Pourquoi ce titre? Il s'agit de stigmatiser l'irresponsabilité de la France dans la conduite de ses programmes nucléaires à compter de la campagne de ses essais de l'arme nucléaire jusqu'à l'exploitation de son parc de 58 centrales pour la production d'électricité.
Le 1er Mai 1962, le second essai souterrain du nom de Béryl d'une bombe dans une galerie aménagée dans la montagne du Tan Affela aux confins du Sahara dans le hoggar n'a pas été maitrisé, la montagne laissant échapper un nuage de poussières radioactives dont les retombées ont irradié un vaste territoire. Des essais furent poursuivis jusqu'à 1966 puis le site abandonné. Nous savons aujourd'hui que les populations locales des oasis ont eu le champ libre pour pénétrer dans les galeries de tirs et livrées à elles mêmes pour prélever tous les matériaux radioactifs, métaux en tête, susceptibles de la moindre valorisation. Ainsi nombreux sont les irradiés abandonnés à leur sort par la France coloniale.
A partir de 1979 la France a mise en service un parc de centrales nucléaires assurant aujourd'hui les 3/4 de sa production d'électricité se préoccupant seulement à partir des années 1990 du sort destiné aux déchets radioactifs les plus dangereux dont il faudra disposer au terme du démantèlement de ces centrales. Relevons ce constat formulé ce jeudi par Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, devant la représentation parlementaire, à savoir que la France s'est lancée dans le nucléaire pour la production d'électricité sans prendre en compte l'enjeu posé plus tard par le confinement de ses déchets ultimes. Dans leurs fuites en avant, nos dirigeants pour se débarrasser du problème n'ont trouvé d'autre solution que leur enfouissement dans un site argileux à Bure dans la Meuse. Ce passage en force face aux opposants à ce projet ne s’appuie sur aucune expérience scientifique digne de ce nom. Jusqu'ici, toutes les tentatives menées par d'autres puissances nucléaires pour disposer de tels déchets radioactifs en les enfouissant n'ont pas été concluantes au vu des risques encourus. Si la France s'enferrait à ne trouver d'autre destination à ces déchets que l'entreposage souterrain sur le site de Bure sans plus d'études préventives, elle ne ferait que confirmer l'irresponsabilité d'une telle décision.
Dans le domaine du civil comme du militaire, la France s'est lancée dans le nucléaire sans en mesurer et assumer toutes les conséquences, abandonnant les populations irradiées en Algérie et plus tard, en imposant une poubelle nucléaire aux habitants des confins de la Meuse et de la Moselle.