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Billet de blog 31 décembre 2014

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Les chroniques d'un Autre monde : on se fout de nous (mais qui s'en soucie vraiment ?)

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Un rapport consacré à la fin de vie, résultat d’un travail de Messieurs Leonetti (UMP) et Claeys (PS), vient d’être rendu à François Hollande. Dieu que la France – plus exactement un très grand nombre de Français – peut être hypocrite face à la mort, donc l’euthanasie ! Ces parlementaires nous proposent sans rire un droit à la « sédation terminale », ce que notre cher Président s’est empressé de reprendre, sans se mouiller et avec un sens indéniable du consensus qui ne mange pas de pain. Si l’UMP et le PS sont d’accord (pour une fois), pourquoi oserait-il un avis plus courageux ? Quoi qu’il en soit, je trouve cette option on ne peut plus hypocrite et lâche, encore très loin des choix délibérés de nos voisins, notamment Suisses et Belges, en faveur du « suicide assisté ». Donc, on se dirige vers une sorte de « coma assisté », d’endormissement jusqu’à extinction des feux, si je puis dire, par épuisement du corps (après arrêt préalable du traitement médical en cours… pour l’aider à s’épuiser, quand même). Tout ça parce que la mort fait peur sous nos latitudes. En fait, on va nous proposer un deal : on vous épargne la souffrance mais vous mourrez (dignement) sans assistance ! Ça évite à certains médecins un cas de conscience. Et à la famille aussi, très souvent. Quant à la parole de la personne concernée, elle reste accessoire. Je veux mourir reste un choix interdit, je veux définitivement pioncer, sera un choix admis – si la loi est votée. Plus projectif que ça, tu meurs… C’est ce qu’on appelle un problème de « tumeur » culturelle ? En plus d’être une option coûteuse pour la société. Car, bizarrement et comme par hasard, en l’occurrence, le trou de la sécu n’entre pas en ligne de compte. Perso, si je veux mourir, ce n’est pas pour être mis en catalepsie, ce n’est pas pour me faire durer par lâcheté – pourquoi, parce que je suis en situation de dépendance vitale, on me refuserait le droit d’opter pour le suicide, sous prétexte que j’ai besoin d’être assisté médicalement dans cette démarche ? Si demain Hollande décide de se défenestrer qui va l’en empêcher ? Pourquoi ce préjugé défavorable presque systématique à l’égard des personnes qui souhaitent arrêter leur parcours terrestre ? En attendant, il y a 5000 euthanasies clandestines par an en France (http://www.marianne.net/Fin-de-vie-soulager-la-douleur-ou-aider-a-mourir_a243324.html), assumées par des médecins réalistes, courageux et humanistes… N’en déplaise à tous ces conservateurs, on arrivera tôt ou tard à reconnaître le droit au suicide assisté, comme on reconnaîtra tôt ou tard le droit à l’accompagnement sexuel. C’est juste une question de temps.

Mais bon, on fait un plat pour quelques macchabées potentiels, pendant que la Julie d’Hollande utilise un hélicoptère pour aller chercher un livre dans son appartement, Madame refusant de se taper le métro ou le bouchon à l’instar du « tout-venant » (http://www.radiocockpit.fr/2014/12/02/scooter-en-panne-francois-hollande-fait-raccompagner-julie-gayet-en-helicoptere/#). J’ai cru à un canular ou une hallucination auditive en entendant cette information. Des claques se perdent. Que dis-je, c’est une oubliette qu’il faudrait remettre au goût du jour. Et l’autre qui prétendait jouer au président soi-disant normal. Ma commande vocale en bégaye presque de consternation et d’affliction. Sarkozy et Hollande même combat, même mépris pour la France et les Français, ces « veaux » de contribuables, ces vaches à lait « pressurables » à volonté. Madame est capricieuse, dédaigneuse et irresponsable face à Monsieur qui en est gaga, pathétique et inconsistant, qu’à cela ne tienne, on n’avait qu’à pas lui faire confiance. Et dire qu’on a encore deux ans à tirer. Il paraît que Dieu reconnaîtra les siens… Il a beaucoup de mérite, le Pauvre. Quant aux Français, ils ne sont pas sortis de la merde, les pauvres diables ! Il paraîtrait que « je suis handicapé ». J’ai du mal à y croire. De plus en plus. Ou alors, faut qu’on me le prouve, qu’on me le démontre scientifiquement. Les vrais handicapés – appelés également « handicapés normaux » – sont au pouvoir, allô quoi ! Avec l’aval du peuple qui avale tellement, depuis 2007 déjà, qu’on se demande comment il fait pour continuer à respirer sans étouffer. Enfin, pour l’instant, c’est surtout moi qui me le demande ; je n’ai pas la prétention de me mettre à la place des autres qui ont suffisamment la propension de vouloir se mettre à la mienne – c’est vraiment pas le moment d’inverser les rôles. Vous croyez qu’Hollande serait prêt à me mettre à disposition son hélicoptère afin que je me rende plus facilement à Paris pour faire mes dédicaces ? Je rigole ! En attendant, vous imaginez combien de SDF on aurait pu nourrir avec le coût de cette lubie bourgeoise et prétentieuse ? Vous me direz que grâce aux marchés de Noël, ils auront eu droit pendant un mois à de jolies lumières, des guirlandes à profusion, des odeurs de vin chaud et autres confiseries festives, de magnifiques sapins joliment décorés et à une foule de chalands bigarrés et indifférents qui a distrait leur solitude et leur désœuvrement. C’est somme toute très charitable par les temps qui courent. Mais beaucoup moins que pour le Téléthon 2015 qui a récolté pour 82 millions de promesses de dons – dont le tiers au moins ira dans de jolis salaires, sans compter d’autres frais de gestion dont environ 15 % pour France 2, etc. (heureusement qu’il reste cette manne charitable aux chaînes publiques pour surnager).

