Bien des souvenirs me rattachent à l'Algérie. Mon père né à Alger en 1905 y passa son enfance jusqu'en 1914. Moi-même, soldat du contingent détaché au service technique des armées (STA) j'ai été envoyé dans le Hoggar sur la base-vie d'in Amguel dans le cadre de la campagne d'essais nucléaires sous la montagne du Tan Affela à in Ekker de novembre 1961 à juillet 1962. Alors que vont disparaître, des deux cotés de la méditerranée, la génération des soldats du contingent appelés à combattre la rébellion des algériens pour leur indépendance et celle de ces derniers en Algérie, nous ne pouvons que regretter l'éloignement de la France du peuple algérien sous la 5ème République.
Lecteur du Monde, j'ai eu la bonne surprise de lire dans son édition du 19 avril l'interview que lui a accordée le ministre algérien des affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Nous les hommes du passé, nés avant ou pendant la deuxième guerre mondiale, nous ne pouvons qu'encourager un jeune président de la République qui n'a connu ni guerre mondiale ou coloniale à respecter la mémoire d'une présence française en Algérie de 132 ans de 1830 à 1962. Avec lui, la France doit honorer le souvenir des dizaines de milliers de tirailleurs algériens morts pour la France pendant les deux guerres mondiales.
Rappelons que la France au sortir de la 2ème guerre mondiale s'est refusée à octroyer le titre de citoyen français à ses tirailleurs morts pour elle. Et que dire de l'indifférence de la France au sort des irradiés de nos campagnes d'essais nucléaires dans le Hoggar, au premier rang desquels la catastrophe du tir Béryl le 1er mai 1962!