Marc Etxeberria Lanz
Harmoniste reclusien et rabelaisien !
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Billet de blog 29 janv. 2023

Marc Etxeberria Lanz
Harmoniste reclusien et rabelaisien !
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Ainsi s'achève ce formidable cycle reclusien mi-figue mi-raison !

En effet, une nouvelle poétique du Tout-monde nous attend qui induira une abstinence scribouillarde temporaire.

Marc Etxeberria Lanz
Harmoniste reclusien et rabelaisien !
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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme toujours en plein hiver, les habituels fossoyeurs du bonheur encore plus bornés que le Fakir du Plumaçon de l'hiver 95 affichent leur indécence politique de parvenus afin de perturber une nouvelle fois l'éclairante Retraite des Jours Heureux à la Ambroise Croizat  !

Illustration 1

Chaque fois que je randonne et que je découvre l’histoire de ces jeunes Résistants assassinés par les nazis avec l'aide de leurs serviles alliés pétainistes comme récemment dans le Cézallier ou à Orthez pour Daniel Argote, j’ai toujours pensé que ces Ubu-rois (confère Roland Gori, La nudité du pouvoir. Comprendre le moment Macron) salissaient la mémoire de tous ces morts pour une Liberté retrouvée !

Je vais profiter de ce temps de l'incertitude pour conclure ces billets afin d'appréhender sereinement la découverte d'un inimaginé du Tout-Monde.

Illustration 2
Sculpture du magdalénien d'environ 17 000 ans avant le présent réalisé par un ancêtre migrant sans papiers mais avec du talent. Sculpture en ivoire de mammouth photographié à l'abbaye d'Hastingues

Mais commençons par dessiner ce parcours d'une autre idée en compagnie de Charles Macdonald que j’ai découvert en lisant Philippe Pelletier, ce spécialiste des domaines ignorés que sont l’anarchie, la géographie et un peu moins aujourd’hui Élisée Reclus).

Pour connaitre l’anthropologue Charles Macdonald, il suffit d’écouter :

https://www.youtube.com/watch?v=XGWk1zVpZCo

Charles Macdonald rappelle combien Kropotkine et Reclus furent visionnaires dans ce domaine car ils avaient parfaitement analysé l’évolution darwiniste avec cet essentiel que fut l'Entraide à l’opposé de cette compétition mortifère que l'organisation « socio-hiérarchique » actuelle sacralise.  

Pour aller vite, Macdonald distingue une rupture à la fin du Paléolithique entre deux tendances, l’une est une forme de vie collective hiérarchisée corporatiste, transcendantaliste et marchande, appelée « socio-hiérarchique »  et l’autre libertaire, égalitaire, autonome appelée « anarcho-grégaire ».

De plus au niveau artistique, ils touchaient leur bille nos ancêtres anarcho-grégaires ! Il suffit d'aller visiter le musée de l'abbaye d'Hastingues (Landes) pour s'en rendre compte !  

Alors pour ce dernier billet reclusien (je précise pour Txema), comme les livres de Marshall Sahlins, Kenneth White et Raphael Confiant vont venir se glisser dans les valises, je voudrais évoquer quelque chose qui me tient  à cœur, le bonheur simple avec ces accompagnateurs informels que furent la Chance et le Hasard. 

La Chance :

Illustration 3

Etre né en 1958 dans une masure (disparue aujourd’hui) au Claquet à Tyrosse dans une famille de Prolétaires, fut une sacrée aubaine, qu'a aussi connue ma grande ma sœur, la célèbre Fafou.    

Quinze ans plus tard, les Francas formatèrent notre pensée éducative.

Ces socialistes de l'époque nous apprenaient le partage, l'idée du bien commun et comment éduquer un enfant. Pour moi, ils étaient anarchistes mais ils ne le savaient pas !

Moi non plus d’ailleurs  …

L'émancipation suivante prit la direction de Dax

Au lycée, en Première, grâce à un ministre de l'Éducation de l'époque, j'ai connu mes premières assemblées générales, mes premières grèves, une participation active au comité de grève, le plaisir de braver l'interdit avec des manifestations hors du lycée, des sit-in au cœur de la ville, l'investissement pacifique de la sous-préfecture. 

Bref que du bonheur !

L'année suivante, ma syndicaliste CGT de mère siffla la fin des réjouissances en me virant de l'internat pour surveiller mon activisme politique.

Conséquence pratique : 40 kilomètres à pied chaque semaine durant une année scolaire. En effet, il y avait 1,5 Km aller-retour entre la maison des parents et la gare de Tyrosse puis 5 Km  toujours en aller-retour entre la gare de Dax et le lycée !

Là aussi que du bonheur avec de la marche et de la réflexion solitaire tous les jours !

La formation communiste des lycéens landais prit fin cette année-là car je n'avais plus le temps de leur expliquer le fétichisme de la marchandise, la valeur d'usage et la valeur d'échange, la plus-value proudhonienne, l'accumulation capitaliste et la baisse tendancielle du profit. 

Comme à Bayonne, il ne se passa rien d’intéressant durant les deux années d'études, filons directement à Bordeaux. Et là, j'allais croiser du lourd au niveau politique à côté du désert basque à peine teintée d'un nationalisme balbutiant !