Et à quand un Téléthon en faveur des « citoyens » irresponsables ? En quelques jours, rien que dans le Bas-Rhin, deux accidents mortels dus à l’alcool au volant, avec plus de 2 g d’alcoolémie chaque fois, sans compter un retrait de permis pour conduite après absorption de cannabis et avec deux enfants assis sur le siège passager sans ceinture ! Quelle est cette société où tout est banalisé ? Société individualiste où l’égoïsme, le chacun pour soi, priment pour le pire : des veuves, des orphelins, pour des raisons stupides, infantiles, immatures. On n’a qu’une vie et pourtant, quand on constate le peu de souci et de respect que certains ont pour la leur et celle d’autrui, comment ne pas s’interroger ? Je pense que presque tout est permis quand ça n’implique que soi, sa vie, son avenir, son bonheur et son bien-être (ou mal-être). Ai-je tort ? Suis-je trop exigeant ? En tout cas, j’ai l’impression que dans notre société l’idée de renoncer, de renoncement, est un blasphème, une hérésie insupportable dans une culture du profit et de la peur de toute forme d’engagement (entre autres en matière d’amour).

Mais comment arriver à renoncer lorsqu’on apprend, par exemple – mais c’est un exemple parmi d’autres bien sûr –, que le besogneux frère de Madame Chirac bénéficie, à Paris, depuis 30 ans (1984), de deux appartements en HLM (!) – il en a récemment rendu un, le malheureux ; de surcroît, dans le Marais, un quartier plutôt aisé ; et en compagnie d’un autre locataire de renom, ancien secrétaire d’État, entre autres : Pierre Mazeaud, pas vraiment à plaindre non plus ; ainsi que d’un ex-commissaire de l’antigang (ça rassure, Arthur) ; évidemment, avec des loyers défiants toute concurrence : 15 € le m² au lieu de 31 (http://www.lefigaro.fr/immobilier/2014/12/11/05002-20141211ARTFIG00253-le-frere-de-bernadette-chirac-habite-un-hlm-parisien-depuis-1984.php). En somme, il vit de façon éhontée et indécente au détriment d’authentiques nécessiteux. Monsieur le baron Chodron de Courcel était désargenté ou rapiat… Et s’est par conséquent vu attribuer, grâce à son très influent beau-frère, un misérable appartement de gueux… comme tant d’autres nantis pataugeant dans les hautes sphères. Sans aucune honte, évidemment. Pourquoi se gêner à ce stade-là de l’échelon social ? Un mec à particules, c’est quand même plus classe dans une HLM que le premier pékin venu, non ?

