La randonnée s’écrit soit en Liberté là où la poétique capte l' indifférence et l'inutile, soit dans la performance, là où la futilité compile le nombre de kilomètres parcourus, le temps de marche, la météorologie et j'en passe.
Si j'avais été un performeur, j'évoquerai mon tour de l'Île-de-France en 40 étapes de 25 à 45 kilomètres, soit plus de 1 200 kilomètres parcourus à pied de gare en gare mais comme je préfère la poétique de cette itinérance alors je parle de Francilie.
Même si l'envers du décor a toujours été pavé de bonnes intentions, cette façon de marcher puis d'écrire est voulue. Elle contraste avec les dires de ceux qui ont l'imagination rationnelle en tête, la suite du texte montre que la nôtre pointe toujours aux abonnés absents.
I Intermittence du non spectaculaire de la randonnée
En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout. Albert Camus
Avant de me lancer dans l'aventure, j'avais commencé par feuilleter mes topos-guides franciliens pour cibler les points d'intérêt avant de revoir mes 1 992 photos afin de sélectionner celles qui allaient illustrer cette diatribe. Et si mon appareil-photo ne m'avait pas lâché au plus mauvais moment comme on le verra plus loin, j'en aurai au minimum 3 000.
Dès la première étape, j'ai perdu la boussole et donc le fil conducteur de la traversée, à la sortie très matinale du Bois de Boulogne puisque le départ du GR 1 se trouve Porte Maillot à Paris. Alors pour la seconde, j'avais proposé à Jean-Claude de m'accompagner puisqu'il était libre ce jour-là.

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Et pour cette classique qui défie les lois de la bienséance marchée, nous avons concocté un ravitaillement sympa : fois gras-Périgord-noir-pays-avec le petit blanc qui va avec, suivi d'agapes classiques avec du gros rouge qui tâche.
Voici le détail de ce palmipède dopée au maïs sur un pain adéquat ! Un régal.

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Jean-Claude est un personnage incontournable, d'une dimension épicurienne stratosphérique ; le compagnon rabelaisien par excellence lorsqu'on parle de randonnée.
Lorsque j'ai cessé de vendre ma Force de Travail, je me suis rendu à un point banlieusard de notre mutuelle où notre camarade possédait quelques connaissances. La conversation qui a alors glissé sur Jean-Claude qui est un boss ici, a vu la dame qui traitait mon dossier, tomber en pâmoison.
" Non seulement, je le connais très bien mais je marche souvent avec lui ", ai-je ajouté. Et elle a immédiatement renchéri en racontant leurs aventures communes : "C'est un grand connaisseur du vin en général. Il est formidable, toujours d'humeur joyeuse ! ". Une fois les papiers remplis, je l'avais quittée encore toute émoustillée.

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Mais revenons en direct à Louveciennes.
C'est ici que nous avons suivi Camille Pissarro.
Alors pourquoi Pissarro et non pas Monet, Renoir ou Sisley qui ont tous évolué dans ces endroits typés ?
Tout simplement, parce que j'ai toujours été un grand admirateur de Pissarro.
De plus, il aida mon camarade et mentor Émile Pouget en 1896 comme il l'explique à son fils Lucien dans ce courrier :
" Je t'envoie une lettre de Pouget qui est en prison, et au dos tu liras un mot de ta mère très dur pour me être laissé toucher par les malheurs de Pouget. Cependant, je ne fais que rendre ce que Caillebotte a fait pour nous quand nous étions dans la peine et que nous étions si heureux de le trouver. Je ne comprends pas ces reproches. "
Bien sûr, j'avais été voir l'exposition qui lui fut consacrée au musée du Luxembourg cette année. Là, il nous expliquait sa vision des choses :
" Soyons d'abord artiste et nous aurons la faculté de tout sentir, même un paysage sans être paysan ! "
Plus drôle, au même moment où je tapais ces lignes, ce samedi 2 septembre 2023, Nico, m’envoya cette info : Long de 130 km, ce nouveau GR Pays de la Seine impressionniste part de Chatou, dans les Hauts-de-Seine, pour rejoindre Giverny, dans l'Eure.
J'ai ajouté ce point pour mes amis franciliens à la recherche du temps égaré de la randonnée.
Poursuivons l'aventure qui ne le deviendra que lorsque le fil conducteur sur le terrain brisera la stérile logique comme nous allons le voir. Les suivantes furent complètement improvisées et elles cassaient définitivement mon idée première de faire de façon très ciblé le tour de la Francilie en suivant d'abord le GR 1 puis le GR 2, le 11, le 12 , le 13 et même le 14.
II Les bordures de l'ancienne Seine et Oise
Heureux celui qui n'a pas de patrie ; il la voit encore dans ses rêves. Hannah Arendt
Ce matin-là, le RER qui devait m'emmener à Poissy s'arrêta définitivement à Maisons-Laffitte ; des animaux de cirque occupant les voies. J'étudiais alors la carte IGN 2214 ET et le Topo-Guide Tour de l'Île-de-France, (3 ième édition d'août1990) :
Saint Germain page 123 : la Terrasse, le PR 13 et la Croix de la Pucelle. Puis je dépliai complétement ma carte IGN. En faisant défiler mon index et mon pouce, je traçais une boucle théorique de 27 Kilomètres à travers la forêt qui finirait à la gare RER A de Saint Germain avec au programme, la révision du Sentier des Oratoires qui allait me renvoyer vers une très, très vieille connaissance Landaise.

