Sur les pas des Pique Tarrocs !
- 7 janv. 2021
- Par Marc Etxeberria Lanz
- Blog : Le blog de Marc Etxeberria Lanz
Mais ce sont d'abord les chefs-d’œuvre sculptés de Vincent Sécheer qui vont inspirer le tracé de ces randonnées.

Avant de charger le sac à dos, il suffit juste de mixer les fiches des Rando-guides qui couvrent le Bas-Adour, les cartes IGN correspondantes pour se réserver de sacrés surprises tout au long de ces inattendus reclusiens.
Pour apprécier ces assemblages hétéroclites qui mêlent l'histoire des vaincus à la représentation artistique de la révolte, il est préférable de parcourir ces boucles au moins une fois seul car elles sont particulièrement riches surtout s'y on y ajoute la découverte de la faune et de la flore autour du fleuve Adour ! J'ai eu ce bonheur de le partager avec moi-même, j’espère le faire partager demain avec les autres.
La révolte court de Saubrigues à Marat-de-Hnx pour cette première étape.

Ici à Saubrigues, le 27 juillet 1919 Alexandre Viro, invité par Miremont et Nagouas, syndique 114 métayers. Alexandre Viro et Jean-Baptiste Miremont sont des cousins. Ils ont une connivence certaine née lors du conflit des Forges de l'Adour.
La révolte va s'étendre dans toutes les Landes !
Nos métayers sont excédés au retour de la guerre industrielle meurtrière de 14 18 ! Ils ont donné, ça suffit !
Suivons-les le long du circuit de Navachon (fiche 7.7) pour les abandonner à mi-parcours pour découvrir la seconde stèle au centre de Marat-de-Hinx ! Puis je descends vers la belle église.

Je commence par planquer la statue du saint sous mon béret pour manger autre chose que de la nourriture spirituelle frelatée ! Puis je dégoupille mon Tursan pour accompagner la cochonaille et plus tard mon Ardi Gasna ! Une demie heure plus tard, fin des agapes !
Au croisement suivant je retrouve le parcours classique de Saubrigues.
Conclusion de ce beau parcours : j'étais loin de m'imaginer que Saubrigues était sur la même échelle révolutionnaire que le Paris du 18 mars 1871 !


La spéciale de D'Aci Qu'Em

Elle se déroule entièrement autour de Saint-Jean de Marsacq. Le parcours emprunte pour la majeure partie la seconde jolie boucle, intitulée ″us et coutumes″ de l'Adour.
J'ai débuté la balade derrière la stèle qui se trouve face à la mairie de Saint-Jean de Marsacq.

Il ne me reconnaissait pas. Normal, il croisait plus souvent mon illustre beau-frère Jean-Mi, le montagnard italo-doubiste hors normes car mon père qui n'était pas un aventurier aimait bien toujours faire les mêmes tours !
Lorsque mon père lui expliqua que ce n'était pas Jean Mi mais Marc son fils, voilà ce qu'avait répondu Claude avec son accent inimitable :
« Mais je me disais aussi ! Je trouvais que ton gendre avait beaucoup grossi !»
Je me suis fait rire tout seul en revoyant Claude s'excuser pour sa méprise.
Puis je me suis concentré pour prendre en photo les murs colorés de l'école d'une autre grande montagnarde landaise, la célèbre Cécé de Pelletier-de-Marsacq (nom révolutionnaire de Saint Jean !).
Et j'ai atteint la rive droite de l'Adour à hauteur de cette stèle qui évoque la Révolution russe de 1917. En ce début d'année, je n'aurai pas pu passer car les Landes ont retrouvé leurs couleurs d'antan avec les débordements de toutes les rivières, du moindre cours d'eau et du fleuve bien sûr !

Car au-delà des cadrans solaires qui balisent la rive droite de l’Adour, les paysage de Barthes colonisées par les hérons, les cigognes et les troupeaux ont toujours eu ma préférence depuis que mes parents m'avaient appris à lire cette géographie humanisée !

Quel paix, quelle tranquillité !
C'est là que je me suis rendu compte que j’étais un privilégié.
Un révolté privilégié, mais j'assume ce statut oxymorique puisque je suis avant tout un harmoniste reclusien. Alors au diable les censeurs de tous bords qu'ils aillent voir et étudier le monde structuré tels qui le conçoivent ! Je leur laisse, celui d'hier et celui de demain.