En même temps, ce que fait ce triste sire c’est de la bibine en comparaison de notre cher (dans tous les sens du terme) et impayable (quoique) ex-futur-Président (l’espoir fait vivre certains), j’ai nommé Nicolas Sarkozy Ier (et dernier, il faut le souhaiter ardemment) l’unique mais pas irremplaçable (largement pas), le roi du mélange des genres (http://www.mediapart.fr/journal/france/141214/pouvoir-argent-et-conferences-lintenable-melange-des-genres-de-nicolas-sarkozy?onglet=full), des magouilles à gogo, du fric à en vomir, du mépris à revendre et au culot tellement énorme qu’il en bouche un coin. Mais pourquoi se gênerait-il puisque tant de dociles et indolents contribuables continuent à raquer afin qu’il bénéficie de façon indécente et méprisante de ses avantages indus, au vu de sa nouvelle situation. Le mec bénéficie de 2 millions annuels de prérogatives dues à un ancien président, tout en récoltant au minimum 100 000 € par conférence que le premier venu (ou presque) pourrait donner sans trop de difficultés à sa place, voire en étant meilleur que lui (ce qui ne semble pas insurmontable, loin s’en faut lorsqu’on voit son niveau culturel). Cependant, les Français restent amorphes, résignés et apathiques. Ils ont bien raison. D’autant que Hollande ne fait guère mieux avec sa future retraite princière… Le Moyen Âge et la renaissance ne sont tout compte fait pas si loin finalement. Le pire, c’est qu’ils ne méritent même pas tout ce fric. En effet, qu’ont-ils réussi depuis 2007 à part dépasser les 5 millions de chômeurs, faire déborder la plupart des déficits, accroître la pauvreté et la précarité, se rabaisser devant les diktats de Merkel et du Parlement européen, nous saouler avec leur vie privée indécente et leur mépris du Français « moyen ». Elle a bon dos la crise quand on est incompétent et inculte, vous ne trouvez pas ?

Dans ce salmigondis ressortent trois chiffres qui m’ont interpellé. D’une part, les illuminations de Noël coûtent 2 € par citoyen, en France ; c’est rien, allez vous me dire, sauf si vous multipliez 2 € par la bagatelle de 64 millions ! Elles reviennent alors à 128 millions au total ! Effectivement, c’est trois fois rien qui aurait pu mettre du baume au cœur des 8 millions de défavorisés vivant sous le seuil de pauvreté – dont 1 million de personnes en situation de handicap –, une véritable bagatelle… Surtout qu’ils ont quand même les restos du cœur pour s’en mettre plein la panse ; à ce propos, je me suis rendu au marché de Noël de Strasbourg, en compagnie d’amis dijonnais qui souhaitaient le parcourir et, comme nous les avions prévenus, ils n’ont pas été déçus du voyage ; pensez donc, environ 2 millions de visiteurs en un mois (dépensant en moyenne 70 € par personne, faites le calcul, c’est juteux), une marée humaine, un flot continu de lemmings humains compressés, avançant au pas dans un état d’hébétude le plus souvent, le regard fixe semblant ignorer ce pourquoi il était venu, « emporté par la foule » aurait chanté Édith Piaf ; et tout ce gaz carbonique, dégagé par ce conglomérat de chair, saturant l’air au-dessus d’une place Kléber bondée à craquer ; et tout cet enchantement lumineux – car c’est indéniablement très beau – tellement coûteux et si peu écologique ; et toutes ces cabanes en bois plus proche des marchands du temple que de la « féerie » de Noël, le tout côtoyant dans l’indifférence une pauvreté extrême essayant de soutirer quelques pièces de monnaie aux acheteurs de vin chaud ; et puis, dans un coin de la place Kléber, derrière une cabane tenue par une association caritative, où on vous vend du jus d’orange chaud, je découvre, éberlué, grâce à Jill, la Flamme de la Paix, le gadget de 2014, pratiquement caché à la vue des badauds : une torche d’environ 4 m de haut provenant de Bethléem et offerte par le land de Haute Autriche au Parlement européen et à la ville de Strasbourg ; un gag ironique sans doute ; une flamme de la paix en provenance d’Israël, un pays en guerre contre les palestiniens, une flamme de la paix dans un monde violent aux quatre coins de la Terre, un monde truffé d’extrémistes en tout genre ; une flamme de la paix sans doute pour adoucir les nuits glaciales des SDF qui pullulent alentour ? On a la paix et la bonne conscience qu’on peut… D’autre part, j’ai appris qu’un poids-lourd consomme entre 40 et 50 litres aux 100 ! Et il en faut des camions pour acheminer toute la bouffe des fêtes… Dire qu’on nous fait la morale à propos de la pollution ? On nous apprend même, au détour d’un article, que d’ici la fin du siècle de nombreuses villes des États-Unis seront des cités lacustres, que le Vietnam perdra 10 % de son territoire, mais ça ne dérange pas grand monde, surtout pas les rapaces irresponsables de la finance et de la politique qui ne voient pas plus loin que le bout de leur portefeuille. Enfin, un indien sur deux fait ses besoins dans la nature faute de toilettes, c’est-à-dire environ 600 millions de crottes par jour disséminées en Inde (car il faut tenir compte des constipés, bien sûr). Écologie, vous avez dit écologie, c’est quoi cette insanité ? Après moi le déluge, de toute façon Dieu reconnaîtra les siens, s’il en reste un jour. Dans tous les cas, ce sont les pauvres qui vont trinquer le plus, alors qu’ils sont innocents de ce désastre irresponsable.

