Ils ont été de 1,3 à 1,5 million, le chiffre varie selon la source, hommes de troupe engagés comme appelés du contingent dans des opérations dites de maintien de l'ordre en Algérie. Entre eux ils n'avaient qu'un nom pour se reconnaître, celui de bidasses c'est à dire soldats de 2ème classe bons à tout faire y compris la guerre contre les Algériens qui se soulevaient pour se libérer de la colonisation française. Cette guerre dura 7 ans et la génération concernée fut celle des hommes nés de 1932 à 1942. L'armée en disposa à sa guise en les entraînant au maniement de leur fusil dans les casernes de la métropole avant de les embarquer pour les différents fronts en Algérie. A aucun moment le commandement fait d'officiers revenus de la guerre d'Indochine ne s'adressa à eux pour leur expliquer ce que la République de leur pays leur demandait quite à faire le silence sur les meurtrissures qui les attendaient durant un enrolement dont la durée a pu dépasser 28 mois. Ces jeunes pour la plupart avaient à l'esprit ce que leur avaient dit leurs grands pères et leurs pères partis à la boucherie de 14-18 et à la défaite de 40 quand il s'agissait de défendre la Patrie contre l'envahisseur allemand. Ils n'avaient pour cible aucun ennemi et n'étaient habités par aucune haine pour l'Algérien sans savoir qu'ils seraient contraints à le traquer souvent dans de terribles circonstances quand ce n'était pas d'être témoins de l'emploi de la gégène pour la torture et les corvées de bois pour se débarrasser des prisonniers. Ils furent de l'ordre de 12.000 à être rapatriés dans des cercueils car eux n'ont pas eu droit à la valise. Leurs noms circulent en boucle sur trois colonnes bleu blanc rouge qui constituent sur le quai Jacques Chirac en bordure de la Seine le Mémorial de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, inauguré seulement le 5 décembre 2002 par le même Jacques Chirac plus de quarante ans après la fin de cette guerre d'indépendance. Rappelons aussi les 300.000 blessés sans que la comptabilité exacte en soit donnée. De retour en France ces jeunes hommes pour la plupart meurtris se sont murés dans le silence croyant ne jamais être crus par leurs proches sur les horreurs qu'ils avaient vécu. Des noms précis de lieux résistèrent à l'oubli des combats tels que l'embuscade de Palestro en haute Kabylie, la vallée de la Soummam en Kabylie et la région de Tizi-Ouzou toujours en Kabylie.
En France l'histoire de la colonisation française en Algérie et de cette guerre est entre les mains de l'historien Benjamin Stora appelé aussi par ses détracteurs le conseiller historien du prince en l'occurrence Hollande puis Macron. Dans le rapport remis par Stora le 20 Janvier 2021 au président de la République où figurent 21 recommandations, il n'est fait aucune mention d'un hommage aux appelés morts non pour la France mais pour la colonisation française en Algérie. Comment ne pas jeter l'opprobre à ce sujet sur les travaux de Stora ne serait-ce que pour dire à la partie algérienne que ces soldats de 20 ans étaient partis en guerre contraints et forcés mais sans haine et dont la seule motivation était de se défendre pour sauver leur vie. Stora a disposé d'un blog sur Mediapart s'intéressant uniquement à la tragédie algérienne sans un mot sur ces appelés si ce n'est qu'à l'approche des accords d'Evian du 18 mars 1962 ils ne pensaient qu'à la quille. Monsieur Stora apprenez que dès les premiers jours de leur enrôlement du début à la fin de la guerre ils ne pensaient qu'à la quille.