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En cours de route, tel un moine, je me suis retiré au cœur de la forêt pour lire au calme du Édouard Glissant car un livre accompagne systématiquement ces voyages ferroviaires et pédestres. Je prends toujours le temps de lire lorsque je marche seul, en général en sirotant mon dernier verre de vin rouge au moment du ravitaillement sachant que je n'ai rien d'autre à faire que de marcher et de réfléchir.
Oui, je sais, je suis un privilégié de la vie mais c'est comme ça, je n'y peux rien, la chance ayant toujours balisé mon parcours de Sapiens landa.

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Alors la croix de la Pucelle en 1456, Dunois ou pas Dunois ?
Dunois ou le bâtard d’Orléans fut le grand copain de Jehanne d'Arque. Tout cela est connu depuis qu'on ingurgite ces balivernes dites scolaires.
Malgré tout, j'ai toujours bien aimé les noms chantants de Poton de Xaintrailles et d'Étienne de Vignoles dit La Hire, n'est-ce pas Fanchon?
Deux gascons qui avaient dû se tromper de côté car les gascons étaient plutôt les copains des anglais, n'est-ce pas Fafou ?
Et si c'était la guerre des Deux-Roses en Angleterre qui avait fait basculer la fameuse guerre de Cent-ans du côté français et par voie de conséquence les Gascons du côté frenchie ?
En terminant le livre Edouard Troplong : De la fidélité des Gascons aux Anglais, on apprend que du XII ° au XV ° siècle, les Gascons furent d'abord des Gascons.
Et pour clore ce dossier, ajoutons le nom du sinistre Gilles de Rais, Barbe- Bleue, triste héros de la série de Jhen, dessinée par Jean Pleyers et écrite par Jacques Martin (le papa d'Alix) que j'avais adorée. (La Bande dessinée et la série se cachent aujourd'hui dans un coin dédié de notre bibliothèque.)
Venons-en à présent à la star que j'ai retrouvée en parcourant la Terrasse de Saint-Germain. J'ai repensé à cette formidable visite du musée d'Archéologie où nous l'avions vue de vue de nos propres yeux.

Elle est fort belle la Dame à la capuche même si elle est toute petite. Celle qui était devant nos yeux, mesurait à peine 3 centimètres et des poussières. Elle avait été sculptée dans de l'ivoire, il y a environ 30 000 d'années avant notre ère pour faire plaisir à Georges. Elle a été découverte par Édouard Piette dans la grotte du pape à Brassempouy dans les Landes (40).
Par chance, Guy notre spécialiste-famille avait eu la gentillesse de m'en sculpter une qui lui ressemble comme deux goutes d'eau. J'ai juste ajouté le dernier portrait figé qui contrôle le musée de la préhistoire après notre dernière virée en Chalosse ; la Chalosse étant une adorable partie des Landes, traversée par une multitude de sentiers bleus à parcourir sans modération tellement les paysages sont beaux et doux !
Dans ces déjà parcourues il y a fort longtemps, la suivante nous révélait les buttes colonisées du Parisis.

