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Billet de blog 24 mars 2014

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Du crime organisé à la non-violence. Bastia : marche blanche suite à l'assassinat d'un haut fonctionnaire départemental

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La Corse : du crime organisé à la non-violence dans le contexte de meurtres non élucidés.

Bastia 25 mars :  marche blanche silencieuse, suite à l’assassinat de Jean Leccia Directeur général des Services du Conseil Général de la Haute-Corse. Un acte "innommable", "incompréhensible", "odieux","abject" et des conseillers généraux qui pleurent... En cet instant tragique il faut écouter Jean-François Bernardini créateur de la Fondation de Corse - Umani, structure fortement engagée dans la Non-Violence dans l'île. Ainsi que Joseph Castelli Président du Conseil Général de la Haute-Corse. 

Jean -François Bernardini , aussi leader de I Muvrini

constate : " la population est prise en otage et les investigation sur les précédentes affaires restent sans résultats. Et le meurtre ne résout rien! En tant que non-violent je clame la vie est sacrée ! Si c’est une vengeance elle ne répare jamais rien, elle ajoute un drame à un drame. Si c’est politique, c’est totalement contre- productif. Si c’est mafieux, les coupables rigolent depuis longtemps en Corse... La non-violence demande un réel Etat de droit. Mais où est-il avec autant d’impunité en Corse ? En conclusion,  quand on écoute ici les syndicats de policiers on comprend tout ! Ou sont les moyens supplémentaires ? » 

Deuil pour la famille, les élus, les personnels de l’Assemblée départementale et au- delà pour toute la population de la Corse.

Après s’être spontanément rassemblés ce matin, les personnels du CG2B ont exprimé leur stupéfaction et leur indignation: « assassiner un  homme qui  consacrait son travail et son temps à la gestion rigoureuse du service public est un acte incompréhensible et abject ecrivent-ils . Outre la fonction exercée avec talent et humanité, c’est l’homme empreint d’humilité, toujours à l’écoute de ses collaborateurs, intelligent, cultivé et modeste à qui nous voulons rendre hommage »

Alors qu'il roulait vers Bastia après la soirée électorale du 1er tour des Municipales, Jean Leccia a été abattu au fusil de chasse, vers 23h20 à Aleria. Il avait été entendu par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille dans l'affaire des marchés truqués du CG2B , puis aussitôt relâché.  Cet assassinat intervient trois ans après de celui de Dominique Domarchi en 2011 lui-aussi entendu sur la même affaire.

Conseil Général de la Haute-Corse. Session extraordinaire. Salle des délibérations. Les écrans affichent le portrait du regretté Jean Leccia, 53 ans père de deux enfants. Les flash crépitent en silence. Les yeux des conseillers généraux sont mouillés de larmes. Un photographe pleure et murmure « On est en Corse…» A la tribune le Président Joseph Castelli : « un acte odieux et innommable a emporté la vie de notre directeur général, un haut fonctionnaire rigoureux et apprécié qui alliait simplicité et compétence. Je réclame avec force et véhémence, que les auteurs soient arrêtés. Les services de l’Etat m’ont assurés des moyens mis en oeuvre dans cette enquête. Et j’ai demandé à tous nos services d’assurer la continuité du service public. » 

Demain 25 mars une marche blanche est prévue à Bastia.

Sont conviés les habitants, les élus, les personnels des administrations de l’Etat et des collectivités  locales. Jean-François Bernardini précise: « ces assassinats tuent la conscience et la clairvoyance, valeurs que les Corses pourtant portent en eux et qu’ils veulent voir triompher… Si c’est un méchant il mérite le tribunal mais pas la mort ! Le message global de cet assassinat ? Cela dit hélas « taisez vous et laissez - nous faire ! »  Ce que reçoit la population de Corse ? Que l’on ne saura jamais qui a fait quoi , et aussi que la victime est elle-même criminalisée. C’est pervers et  toxique et tout le monde est perdant ! Alors quand on ne sait pas, on se tait et on porte le deuil. On est solidaire de l’humanité. »

Liliane Vittori

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