Le PKK craint davantage le Mouvement Gülen que l’Armée
Le PKK craint moins les conflits armés que la perte du soutien de la couche sociale assurant sa survie. Cette organisation ne craint plus l’armée depuis bien longtemps, étant donné qu’elle est habituée à combattre, à tuer et à compter ses morts. Les conflits s’éterniseront tant que ses canaux de ravitaillement perdureront.
Il semblerait que le mouvement Gülen soit en phase de réussir là où l’État a échoué en dépit de tous ses efforts. C’est pour cette raison que bien plus que l’armée, le PKK commence à craindre le mouvement Gülen.
Le mouvement Gülen est en train de mettre en place ce qu’on appelle « des salles d’étude ». On envoie dans ces salles des enseignants recrutés parmi les nombreux membres exerçant pour le compte de la confrérie, et ceux-ci dispensent plus particulièrement des cours aux enfants des familles pauvres habitant la zone des troubles. Les enseignants les plus qualifiés enseignent aux jeunes kurdes les mathématiques, la physique, les sciences sociales… Des sessions de lecture sont également organisées dans ces salles.
Aucun terroriste ne sort de ces salles
D’après certaines affirmations, il n’y a pas eu un seul jeune qui, après avoir fréquenté ces salles, soit sorti pour aller rejoindre l’organisation terroriste. De plus, la sympathie que pouvaient ressentir certaines familles kurdes pauvres vis-à-vis du PKK n’est plus de mise, car l’espoir d’un avenir tout autre leur est assuré. Les familles qui commencent à se dire qu’il existe un avenir bien meilleur pour leurs enfants, refusent dorénavant de laisser leurs enfants, malgré leur volonté, s’engouffrer dans le cercle vicieux du terrorisme.
Il s’agit bien évidemment d’une fantastique initiative civile. Tout ce qu’on affirmait depuis des années concernant la nécessité « D’anéantir le terreau social favorisant la pérennité du terrorisme » sans jamais parvenir à savoir comment le concrétiser, la confrérie y est parvenue.
Je n’ai appris que récemment la mise en place de ces salles d’étude. J’ai compris que la communauté commençait à exercer des activités dans la zone lorsque ces derniers ont installé des chaînes de télévision en langue kurde spécialement pour la région.
Lorsque je me suis rendu à Los Angeles à l’occasion d’un Festival, j’ai entendu le groupe qui m’accompagnait aborder dans ses discussions les thèmes de la question kurde et du PKK. Je me suis alors joint à eux et me suis aperçu qu’ils suivaient les évolutions de la situation avec un grand intérêt, et j’ai alors voulu en savoir davantage. C’est lors de cette discussion que j’ai pris connaissance de ces salles d’étude.
Cette initiative ne se cantonne pas à la seule zone de troubles, elle est également présente dans de grandes villes comme Istanbul. Je vais me rendre à Diyarbakir, mais avant d’y aller je souhaite d’abord me rendre à Istanbul afin de visiter ces salles d’études avec mes compagnons, et aussi d’en savoir un peu plus sur leur fonctionnement.
Nous devons dorénavant tous bien comprendre une chose : ce qu’on appelle la terreur ne sera pas résolu par les armes, les meurtres et les bombes. Au contraire, en répondant de façon disproportionnée aux violences commises par le PKK, on leur fournit un prétexte pour continuer leur lutte et je crains que ceci nous mène droit au mur. Ce qu’il convient de faire, à l’instar du mouvement Gülen, c’est de restreindre leur espace de prédilection, les régions défavorisées à partir desquelles s’alimente le PKK et gagner le cœur des populations de la région.
Cela fait longtemps déjà que je le dis et que je le répète : il est temps que la République turque fasse table rase du passé et qu’elle s’associe aux efforts fournis par le mouvement Gülen afin d’agir en ce sens. De toute façon, après la révolution des mentalités s’étant récemment opérée au sein de l’État turc, celui-ci est dorénavant prêt à se lancer dans un tel processus. Même s’il existe encore des gens qui portent en eux ces vieilles peurs, il est nécessaire qu’ils acceptent de prendre connaissance du fantastique travail qu’est en train d’accomplir le mouvement dans la zone, afin qu’ils se rendent compte à quel point leur œuvre fournit d’immenses espoirs et une énergie très positive aux populations de la région.
Dans un article que j’ai écrit il y a peu de temps, j’ai affirmé la chose suivante : « J’ai appris l’amour de la patrie grâce au mouvement Gülen ». J’ai compris à quel point j’avais raison après avoir appris l’existence des salles d’étude mises en place par Gülen.
Ceux qui gèrent ces salles d’étude, ceux qui apportent un soutien financier, ainsi que les enseignants qui se déplacent dans ces zones reculées afin d’y dispenser un enseignement, risquent volontairement leur vie et pourtant ils leur suffisent d’avoir en face d’eux ces petits visages souriants pour être heureux.
Gülen évoque avec compassion, le courage de ces enseignants
Ces enseignants sont constamment en danger. En effet, le PKK a bien compris d’où provenait réellement le danger. Il y’a de cela environ un an, lorsque j’ai rendu visite à Fethullah Gülen afin de m’entretenir avec lui, j’ai pu constater de mes propres yeux à quel point celui-ci suivait de près l’actualité de la région, à quel point il s’inquiétait pour les professeurs d’école qui couraient un danger permanent, et comment celui-ci évoquait le courage de ces enseignants.
Cette vive émotion, ces sentiments, prennent tout leur sens dans cette région, qui est désormais le théâtre de l’accomplissement de travaux formidables au bénéfice de la Turquie tout entière.
Par Serdar TURGUT / HaberTurk