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J'ai bien dit " nous " car cette longitudinale, je l'ai accomplie en compagnie d'Éric et Pascal.
Cette longue divagation entre le Val d'Oise et les Yvelines le long du fleuve mélangeait de l'inédit avec du déjà vu : les Buttes du Parisis, les sentes d'Herblay et de la Frette.
Ce fut aussi un sacré moment de partage sans intérêt.
De vieux amis en goguette : Éric le gourou et Pascal le chouchou. De sacrés randonneurs aussi avec qui j'avais eu la chance de traverser la France et hier l'Aragon.
Pour clore en beauté cet intermède passionné, Gigi est venue nous rechercher à Conflans au café où nous nous étions estanqués. Le reste ne se raconte pas, il se vit.
III L'Oise dégoise en entrant sur Seine
La désobéissance civile n'est pas un problème. Le problème c'est l'obéissance civile. [...] ce sont les gens du monde entier qui obéissent aux diktats imposés par leurs gouvernements et qui ont donc soutenu des guerres ; des millions périront à cause de cette obéissance. Howard Zinn

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Normalement, cette balade était inscrite dans la continuité mais là-aussi j'ai dû improviser pour zigzaguer entre les débordements de la confluence.
Je commence à me faire à ces errements erratiques et du tac au tac, je change de tactique en faisant du tic le tac !
J'ai choisi de longer l'Oise puisque les passages classiques m'étaient interdits. Je prenais le risque en pataugeant au plus près de la végétation car les champs voisins étaient tous inondés.
Si jamais la rivière devenait impraticable et donc dangereuse, je me promettais immédiatement de rebrousser chemin. Mais il n'en fut rien même si j'avais déjà de l'eau à mi-cuisses ; ça passait à cette hauteur près de Neuville.
Un peu plus loin, là, où le chemin réapparaissait, trois vététistes me demandèrent si c'est faisable : " Ne vous inquiétez pas, si je suis passé, vous n'aurez aucun soucis, perchés sur vos VTT, sur le sentier noyé, vous roulez tranquilles ... "
Ils me remercièrent, puis après un rapide conciliabule, ils plongèrent dans l'aventure !
Je faisais flic-floc dans la traversée de la ville de Neuville-sur-Oise avant d'enjamber un solide pont et de filer vers le somptueux Sentier Berthe Morisot où l'on découvre la reproduction de ces œuvres.
J'ai choisi ce tableau au hasard mais j'ai toute la collection en photos.

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J'abandonnais le GR 2, pour remonter les flancs de l'Hautil.
Autant je connaissais bien le passage " Berthe Morisot ", autant la suite m'était inconnue. Mais je n'allais pas la relater car il était déjà l'heure de m'estanquer.
Après cette remise en bouche, ce fut l'improvisation permanente bien loin de la révolution qui allait me mener vers des lieux accessibles souvent ignorés.

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Et comme Georges Moustaki était à l'honneur, après sa Révolution permanente, j'allais abandonner provisoirement Ma Solitude, pour enchaîner la ferme de Bellefontaine et le gite d'étape d'Écancourt.
Puis le GR de Pays me ramenait vers Vauréal où je retrouvais mon circuit théorique au niveau de l'allée couverte que je n'avais jamais prise en photo. Elle est datée de 3 300 ans à 2 200 avant notre ère toujours pour faire plaisir à Georges.
Elle doit son nom, dit-on, à la guerre de Cent-ans (encore !) puisqu'on la nomme le Cimetière des anglais.
La chambre funéraire est ceinturée de grands orthostates en grès qui pèsent environ trois tonnes chacune. Les pierres viennent du massif de l’Hautil mais on se sait toujours pas comment on les a transportées et dressées ainsi.

