Sportive dans le pur trépas.
Sylvia si je t’avais rencontrée
Sur le campus où tu planais
Souvent en fin d’après-midi
Sylvia n’empêche que je vis avec toi du matin au soir
Quand je redeviens sérieux/ma chère
Sylvia toi dans l’abandon
Où je te ressemble tant
Sylvia tu as tourné les boutons de l’appareil à gaz
Tu t’es fourrée la tête dans le four
Parce qu’il faisait trop froid en février
Et tes mômes pleuraient dans la chambre à côté
Sylvia comment as-tu fais cela
C’est le monde Sylvia qui a commis ce crime
Ce crime de lèse-avenir
Comme ces époux Rosenberg dont tu parles si bien
dans ton roman
Quand celle que tu croyais ta copine
Se pâmait de plaisir
En apprenant la nouvelle (de leur exécution)
Voilà où le vent le plus morbide a commencé
à souffler Sylvia
Entre les peupliers du campus
Gérard Lemaire 2001
dans Diérèse n°16 (décembre 2001), revue faite par Daniel Martinez, Ozoire la Ferrière (77)
et p 333 du livre "Gérard Lemaire, un poète à hauteur d'homme"
Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 dans la banlieue de Boston (USA) était poète. Son roman "la cloche de détresse", (The Bell Jar, 1963), autobiographique, se passe au moment où les époux Rosenberg sont exécutés malgré les protestations internationales. Elle écrit des livres pour enfants, des essais. Mariée au poète anglais Ted Hughes, ils ont deux enfants. Elle se sépare et vient vivre avec ceux-ci aux environs de Londres mais elle se retrouve sans ressources par un hiver très froid et rattrapée par la dépression dont elle a souffert dans sa jeunesse : elle se suicide. Si The Colossus est publié en 1960, ses autres recueils le sont après sa mort : Ariel (1965), Crossing the water (1971), Winter Trees (1971), The collected Poems (1981) (rassemblés par Ted Hughes, ils lui valent le prix Pulitzer posthume).
à propos des époux Rosenberg : si l'on voulait juger les autorités américaine à propos de leur exécution, il faudrait se souvenir que Dreyfus, en France, n'a dû son salut que grâce à l'opiniâtreté de son frère et d'autres dont le fameux "J'accuse" d'Émile Zola, l'armée ne voulant rien savoir même après que la fausseté de l'accusation ait été démontrée.