Jardins du Dorat.
Je ne veux pas chanter les exhalaisons d'un square suspendu
Son emplacement unique
Son site
Son panorama sur la Basse Marche
Son belvédère et
Cet arbre somptueux
Dont j'ignore l'espèce
(Ce n'est ni un baobab ni un platane)
Par contre j'aperçois un magnolia là-bas
(Grâce à ma femme il est vrai)
Et des pelouses sèches
Herbes grisâtres
Non je ne voudrais pas
Je ne désirerais pas m'enflammer
Sur cette douceur ou cette plénitude de vivre
Que je ne connais pas
Que je ne connaîtrai jamais
Si incroyablement disparue
Sur les jardins du Dorat
Malgré tout fascinants peut-être
Dans leur désolation gracieusement livide
Élégiaques jusqu'à quel point
Rien ne m'y pousse
Ils tombent là en terrasses
En esplanades soigneusement entretenues
Par les ouvriers municipaux
Sans que personne ce dimanche exactement
Ne s'y promène
Ou n'y passe même
Ou ne s'y prélasse
Les temps ne sont plus semble-t-il à la langueur
Même estivale...
Le belvédère existe
Avec son arbre inconnu
Aux feuillages triomphaux
On y voit tout un pays presque généreux
Jusqu'à trente kilomètres
Mais disons que Le Dorat (un Ange doré) pèse
De tout son poids
De tout son passé
Sur la grâce de ces orgueilleux massifs...
Nous avons ô malédiction
Vidé les lieux
Gérard Lemaire (1989-1993)