En ce début d'année, je suis positivement ravi que les producteurs de l'émission « En pistes » sur France Musique aient choisi de débuter leur émission du 12 janvier en saluant le dernier album en date du « Beggar's Ensemble » d'Augustin Lusson consacré à Jean-Marie Leclair.
Trailers de l'album :
Occasion aussi d'attirer l'attention une fois encore sur ce jeune musicien au talent époustouflant, et dont j'avais déjà eu l'occasion de dire qu'à mes yeux, il est aujourd'hui en France l'un des deux plus éminents violonistes baroques, avec Théotime Langlois de Swarte. Les deux ont choisi des voies de diffusion diamétralement opposées, Théotime Langlois de Swarte étant suivi pour ses nombreux et excellentissimes enregistrements (en soliste ou avec son ensemble Le Consort), par les grands labels Harmonia Mundi et Alpha, Augustin Lusson ayant quant à lui choisi d'exercer son goût d'une farouche indépendance par son propre label ou par de petites maisons de disques.
En 2022, Leclair, musique française des années 1730, et un peu de Jones pour terminer :
Saluer à nouveau Augustin Lusson et l'activité inlassable qu'il déploie dans des répertoires rares, c'est donc saluer à coup sûr un talent rarissime, au sein de la jeune génération des musiciens français elle-même si foisonnante de talents comme je l'ai déjà souligné. Un violoniste considérable dans les champs divers et souvent surprenants d'un « baroque » inattendu (au passage, même activité musicologique de redécouverte ou de découverte de ces répertoires enfouis, comme l'accomplissent certains de ses collègues, et à l'image de la haute génération des baroqueux), à suivre de près dans ses enregistrements exigeants, comme ce dernier album Leclair avec The Beggar's Ensemble, ou comme son récent album « Playback », d'une diffusion confidentielle et où le violoniste livre notamment une lecture sans concession de la deuxième Partita de Bach : https://augustinlusson.bandcamp.com/
Dans son cas, le talent ne connaît pas de cloisonnement, la preuve. À 25 ans ans il est donc l'un des meilleurs violonistes baroques en France, déjà distingué par plusieurs prix dont un Diapason d'or pour son tout premier disque consacré aux Chamber Air's for a violin de Richard Jones (avec The Beggar's Ensemble, un album absolument magnifique qui m'avait permis personnellement de découvrir cette formation). Musicien multicarte, enseignant au conservatoire de Fresnes, fondateur du label Bathos Records, il mène en parallèle sa carrière de musicien baroque (avec son ensemble ou régulièrement invité par les meilleurs formations) et une activité de musicien et de compositeur de jazz, avec Tom Namias et le duo qu'ils forment, DSF. Le talent, à l'état pur - et pourtant, je ne suis pas vraiment amateur de jazz, mais là il s'agit d'un tel plaisir rythmique et d'une telle spontanéité, qu'on en peut qu'être conquis. https://www.facebook.com/dsfmusique/videos/765926840740524
Après tout ce que j'en ai dit, je me plais à me figurer que toute la maîtrise de l'énonciation baroque par Augustin Lusson tient, comme on pourrait le dire d'un précipité chimique, dans ce miraculeux concert « Bach - Muffat - Jones » donné en février 2019 au Concertgebouw d'Amsterdam avec sa partenaire du Beggar's Ensemble, Daria Zemele. Qu'on s'en réjouisse, en se félicitant d'avoir en France de jeunes musiciens aussi accomplis, de la même trempe que les grands maîtres :
Et ici, ici dans des sonates britanniques baroques qui avait également fait l'objet de son cd Jones (concert de février 2021) :
Absolument prodigieux. Que dire de plus ?
