs travaux académiques sur la vie religieuse pratiquée dans ces résidences universitaires. Elles sont ouvertes à tout un chacun et tout le monde peut en sortir dès qu’ils le souhaitent. Dans ces résidences, rien de ce qui se fait ne va à l’encontre de la volonté des étudiants. Pour des musulmans, il n’est pas choquant d’apprendre qu’ils ne sont pas autorisés à faire entrer leurs petites amies dans ces foyers. Il est question ici de groupe musulman pratiquant. Etant donné que personne n’est forcé à rester, ils peuvent facilement aller dans des milieux plus décontractés. Existe-t-il des preuves montrant qu’ils n’ont pas le droit de partir ? Bien sûr que non.

La polémique autour du fait que Gülen n’accepte aucune contestation

L’article avance que Gülen n’accepte aucune contestation. Une recherche rapide sur Internet montrerait que des milliers de personnes écrivent des éditoriaux, des blogs, des livres et des écrits sur Gülen et le mouvement Hizmet sous leurs vrais noms. Bien plus que de la contestation, ils le dénigrent ou l’insultent ouvertement. Qu’arrive-t-il à ces personnes ? Rien. Les livres sur Gülen ne contiennent rien de nouveau à propos de ce dernier. Si les tribunaux turcs traitaient avec ces personnes en raison de leur livre sur Gülen, il traiterait aussi avec d’autres auteurs ayant écrit de tels livres auparavant et continuant à en publier de nouveau.

L’article ne nous raconte pas exactement ce que Martin van Bruinessen a dit. Ainsi, nous ne pouvons parler de sa critique. Il est possible d’y voir des points similaires à toute organisation humaine, il est donc nécessaire d’avoir des points concrets. L’écrit ne fait référence à aucun expert objectif. Les lecteurs pourraient penser qu’il n’y en a aucun mais de nos jours, des centaines d’experts occidentaux non musulmans font confiance au mouvement et en parlent objectivement. Or, cet article ne parle d’aucun d’entre eux. L’écrit fait référence à Michael Rubin, connu pour être ouvertement islamophobe mais qui n’est pas pris au sérieux par les Etats-Unis. M. Rubin n’a jamais avancé d’arguments objectifs et sensés contre le mouvement ; il ne soutient que des accusations basées sur des spéculations sans fondement et des inventions personnelles, faisant ressembler Gülen à Khomeiny. Rubin n’a, à aucun moment, mentionné que Gülen déteste les révolutions puisqu’il pense que les relations de force allant du haut vers le bas ne peuvent que rendre les personnes hypocrites. Gülen rappelle sans cesse à ces adeptes que le Prophète (P BSL) avait rejeté une proposition faisant de lui le dirigeant de la Mecque et qu’à la place, il avait choisi de parcourir la ville afin de convaincre les personnes opposées d’opter pour une vie pieuse et sincère. Ce n’est également pas vrai que les étudiants vivant dans les résidences sont incités à faire du prosélytisme ; cela serait profiter des faiblesses d’autrui. Au contraire, Gülen souligne qu’une personne ne doit pas prêcher l’Islam mais se comporter en bon musulman pour montrer l’exemple. Il n’y a aucun mal à agir ainsi dans une démocratie.

L’article cite l’académicien allemand qui a déclaré ce qui suit au sujet du mouvement : « Ils sont partout. » Bon, il semblerait que l’histoire se répète en Allemagne et les nouveaux « juifs » semblent être les volontaires du mouvement Hizmet, une bonne cible pour les néonazis, qui sont ouvertement très actifs sous la surveillance vigilante mais indulgente des autorités allemandes. En publiant cet écrit, Der Spiegel a fait du très bon travail pour ces derniers.

L’article soutient que le financement du mouvement est particulièrement obscur mais n’essaie pas de nous convaincre. Il ne s’agit là que d’une accusation planante lancée sans avancer de preuves. Pourquoi les autorités des pays occidentaux ne font pas d’enquête si son financement est suspect ou obscur ? Ils ont poursuivi Deniz Feneri, pourquoi toléreraient-ils le Hizmet ?

Contrairement aux allégations de l’article, Gülen n’a jamais pris l’Occident comme une entité monolithique. A l’instar de Nursi, il observe le problème de manière analytique et lorsqu’il critique l’impérialisme, le colonialisme, la croisade et autre, il précise que les occidentaux ont beaucoup de bonnes habitudes musulmanes tels que l’honnêteté, l’intégrité, le labeur et que les « bons occidentaux » ont développé les sciences, l’humanisme, les droits de l’homme, etc. Il n’est pas occidentaliste. Contrairement aux islamistes, il n’a pas pour ennemi l’occident. Il critique d’abord et essentiellement les musulmans pour leurs fautes, leurs faiblesses et leurs péchés. L’article déforme les idées de Gülen et insulte indirectement les centaines d’académiciens occidentaux qui ont étudiés le mouvement.

Déformations de Der Spiegel sur le PKK

L’article déforme également ce qu’il a dit sur les terroristes du PKK qui ont incendié la résidence d’étudiants adolescents. Il a prié Dieu que ces monstres cruels soient punis et qu’il a demandé à Dieu de s’en charger si ce n’était pas possible. Sans fournir de contexte ni mentionner ses phrases précédentes, l’écrit copie et colle uniquement ses dernières phrases.

