Une forêt d’évidences
Les experts vous le diront bien, les feux de forêts qui sévissent actuellement l’Amazonie n’ont rien « d’incendies classiques ». Si les fortes chaleurs et la sécheresse aggravent effectivement le risque d’incendies, c’est bien à l’intervention humaine que l’on doit les feux de végétation et de branchage… Explications.
Le défrichement par brûlis en cause
Pour pouvoir exploiter les zones forestières à des fins industrielles, mais surtout agro-industrielles, il faut éventuellement se débarrasser de la végétation existante en amont (lorsqu’elle existe encore). Pour faire cela, l’homme a recours au feu, on dit alors qu’il procède au défrichement de la terre en aval.
Cette technique est encore très largement utilisée car sa mise en œuvre est plus facile, rapide et économique. En outre, elle permet de stimuler la fertilité des sols (grâce à la production de sels minéraux issus des cendres).
Or, les milliers de feux que nous voyons sur nos écrans, sont majoritairement liés à cette technique agricole même. En d’autres termes, ce qui brûle, au départ, ce sont bien les restants des aires arborées que l’on souhaitait transformer en terrains agricoles…
Le cas très particulier du Brésil
60% de la forêt tropicale amazonienne appartient au Brésil. Le problème, c’est que nous avons tendance à oublier les enjeux inhérents à ce pourcentage, en témoignent nos pratiques agro-industrielles. À cet égard, et si on jette un œil aux chiffres de Greenpeace, on peut très clairement affirmer que la culture du soja et du bœuf sont les vecteurs majeurs du syndrome de déforestation massive brésilien (respectivement 30% et 70% des terres défrichées).
Bolsonaro joue-t-il avec le feu ?
C’est du moins ce que beaucoup d’acteurs internationaux pensent, suite aux diverses interventions médiatiques du président brésilien. Montré du doigt par les chefs d’état, défenseurs de l’environnement et même la Nasa, ce dernier niait l’implication de la politique de son gouvernement dans cet incident, allant même jusqu’à accuser les ONG d’être les initiateurs du brasier.
Pour les climato-sceptiques et ceux qui douteraient encore de l’urgente nécessité de l’intervention étatique dans la protection de notre planète, un dernier chiffre… + 278%, c’est l’augmentation de la déforestation entre juillet 2018 et juillet 2019. Que s’est-il passé ? Pourquoi cette augmentation exponentielle des surfaces déforestées en un an ? Ce que l’on ne peut s’empêcher de penser, encore une fois, c’est que cet intervalle correspond à la prise de pouvoir de Jair Bolsonaro. Ce que l’on sait aussi, c’est que durant cette période, les budgets alloués par l’état brésilien à des organismes chargés de l’encadrement des forêts ont été diminués drastiquement… Dans quels buts ? Pour desserrer l’encadrement de la gestion forestière responsable et d’une pierre deux coups, faire de ce bien commun que sont les forêts primaires, le terrain d’enchères des intérêts économiques.