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Je longe à présent la maison d’Anne et Gérard Philipe (J'ai enfin trouvé le livre de Jérôme Garcin, Le dernier hiver du Cid à la Médiathèque de Limoges lorsque j'ai accompagné ma vorace grande lectrice de petite-fille Ainhoa.)
Et la fin de cette longue dérive (près de 45 kilomètres tout de même ce qui était loin d'être prévu si l'Oise n'avait pas débordé), se terminait à Éragny et non à Cergy Préfecture pour une raison irrationnelle qui n'a aucune intérêt.
IV Les classiques valdoisiennes sont de la partie
Pourquoi écrire ? Pour ne pas devenir fou de cette ivresse blanche qui est le sang de l'écriture. Kenneth White
Pissarro savait-il planter des choux ?
On ne le saura jamais même s'il aimait passer par la célébrissime sente du Chou pour se mettre au vert le long de l'Oise !

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J'ai tiré cette reproduction du catalogue Cézanne et Pissarro acheté lors de l'exposition au musée d'Orsay en 2006 car j'ai eu la chance de marcher dans la représentation du tableau de Pissarro !

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Derrière, on enchaîne avec le Valhermeil, Chaponval, puis le jardin d'Éric et non celui de Daubigny pour arriver devant le haut de la magnifique statue de Van Gogh sculptée par Zadkine.

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Zadkine, nous l’avons aussi croisé à Arques dans le Lot. Ses réalisations m’ont toujours subjugué, comme l'expression parlante du mal-être du batave, ici à Auvers, qu'il a si souvent rendue dans sa peinture ou dans ces écrits tout aussi remarquables :
" Ce sont d'immenses étendus de blé sous des ciels troublés et je ne me suis pas gêné pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême ".
J'abandonne tous ces peintres de génie pour aller revoir leurs et nos ancêtres qui les ont inspirés.
Au cœur du Néolithique final
Là, j'ai groupé les 5 ou 6 balades suivantes pour ne laisser la place qu'à leurs rites funéraires.
J'ai mis parfois des années avant de tomber sur ces merveilles comme l'hypogée ou le polissoir de La Remise-du-Grand-Atelier alors que celui du Bois-Brûlé de la Tour-du-Lay ne m'a jamais posé de problèmes.
Sur une carte, j'avais entouré toutes ces mystérieuses à découvrir mais comme on n'y voyait pas grand-chose, je l'ai retirée, et il vaut mieux aller chercher ces énigmes aux offices de tourisme d'Auvers-sur-Oise, de Pontoise ou de l'Isle-Adam.
Même la fameuse Croix des friches fut une sacrée découverte en son temps.

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Sur la photo suivante, voici la fameuse hypogée que l'on trouve très facilement aujourd'hui dans une rupture de pente entre Parmain et Jouy le Moutier.

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On enchaîne avec la suivante qui se trouve à quelques hectomètres de là.

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Bien sûr, ce n'est pas ma tronche qui est importante sur la photo, c'est juste pour donner une idée du polissoir en entier.
Découvert en 1969, il mesure 6 mètres de long pour 2 de large. Et la prise rapide grâce au retardateur montre cet antique outil de la vie de nos ancêtres. Les rainures servaient à polir les haches et les cuvettes à façonner les objets et à aiguiser les haches si j'ai tout bien compris.
Superbe balade qui vaut vraiment le détour pour se trouver nez à nez avec sa préhistoire et donc avec son histoire.
Aux carrefours du hasard
Le carrefour du hasard, on le trouve aussi bien en forêt de l'Isle-Adam que dans la vie.
Pour illustrer ce point on va rester dans la magnificence du Néolithique.
Dans la belle traversée de la forêt de Montmorency, j'avais réussi le tour de force de louper la fontaine Sainte-Radegonde et le cimetière Bosc.
Toujours lors de cette randonnée, la Pierre Plate fait partie de la célèbre trilogie avec le Coffre-de-Bellevue et le Blanc Val.