Mais il ne s'agit pas de faire de misérabilisme, c'est juste ma vision des choses.
Car la grande copine de ma mère, Cécile Bernatets, m'avait souvent raconté en gascon comment son père arrivait à couillonner le meste !
Je levais le camp à regret pour revenir sur l'itinéraire balisé en bleu !
Il y a 25 ans de cela au même endroit que je traversais en solitaire, une camionnette blanche qui tanguait sur le chemin défoncé, s'était arrêtée à ma hauteur.
Le conducteur qui m'avait pris pour un touriste égaré m’avait sorti : « Faites attention !, le dernier randonneur qui était passé passait par là, avait été attaqué par un ours ! On ne l'a jamais retrouvé.
Et moi de lui répondre : « Elle est bien bonne mais comme je suis de Tyrosse, le dernier ours qui est descendu des Pyrénées pour prendre des vacances à Saint-Jean de Marsacq a été repéré avant le néolithique supérieur mais je sais les sapiens n'ont pu le photographier ! Il marchait trop vit sur les pattes avant ».
Et notre petit malin dépité avait poursuivi son chemin sans demander son reste !
Je retrouvais le petit village qui avait bien grandi depuis cette époque.
Troisième balade : la cabane des bolcheviks !
La cabane de Sourouille était le lieu idoine pour les réunions clandestines.
Car les propriétaires, les mestes avaient toujours été de grands amis des spadassins de l'horrible Clémenceau, le social-traître le plus illustre et le plus détestable que je connaisse !
La balade débute à Sainte-Marie-de-Gosse, haut-lieu de la révolte des métayers ! Avec une forme d'action assez originale qui consistait à priver de pain, ces exploiteurs historiques !
La stèle de Sainte-Marie rappelle cette action avec l'intitulé suivant : "Joseph Marmande devient maire puis tout le pays de gauche fait la grève du pain"
Et me voilà parti. Je ne vais pas emprunter le parcours classique décrit dans la fiche guide car je l'ai déjà fait au moins deux fois (il est magnifique) non, aujourd'hui ce qui m'intéresse, c'est de découvrir les cadrans solaires ou les stèles le long de l'Adour, et en particulier celle qui domine le pont de Port de Lanne.
Les couleurs matinales me délivrent de très jolis points de vue à contre-jour sur le fleuve.


Voilà j'y suis !
À Sourouille à l'endroit même où se trouvait la Cabane des bolcheviks.
Je laisser mon imagination travailler afin d'aider mon appareil photo à fixer une image.
Facile pour un syndicaliste révolutionnaire même à la retraite de tous les combats perdus par avance !

Signalons que de l'autre côté de l'Adour, André Bombezin fut le maire communiste de cet adorable petit village de Port de Lannes.
Mais il fut surtout un solide militant syndicaliste qui voulait faire aboutir la lutte menée par les métayers même après la promulgation de la loi du 13 avril sur le fermage et le métayage.
Là-aussi je renvoie à la lecture de Luttes paysannes landaises Hardis Qu'em Lous Piquetalos de Jean Lespiau préfacé par André Bombezin.
Bien sûr Jean Lespiau fut un Résistant communiste FTP ! Il fut ensuite député communiste des Landes.
Et on ne pouvait pas évoquer la figure d’André Bombezin sans souligner la présence de Jean Lespiau !

Et comme je ne trouvais pas d'endroit idéal pour me ravitailler j'ai fini par manger sur les gradins du fronton de Sainte-Marie de Gosse.

Et ça nous le devons aussi aux révoltes de nos camarades métayers. Grâce à leur combat ce pays s'est écrit une belle histoire. Qu'ils en soient remerciés !
Les autres circuits se déclinent autour de ma ville natale Tyrosse. Celui au départ d'Orx autour des deux marais que nous avons réalisé avec Cathy, Éric et Nico, vaut son pesant de belles images !

Quant à moi je vais aller fureter en pays de Gosse et plus tard vers Peyrehorade, d'Habas ou plus loin encore pour voir s'il n'y a pas d'autres histoires de révolte des métayers non enseignées dans un autre imaginaire.
Comme me l'a appris mon maître à penser et à marcher Élisée Reclus !
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.