Illustration 4

Mon copain Christian au passé gauchiste avéré me fit connaître un lieu stratégique de l'échange,  Le Tarbais, un bar-restaurant situé rue du Palais Gallien. 

C’est ici que j’ai découvert l’anarchie en plus des grandes leçons de sciences politiques dispensées par Martine, la brillante professeur d'histoire à la fac de Bordeaux et par Robert, un insoumis, (un authentique qui avait refusé d'aller se battre pour rien en Algérie).

Et grâce aux innombrables lectures qui ont suivi, j'allais définitivement déboulonner mes idoles autoritaires de jeunesse.

Illustration 5

L'autre événement important, fut ma rencontre manquée avec le Nicaragua pour la bonne et simple raison que je ne m'attendais pas à croiser celle qui allait bouleverser ma vie. 

Et comme cela ne lui disait rien d'aller défendre Daniel Ortega face à l'agression de l'impérialisme américain, à la fin de nos études nous sommes partis travailler ensemble à Paris.

Pour tuer la légende, je vais me référer au journal Le Relais N° 87 de 2020 de l'Institut d'histoire sociale CGT

Comme d'habitude c'est Tatave qui m'a envoyé ce document. 

Le titre de l'article  : Solidarité internationale : des paroles et des actes

En 1984, Daniel Ortega et le FSLN gagne les élections avec 67 % des votes.

Le président des États-Unis, Ronald Reagan  qui ne supporte pas la révolution sandiniste va utiliser les classiques de l’impérialisme Yankee.

Il commence par armer les groupes rebelles antisandinistes.

Puis il fait miner les ports pour isoler le Nicaragua avec un embargo qui accompagne cette mise sous tutelle.

Dès le début de la Révolution sandiniste, la CGT va apporter toute son aide au Nicaragua.

Mieux, elle va constituer des brigades de jeunes qui vont rappeler l’engagement des Brigades internationales à un degré moindre bien sûr.

Le but était d’aider la société civile à continuer à vivre pendant que les jeunes partaient au front défendre la Révolution.

Illustration 6

C’est Gérard mon camarde CGT qui m’avait prévenu, connaissant ma passion de l’époque pour le Che.

J’avais poussé le mimétisme jusqu’à porter les cheveux longs, la barbe et le béret pour coller à mon appellation de l’époque Le Tché, breveté par Lolo (Alain) et Le Gé (Gérard).

Le premier départ des jeunes camarades CGT a bien eu lieu le 6 août, le dernier le 4 septembre 1984.

Hélas, je m’étais déjà inscrit en fac et il fallait que j’aille au bout de cette année d'étude pour valider le concours que j’avais passé.

Tu parles d’un révolutionnaire toi ! Mais la rencontre avec la petite basquaise avait déjà effacé le traumatisme … (no comment !)

Le hasard

C’est à Nanterre que j’ai rencontré mes premiers amis (Jean-Mi, Jean-Louis, Lolo) car jusque-là, j’avais traversé toute ma scolarité comme un loup solitaire.

Normal lorsque tu dis à des lycéens ou plus tard à des étudiants formatés ou bourgeois que tu es communiste, tu es pris pour un attardé car on leur a tellement bourré le mou à ces jeunes qu'ils mélangent tout !

De plus, toutes les personnes rencontrées au lycée étaient en compétition, ils ne perdaient pas de temps avec la dialectique.

Ils ignoraient l’entraide, chose naturelle que j’ai toujours pratiqué, plus tard en fac en filant mes devoirs (en économie ou en mathématiques, mes deux matières de prédilection) ou en donnant des cours gratuitement avec en option une étude du marxisme grâce à Das Kapital. Kritik der politischen Ökonomie (en français bien sûr ! ).

Donc à Nanterre, le hasard m’a mis sur la route de ce trio magique (Jean-Mi, Jean-Louis et Lolo) que je continue de croiser de temps à autre quarante ans plus tard !

Puis le temps inexorable poursuivant son œuvre nous a offert un véritable temple de la raison avec le trinquet Saint-Brice couplé avec une chapelle perdue dans le château des  Dolare de la Forge.

Et c'est depuis ce site transcendantal de la connivence amicale que sont partis nos deux missionnaires citoyens du Monde, Xebo et Patxi.

Dernier chapitre avant de tourner la page, grâce à ma fille Maider qui a croisé le sublime dessinateur du différent, Marko  au lycée de Villepinte, la douce incertitude de la vie allait nous ouvrir les portes créolisées de l’Île de Glissant et de Fanon, les rock-stars de la pensée martiniquaise.

Et aussi celles du Phalanstère de Saint Pierre grâce à Fred et Claire, ces faiseurs de nouvelle famille recomposée de l’inattendu et de l’imprévu.

Illustration 7

Voilà c'est fini et bien fini avec ce partage du bonheur ! 

Après tout chacun avait la possibilité de se l'écrire, moi j'ai profité de l'ouverture de ce blog pour m'épancher sans me pencher pour ne pas tomber !  

Ayant fait le tour de la question, je pars vers de nouvelles aventures et je précise pour Txema que cette despedida, la dernière, accompagnera cette définitive lézarde politique.

FIN

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