Dans ce calendrier de l’Avent 2025, il y aura des bêtes et des bestioles. Ces animaux crèchent dans notre imaginaire. Ils sont connus, moins connus mais ils sont vivants dans notre esprit et ont marqué notre mémoire. Les sources seront variées : Petites histoires ou Grande Histoire, Nature, Films, Chansons, Livres, etc.
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Eddy Mitchell et Pierre Papadiamandis ont coécrit d’innombrables tubes. L’un d’entre eux - ni long, ni creux - : « Le Cimetière des éléphants ».
La chanson dont Eddy Mitchell se dit le plus fier. À donner envie d’inventer la comparaison Fier comme un éléphant.
À quoi ça tient ? Comme toujours, à un rien. La chanson faillit ne jamais voir le jour avant de faire tant de soirées en concert. On doit son existence à la persévérance et aux conseils des épouses lucides des deux auteurs, Anouk et Muriel, présentes dans le studio.
La chanson (« j’te fais le plan ») a bénéficié de plusieurs lieux d’enregistrement : à Los Angeles (Monsieur Eddy meets Mr Quincy Jones ; version californienne, aseptisée, saxo qui pleure, Eddy dixit), à New York (la chanson devient celle qu’on connaît, plus humaine, plus sensible). À Los Angeles, à New York, « te presse pas, tu as tout le temps ».
Le Cimetière des éléphants, c’est à la fois le titre de la chanson et de celui de l’album (vous avez vu, je n’ai pas écrit « éponyme »). Un titre qui aurait pu être celui d’un de ces films dont la programmation de La Dernière Séance (sur FR3) avait le secret. D’ailleurs c’est la même année, 1982, que sort l’album et que commence l’émission. Entre La Terre des Pharaons et un Tarzan. Mieux, Le 7ème voyage de Sindbad, puisque le personnage des Mille et une nuits découvrit dans une de ces aventures ce lieu mythique et solennel pour les pachydermes.
Loin de la problématique du trafic d’ivoire (et du trafic de coke, des musiciens en demandaient en studio pour travailler), la chanson se fait métaphore sentimentale, sur fond de société de consommation. Préparez vos mouchoirs. Cet homme n’est pas un Kleenex, n’est pas un produit de supermarché. « J’suis pas périssable, j’suis bon à consommer ». Bien vu, la chanson a super marché. Un « Ne me quitte pas » à l’heure de la grande consommation et du gadget à deux balles : Ne me jette pas. En moins Brel quand même : « Faut pas qu'je pleure pour qu'tu m’regrettes »
Foule sentimentale, Full Élephant.
La chanson parle au cœur et, pour cela, utilise les mots simples des gens, parfois enfantins (« promis, craché, juré »). Une chanson, comme une Grande Elision. « J’suis » (plusieurs fois), « Y faut m’garder », « D’m’emmener », « J'prendrai pas trop d’place », « r’viennent » et puis…
« Quand j'serai vieux
J'te f'rai le plan
D'chercher le cimetière des éléphants »
Ou encore
« Y a des souvenirs quand on les jette
Qui r'viennent sans faute dans les maux d’tête"
Tout Eddy, ou presque. Ah si :
« Je sais qu'j'ai plus l'droit au crédit renouvelé »
Ben si. Cette chanson est garantie sans obsolescence programmée, grâce aux talents conjugués de chroni-rock-cœur de Pierre Papadiamandis/Eddy Mitchell, euh Claude Moine, bien sûr.
Sans le solo de saxo, vintage 80s, la chanson tient encore. La preuve, dite, récitée par Philippe Léotard (chanteur entre autres d’un autre animal, d'un « Requin drôle »), c’est toujours aussi poignant. Jugez plutôt : https://www.dailymotion.com/video/x5rze3