Lorsque Élisabeth Borne est montée au perchoir pour présenter son 49.3 au vote de l'assemblée nationale elle a été accueillie par un chahut fait de vociférations sous le couvert de la Marseillaise et de claquements de bureaux.Ne pas être choqués par le traitement ainsi infligé à l'adresse d'une Première ministre qui plus est une femme dans la soixantaine est dangereux pour le respect de nos institutions si ce n'est irrévérencieux à son égard. Technocrate et femme d'expérience elle a tenté semble-t-il jusqu'au bout de temporiser pour faire passer la réforme de Macron en ralliant à son projet les députés indécis. Elle a fait le job,elle a perdu mais il faut la respecter. On a dit que sortie de sa séance parlementaire elle a essuyé quelques larmes devant les siens.
On a dit d'elle qu'elle était la dame de fer française à l'image de l'ancienne Première ministre anglaise. Elle a fait face à son échec en se présentant comme le fusible de Macron alors qu'elle a été avant tout le bouclier dont ce dernier s'est servi en l'utilisant d'une façon déloyale et irrespectueuse jusqu'à la retenir à l'Elysée à quelques minutes près de l'ouverture de la séance à l'Assemblée nationale.
Dans l'exercice de sa fonction de Première ministre ce qui lui a manqué est de se démarquer de Macron dans sa relation avec les Français aggravée par sa réponse inappropriée aux manifestations de rue comme à la demande de l'intersyndicale d'être reçue pour une véritable négociation, invitation à laquelle s'était refusé Macron.
La classe politique de tous bords hors des siens s'est dévalorisée un peu plus en refusant un soutien de principe à Élisabeth Borne prise dans la tourmente d'un débat dont le chaos rappelle les heures les plus sombres de la République à l'époque des ligues. A cet égard le silence de Gérard Larcher ne le grandit pas dans sa fonction de second personnage de l'Etat.