Il est également faux de dire que « Gülen pense que les faits scientifiques ne sont vrais que s’ils sont en accord avec le Coran ». Selon Gülen, si un fait scientifique contredit notre interprétation du Coran, il est nécessaire de le réinterprété. Il souligne également que la science ne peut expliquer toutes les questions au sujet de la foi, des anges, des miracles, etc.

L’article a faussement allégué que Gülen est devenu conseiller de l’ancien Premier ministre turc Tansu Ciller. Ils ne se sont rencontrés que deux fois. Dans la même logique, Ciller devait avoir des millions de conseillers.

Contrairement aux dires de l’article, Gülen n’a jamais « conseillé ses adeptes pour ébranler l’Etat turc et ne conspire pas jusqu’au jour opportun pour obtenir le pouvoir ». Son discours a été falsifié par la junte militaire à l’origine du coup d’état du 28 février et à présent, ces généraux sont en train d’être jugés pour leurs crimes. Gülen a expliqué qu’il avait conseillé à des fonctionnaires musulmans pratiquants de cacher leur pratique religieuse puisque toute personne considérée comme pratiquante par la junte pouvait être expulsée de la fonction publique. Il a conseillé la patience au lieu de la révolte contre l’Etat. Il est connu de tous que certains groupuscules islamiques n’avaient pas supportés la pression antidémocratique de l’époque et commençaient à parler d’« affrontements ». L’article ne fait bizarrement pas mention de telles conditions antidémocratiques cruelles en Turquie. Il affirme à tort que « lorsqu’un enregistrement de ce discours a filtré dans le public en 1999, Gülen avait dû quitter la Turquie ». L’enregistrement truqué a été filtré par l’Etat major qui préparait un coup d’Etat contre le gouvernement élu démocratiquement, quelques mois après que Gülen ait quitté la Turquie. En fait, l’enregistrement n’est pas la raison pour laquelle Gülen a quitté la Turquie. L’article a omis de préciser que Gülen a été condamné par contumace mais qu’il a été acquitté malgré la forte pression exercée par les puissants généraux sur la cour et qu’il est libre de retourner en Turquie.

L’article a également affirmé à tort que « près d’un cinquième des députés de l’AKP faisaient partie du mouvement Gülen en 2004, y compris les ministres de la justice et de la culture ». De nos jours, il devient plus évident qu’Erdogan n’autoriserait pas le mouvement à être influent dans son propre parti. Il n’y a jamais eu de ministre issu du mouvement. L’écrit parle de rumeurs au sujet de l’influence du Hizmet sur la police mais personne ne peut prouver le contraire de ces accusations. La charge de la preuve incombe à l’accusateur.

L’article aborde l’affaire Ilhan Cihaner mais donne l’impression qu’il a été acquitté. C’est faux, son procès est toujours en cours. Bien plus encore, son affaire, traitée auparavant par un tribunal inférieur, a été saisie par la Cour de Cassation à majorité kémaliste. De même, l’article commet une autre “erreur” similaire à propos de l’affaire Ahmet Sik.

Il indique que « par ironie du sort, c’est Sik qui, avec un collègue, a dévoilé les plans secrets de coup d’Etat d’un amiral d’Ergenekon dans l’hebdomadaire Nokta en 2007 et qui a, à maintes reprises, ciblé le réseau Ergenekon ». Comme l’explique Alper Görmüs, l’éditeur du Nokta qui a dévoilé les plans, Sik venait de lire les plans quand Nokta les a publiés mais qu’il est resté silencieux lorsque ces amis l’ont accusé à tort de les avoir publié. Sik n’est pas poursuivi pour son livre mais pour ses soi-disant liens avec un réseau terroriste.

Le dernier point mais non le moindre, l’article cite Dani Rodrik qui affirme que « le mouvement est impliqué jusqu’au coup dans des sales affaires » mais il omet de dire un point essentiel à ses lecteurs, c’est que Dani Rodrik est le gendre du tristement célèbre général à la retraite, Cetin Dogan, qui selon certaines sources, aurait préparé des plans de coup d’Etat contre le gouvernement. He was caught red-handed since he himself officially recorded everything but now claims that they were war games. Il a été pris sur le fait alors qu’il était entrain de s’enregistrer officiellement sur les plans mais il soutient aujourd’hui qu’il s’agissait en fait de jeux de guerre. Néanmoins, à son grand dépit, ses anciens collègues généraux ont attesté près la cour que dans un vrai jeu de guerre, de vrais noms ne sont jamais mentionnés. Le jeu du beau-père de Rodrik est truffé de tels noms, comprenant la liste des ministres du cabinet qui auraient dû être nommés après le coup d’Etat prémédité. Incapable de l’expliquer, il affirme que le mouvement Hizmet conspire contre lui et Rodrik, qui est en fait économiste et non spécialiste de l’Islam, de la Turquie ou du mouvement, utilise son diplôme de Harvard pour exprimer ces accusations sans fondement. Au lieu de traiter avec de vrais experts ayant étudié le mouvement, Der Spiegel s’adresse à des ennemis du mouvement mais les présente en tant que spécialistes objectifs. Der Spiegel n’a également pas mentionné le fait que Cetin Dogan a récemment porté son affaire devant la CEDH mais que la Cour a avancé que les preuves alléguées contre lui étaient solides. Au lieu de mentionner ce fait concret réel, l’article s’appuie sur des témoins anonymes secrets et sur des faux spécialistes qui ne sont pas capables d’avoir des preuves réelles ou des arguments convaincants. C’est ce que Der Spiegel appelle traitement injuste des tribunaux turcs envers les suspects de l’affaire Ergenekon ?

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