Chers vous,
Je vous contacte car je ne sais plus vers qui me tourner lorsque je suis face au désarroi de mes parents .
Mes parents sont des "petits" viticulteurs dans le Bordelais.
Précisément, ils se trouvent dans "l'entre deux mers" , ce petit territoire situé à moins de 30 minutes de St Emilion.
Seulement ils ne sont pas assez riche pour prétendre à l'appellation st Émilion , ni ont assez de prestige pour porter le nom d'une assurance et détenir un château dans le Médoc
Ils n'ont pas de chai car j'étais la seule fille unique à ne pas reprendre l'exploitation et ils n'appartiennent à aucune grosse appellation.
Ils sont donc en cave coopérative. Ce joli nom qui portait a croire que la solidarité entre tous les viticulteurs de la cave serait grande, belle et permettrait surtout de faire fructifier leur produit..
Cette réalité est tout autre .. Une cave composée d'un bon nombre de techniciens payés 3 fois la répartition versée à mes parents ..
Je crois que j'en veux a ce monde.
J'en veux à ses techniciens de produits phytosanitaires qui passent sans cesse dans les vignes pour convaincre mes parents d'utiliser ces produits pour plus de rendement.
J'en veux à Elise lusset de présenter les viticulteurs du Bordelais de "pollueurs" sans dissociation alors que les miens font tout ce qu'ils peuvent pour faire du raisonner .
Toutefois, ils n'ont ni les compétences techniques pour s'opposer à un technicien qui leur vend des produits qui sont le plus souvent imposés par leur cave coopérative...
J'en veux aux Bobos des villes dont je fais partie, de critiquer "les pollueurs des campagnes parce qu'ils balancent des merdes" alors que le sujet le plus exposé est mon père et qu'il veut juste bouffer avec ma mère tous les jours..
J'en veux aux Syndicats viticoles bordelais, pour leur hypocrisie.
Composés principalement de viticulteurs de grosse appellation complètement déconnectés des réalités de mes parents, et qui arrivent en grand sauveur en indiquant que pour sauver le Bordelais il faut arracher la vigne et donc leur histoire personnelle.
Ceci, alors qu'il y a 3 ans l'UE donnait des subventions pour planter de nouvelles plantations.
Enfin je m'en veux a moi même qui a fait des études supérieures. Je suis aujourd'hui avocate en droit des étrangers et je passe plus de temps a aider les ressortissants étrangers que mes propres parents et j'ai même tendance à juger le fait qu'ils ne passent pas en bio.
Ils n'ont juste pas et plus les moyens de ça..
Plus l'énergie car ils sont fatigués de travailler dans une exploitation de 20 hectares sans pouvoir trouver de main d’œuvre..
Plus les moyens financiers car aujourd'hui ils ont plus de charges que de ressources . Et ils ont surtout honte de dire qu'ils sont viticulteurs dans le Bordelais car comme m'a explique ma maman " désormais aux yeux des gens nous sommes des pollueurs"
Voici la réalité de mes parents, des êtres discrets qui souffrent en silence sans se plaindre de leur condition.
D'ailleurs, ils ne sont naturellement pas au courant de la rédaction de ce billet car son contenu n'est que mon opinion personnelle.
Voici la réalité des petits viticulteurs de l'entre deux mers.