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Billet de blog 23 janvier 2014

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La paralysie de l'esprit en Turquie

par Ismet BERKAN / HürriyetIl y a, avant tout, une question qui demande à être élucidée  : les accusations de corruption et d'irrégularités sont-elles fondées ou non  ? Toutes les autres questions peuvent être posées et élucidées après avoir trouvé une réponse à cette question. Mais le gouvernement insulte notre intelligence, notre raison, notre entendement, en cherchant à poser une question complètement différente et en tentant d'y répondre en priorité. Il affirme que ces prétendues affaires de corruption et d'irrégularités ont été introduites dans l'intention d'user, voire de monter «  une opération politique  » contre le gouvernement. Si les accusations de corruption et d'irrégularités qui circulent depuis quelques jours sont infondées et ne reposent sur aucune preuve valide, le gouvernement a raison. Mais même avant de pouvoir affirmer une telle chose, il faut tout d'abord s'attendre à voir si ces accusations sont vraies ou fausses.

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par Ismet BERKAN / Hürriyet
Il y a, avant tout, une question qui demande à être élucidée  : les accusations de corruption et d'irrégularités sont-elles fondées ou non  ?
Toutes les autres questions peuvent être posées et élucidées après avoir trouvé une réponse à cette question. Mais le gouvernement insulte notre intelligence, notre raison, notre entendement, en cherchant à poser une question complètement différente et en tentant d'y répondre en priorité. Il affirme que ces prétendues affaires de corruption et d'irrégularités ont été introduites dans l'intention d'user, voire de monter «  une opération politique  » contre le gouvernement. Si les accusations de corruption et d'irrégularités qui circulent depuis quelques jours sont infondées et ne reposent sur aucune preuve valide, le gouvernement a raison. Mais même avant de pouvoir affirmer une telle chose, il faut tout d'abord s'attendre à voir si ces accusations sont vraies ou fausses.

« Messieurs, l'opération est politique...  »
Elle est bien sûr politique. Une enquête où apparaissent les noms de quatre ministres, d'un important maire issu du Parti au pouvoir, d'hommes d'affaires proches du gouvernement, de bureaucrates, est évidemment politique  ; elle influence la politique. Elle a des effets aussi bien en Turquie, comme en Patagonie ou en Micronésie.
Mais la vie ne repose pas sur la politique  ; qui plus est, elle est encore moins une occupation importante. Les accusations de corruption et d'irrégularités, si elles sont avérées, doivent influencer la politique voire la déterminer.
«  Messieurs, ceux qui ont porté ces accusations ont une intention...  »
Bien sûr qu'ils en ont une. Votre entourage n'est pas constitué uniquement de vos amis  ; ceux qui veulent vous détrôner sont la raison même de la politique. Vous vous considérez droit, voire plus droit que vos concurrents politiques et vous n'entendez pas leur donner l'occasion qu'ils recherchent. C'est dire que devant ces accusations, même si elles sont faibles, vous n'entendez même pas prêter l'oreille.
«  Mais vous n'autorisez pas les structures parallèles...  »
Bien sûr que l'on ne peut les autoriser. Mais si vous n'aviez pas connaissance de ces «  structures parallèles  » jusqu'à ce matin du 17 décembre 2013, cela veut dire que vous n'aviez même pas le droit d'être au pouvoir. Au cas où vous aviez connaissance de ces structures depuis longue date et que vous fermiez les yeux, alors vous devriez être les derniers à vous plaindre.
«  Il y a des forces étrangères en arrière-plan, elles ont choisi la Halkbank, elles veulent interrompre notre commerce avec l'Iran...  »
Admettons qu'il y ait réellement des forces étrangères  ; est-ce elles qui ont apporté les «  billets verts  » à la maison, est-ce elles qui ont empilé les millions de dollars dans les boîtes  ?
«  Ces policiers ont mal agi, ils n'ont pas informé leurs supérieurs...  »
Heureusement qu'ils ne l'ont pas fait. S'ils l'avaient fait, ils auraient commis une faute. Ils commettaient déjà des fautes en leur prodiguant des informations jusqu'à aujourd'hui. C'est précisément une injonction de la loi soutenue par le gouvernement dans le cadre de l'harmonisation avec le droit communautaire que d'amener la police judiciaire à être sous l'autorité des procureurs, à collaborer avec eux et non pas avec leurs supérieurs.
«  Nous voulons que l'enquête aboutisse...  »
Non, vous ne le voulez pas. Si vous le vouliez, vous n'auriez pas suspendu les policiers de leur fonction par ordre du ministre qui a été personnellement entendu au cours de l'enquête. Concernant la bonne conduite de l'enquête et des suites auxquelles elle donnera lieu, vous vivrez dorénavant avec la suspicion de ce que vous avez suscité au sein de l'opinion publique et notamment des électeurs qui ont voté pour vous.
 « Vous allez voir que le nécessaire a été fait vis-à-vis des ministres...  »
C'est trop tard. Cette déclaration même montre combien il est déjà trop tard. Ces ministres devaient démissionner au cours des premières heures du jour qui ont suivi la mise en examen de leurs enfants. Chaque seconde qui s'écoule, au cas où il y a corruption et irrégularité, amoindrit les accusations de la faute individuelle et accentue encore plus les suppositions qui pèsent sur le parti et le gouvernement.
Reprenons depuis le début  : nous devons répondre en priorité à une seule question,
« les preuves des accusations de corruption et d'irrégularités sont-elles sérieuses, sont-elles fondées  ?  »
Se poser d'autres questions avant celle-ci, c'est se paralyser l'esprit.
Que ceux qui se sont posés de telles questions se sont paralysés l'esprit ne viennent pour autant insulter notre intelligence  !

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