Que dites-vous d'une école pour tous ? Pas deux, pas trois, ou bien alors... Non : une ! C'est moins compliqué, moins coûteux, moins personnel que chacun la sienne. C'est aussi plus riche puisqu'on répète qu'on peut s'enrichir de nos différences ! Pour ceux qui aiment les formules, on pourrait dire : le pluralisme dans l'école vaut mieux que le pluralisme des écoles.
Si vous êtes d'accord, dites-le aux responsables politiques et religieux, qui confondent les églises et l'Etat, le privé et le public, l'irréductible et le partageable, l'intime et le commun, l'unique et l'universel. C'est à l'école pour tous que la vie commune commence : on y apprend à connaître, à se connaître – soi-même, avec les autres. Tout simplement, on y apprend ensemble à vivre ensemble.
Et la foi dans tout ça ?, diront certains. Mais n'a-t-elle pas besoin d'intelligence ? De doute ? Je "crois savoir" – non, je sais – qu'à l'école publique, qui émancipe, on apprend d'abord à "savoir" ce que dit la raison, la science. Ce qui peut faire réfléchir à ce qu'on "croit" en confrontant nos raisons d'y croire.
Quant à "l'enseignement" d'une religion, – on se demande bien pourquoi dans les prisons, censées préparer une "libération"– il est d'ordre privé et devrait toujours commencer par un acte d'humilité : l'Absolu est relatif à ce que chacun en "sait".
Jean-Pierre MAJZER