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Si j' y suis passé une nouvelle fois, ce n'est pas pour faire dans le nostalgique mais bien pour rester dans le cadre des carrefours du hasard. Souvent il n'y a rien à voir, c'est pour cette raison que que cet ensemble assemblé du rien est tout simplement féérique.
Encore plus loin, à Asnières-sur-Oise, tu as le choix entre l’Ysieux pour pleurer derrière l’Abbaye de Royaumont et la Thève de mauvaises plaisanteries.
Alors j’ai choisi de suivre la Thève pour dénicher un coin sympa pour me ravitailler en bordure du marais de Baillon.
La Thève fait penser de suite à Gérard de Nerval pour les balades et aux Jacques pour la révolte.
En relisant le topo-guide du GR 1, j'avais été étonné de lire dans l'article d'André de Gouvenain, en page 15 de l'édition d'août 1990 :
" C'est dans Meaux qu'en 1358, environ 9 000 Jacques révoltes furent massacrés ".
Or si l'on suit le GR 1 A, il balise en gros la folle épopée des Jacques en révolte que j'ai déjà racontée des dizaines de fois.
Et à l'instant présent en 2023 où je m'apprêtais à écrire que personne ne connaissait Guillaume Cale, un des révoltés les plus célèbres, j'ai trouvé un collège qui porte son nom ! Incroyable, le Collège Guillaume Cale à Nanteuil le Haudouin existe bien, ce qui montre qu'il faut toujours vérifier ses informations.
Hélas, personne n'a encore écrit la ballade de Guillaume Cale alors que la complainte de Mandrin ou la Makhnovtchina traduite et réécrite par le camarade Roda-Gil sont devenues des célébrités.
Plus lois dans ces traversées, j'arrivais dans la forêt de Carnelle à hauteur de la Pierre Turquaise.

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Concentrons-nous sur la Déesse de la mort symbolisée par ces seins et un collier. La sculpture est admirable si on s'immerge mentalement dans cette période.

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Bien sûr si un historien local, ne m'avait pas montré le bas de la première orthostate, à gauche de la Pierre-Plate, cachée sous un tapis de feuilles mortes, je la chercherai encore.
V Le passé recomposé, déposé comme une marque de fabrique de l'inconscient
Pourquoi écrire ? Pour ne pas devenir fou de cette ivresse banche qui est le sang de l''écriture. Kenneth White
Déjà avec ce titre et le sous-titre pour ce paragraphe de la despedida puisque cette première partie s'achève, ça calme.
Je vais remettre ces 6 ou 7 dernières balades dans le désordre car la traversée historique et politique de la Commune de Paris en présence d'Eugène Varlin et d'Elie Reclus a été volontairement oubliée puisque j'ai déjà tout écrit sur cette période troublée par la veulerie des minables qui ont volé la Révolution française.

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Abandonnons ces pleutres dans les caniveaux de l'histoire avant d'aborder cette sacrée surprise lors de la chaude traversée de la Plaine de France : la Remise-du-Grand-Atelier .
C'est aussi un polissoir très facile à trouver même si j'ai mis des années avant de le repérer. On distingue facilement les douze rainures et les sept cuvettes de polissage.

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Pas loin de ce site, se trouvent les menhirs de Bellefontaine qu'il faut absolument découvrir mais là il fait vraiment trop chaud alors pour cogiter sur ces découvertes, commençons par nous mettre à l'ombre à l'église de Plessis-Gassot.
Après le ravitaillement solide, je dévore un livre de François Maspero sur Gerda Taro, cette formidable photographe trop tôt disparue lors d'un reportage en pleine guerre d'Espagne. Je croise parfois son ombre au cimetière du Père Lachaise depuis que Nico m'a indiqué l'emplacement de sa tombe.
Et puis j'adore François Maspero, ce sale " gauchiste " qui a inspiré ce voyage avec Les Passagers du Roissy-Express.

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Ce que j'ai aussi appris avec ces balades-solitaires-marchées-étudiées, accompagnées de lecture même faisandées, c'est que l'on ne peut pas plaire à tout le monde !
Mais que me chaut !, alors je marche et j'écris, et ce, depuis tout petit. J'ai toujours écrit pour me faire plaisir car, l'écriture comme la peinture ou la marche est d'abord une Individuelle dont la valeur d'usage pour rester dans la logorrhée marxiste, est proche de l'inconsistance.
Quant à la valeur d'échange, je la laisse en pâture à l'absurdité de ce monde marchand.
Les suivantes s'égarent vers les sentes de Montmorency mais je n'insiste pas car j'ai déjà écrit un billet camusien sur ce sujet avec mes amis Georges et encore Jean-Claude.
Puis viennent Enghien bien sûr, Saint-Denis et pour finir, La Courneuve.

