La déclaration de la ministre des Affaires étrangères allemande affirmant que son pays ne peut autoriser l’exploitation du gazoduc NordStream 2 entre la Russie et l’Europe a entrainé ce lundi 13 décembre une hausse de 10% des prix du gaz en Europe.
Cette nouvelle flambée semble s’inscrire dans un contexte de tensions accrues à la frontière ukrainienne. Il est en effet difficile de ne pas envisager l’influence américaine dans cette décision. Longtemps un boulet pour la diplomatie US, le gazoduc NordStream 2 entre la Russie et l'Allemagne, auquel Joe Biden avait fini par se résigner, revient en force dans le jeu comme l'un des principaux "leviers" de Washington pour dissuader Moscou d'envahir l'Ukraine.
Prenant acte d'une fin des travaux désormais inéluctable, Joe Biden a décidé de clore la dispute avec les Allemands en signant en juillet avec eux un accord qui revient aujourd'hui sur le devant de la scène internationale. Ce texte prévenait que si la Russie devait commettre des "actes agressifs à l'égard de l'Ukraine", l'Allemagne prendrait des mesures "pour limiter les capacités d'exportation russes vers l'Europe dans le secteur énergétique".
C’est une arme redoutable qui est bondie par le couple Washington-Berlin puisqu’il s’agit là d’un projet de long terme très important pour le Kremlin. Vladimir Poutine y tient particulièrement puisqu'il lui permettrait de pouvoir ouvrir et fermer les vannes de gaz vers l'Europe et ainsi de peser sur les prises de décisions européennes. Une telle menace va donc attirer toute son attention.
Olaf Scholz, tout juste investi à la tête de la chancellerie allemande, se retrouve rapidement pris en étau entre deux superpuissances. En Allemagne, Nord Stream 2 est un “sujet brûlant”, pour reprendre le terme employé par T-Online. Au sein même de la coalition au pouvoir, entre les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux, les opinions divergent. The Guardian l’assure, “le projet de gazoduc controversé représente un premier test pour l’unité du gouvernement allemand”.