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Derrière, la longue dérive déroule sa toile hivernale de la Marne à l'Ourcq avec des découvertes de voies vertes inconnues comme le Plateau d'Avron par exemple.
Cette photo a été prise au Lac des Minimes par un cadet de Gascogne.
La suivante retrouve Villeparisis au petit matin. N'ayons pas peur des mots, on dirait un modèle de toile pour Pissarro ou Signac mais mes deux " pointillistes anarchistes préférés " ne sont plus de ce monde.

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Comme j'accompagne les talentueux peintres de l'ignoré, je m'arrête à Lagny-sur-Marne pour saluer Maximilien Luce.
Çà me donne l'occasion de parler de l'assassinat en règle d'Eugène Varlin.
Pour revenir à cet authentique et talentueux garçon, Luce, j'ai réussi à emmener Fafou, Jean-Mi et ma basquaise préférée au musée de Mantes-la-Jolie où l'on redécouvre son œuvre !

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Puisque je suis avec mes peintres, allons explorer à présent la vallée des peintres.
Il fait un froide canard et le paysage est givré comme moi !
J'aime ces détours autour de Crécy-la-Chapelle.
Je marche dans un Tout-Monde imaginé. Sans frontières. Deux de mes petits-enfants créolisés sont noirs et ma petite fille taïwanaise est jaune pour tous les asservis de la pensée dominante et dominée.
Plus on avance et plus on recule dans cette absurdité.
Je marche, je pense, je me régale.
Homme heureux, traversant Crécy frigorifié alors que m'importent ces monstres ordinaires qui jouent avec la vie des gens et surtout avec le bonheur syndical minimum d'une vie ordinaire.

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Lors de cette avant dernière, je sors de la gare confiant comme disait Raphael !
Il fait froid, très froid. C'est même l’époque où je tombe le béret pour un bonnet ... Dan bien sûr !
J'adore ces ambiances matinales où tu es seul ou presque dans ce monde qui n'en a que le nom !
Mais là, c'est le drame à défaut du brame.
Je m'éloigne de la gare. Et mon appareil-photo me lâche !
Mais ce qui m'a le plus énervé c'est lorsque un cerf, oui, un cerf est venu me saluer. Rien à faire, il est mort pas l’appareil mais le cliché, le temps que je comprenne comment on réglait le flash sur mon portable et le cervidé majestueux s'est carapaté.
C'est la quatrième fois que ce rare cliché m'échappe : Ermenonville, Aisne, Carnelle et aujourd'hui !
Le pire c'est lorsque j'ai marché dans l'Aisne près de Coucy-le-Château, je me promenais dans les près après avoir quitté le fief d’Enguerrand. Soudain, je me suis retrouvé au milieu d'une harde. Le cerf me fixait mais il ne craignait rien, je n'allais pas lui prendre ses biches. Et lorsque je lui ai tiré le portrait, un message m'a indiqué que " Mémoire interne pleine ". J'étais en colère contre mon étourderie légendaire. La veille, avec Philippe, nous avions été visiter le musée du vin et bêtement j’avais laissé la carte mémoire amovible dans l’ordinateur.
Quel âne ! Idem ce jour dans cette mystérieuse forêt que je ne connaissais pas. Mais on peut avoir de la chance à tous les coups ! C'est tout ce que mon portable a pu saisir !

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Cet ensemble GR de pays, GR 14, forêts régionales m'ont fait oublié l'incident, Grosbois, Célie, Notre Dame et les Marmousets pour finir que du bonheur.
La suite s'inscrit avec une nouvelle aventure complexe dont je me suis sorti en voulant aller à la source mais avant j'avais traversé le parc de Noisiel, et les étangs du Val Maubuée. Ouf, je peux me poser sous la pluie et converser avec mon fils situé très loin dans le Tout-monde (encore une contradiction heureuse de ce système de folie ! ).

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Pour cette dernière, je découvre la forêt de Ferrières qui vient conclure pour conclure la première partie de ce reportage marché.

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Fin