Quant à l’écologie affectivo-sensuelle, à en croire une enquête qui vient de paraître, 80 % des femmes disent ne pas ou très rarement avoir des orgasmes, en France. Est-ce pareil chez nos voisins européens et ailleurs dans le monde ? Nonobstant les intégristes de tous poils qui ne sont pas franchement réputés pour leur délicatesse envers la gente féminine, hélas. En fait, un tel constat est plutôt désolant, même très désolant. À plus d’un titre. On peut supposer qu’il y a un manque de dialogue dans les couples, ou d’amour, ou trop de machisme – donc une indifférence certaine à l’égard de la présumée « aimée », ou des blocages, etc. ? On peut supposer beaucoup de choses mais le résultat n’en est pas moins interpellant. Nous sommes au XXIe siècle et ce n’est guère plus évident d’être une femme accomplie. Pourtant, à entendre les mecs autour de moi (ceux qui en parle, et ils sont nombreux), ils font grimper leurs femmes (systématiquement) au plafond. Donc, qui ment ?

Et c’est dans ce contexte délétère qu’on voit surgir Claude Neuschwander, 81 ans au compteur, qui essaie de rassembler et de réveiller une fibre solidaire, revendicatrice, militante, républicaine et utopiste, en nous, avec l’espoir de remobiliser des Français désabusés et apathiques, autour des valeurs de la gauche, plaidant en faveur de la mise en réseau des forces et des citoyens ayant encore certaines convictions et déterminations. À 81 ans ! Et en s’appuyant sur Internet et les réseaux sociaux ! Quelle leçon ! Le quatrième âge s’en va-t-en-guerre ! Que fout la jeunesse ? En voilà un véritable « utopiste réaliste », comme me définissait Serge Milano lorsqu’il fut directeur de cabinet ministériel. Qui plus est, un de ces utopistes réalistes qui font sacrément défaut dans les hautes sphères, hélas. Dans les basses sphères également.

Si avec toutes ces révélations 2015 ne s’annonce pas bien, c’est à y perdre son latin et sa foi en la crapulerie, la malhonnêteté d’une certaine nomenklatura. De quoi entrer dans les ordres jusqu’à la fin de ses jours. Quoi que ce ne soit guère toujours plus reluisant dans ces eaux (bénites)… Franchement, à quel saint se vouer aujourd’hui, si ce n’est celui que je ne saurais voir…

Un conseil dépêchez-vous plutôt d’aller voir Gaby baby doll de Sophie Letourneur avec une Lolita Chammah irrésistible et un benjamin Biolay très crédible. C’est un film drôle, poétique, décalé, osé, libre ; tout ce qu’il faut pour faire un flop, malheureusement. Quant à La famille Bélier d’Éric Lartigau, pas la peine de vous conseiller de vous y précipiter, ça va être le succès cinématographique de cette fin d’année. Et parfaitement mérité. Donc à voir sans modération. Une réussite à tous points de vue. Karin Viard et François Damiens sont énormes dans le rôle de parents sourds et muets. À leurs côtés, Louane Emera (qui a trouvé et imposé ce pseudonyme plutôt débile ?) est stupéfiante, à plus d’un titre, dans le rôle de leur fille « normale » ; elle est promise à un bel avenir, aussi bien dans le cinéma que la chanson. Ce film est intelligent, pertinent (excellente idée que celle des rejetés devenant rejetants), hilarant et bouleversant, dans un dosage parfait. Décidément, mettre le handicap en scène est un bon filon. Après Intouchables (qui est, à mon sens, un cran en dessous), celui-ci va probablement aussi faire un carton. Entre répliques vouées à devenir culte et scènes poignantes (dans une salle pleine, on entendait parfois voler une mouche, tant le silence était intense), tout sonne trop juste pour qu’un des scénaristes ne soit pas concerné, d’une façon ou d’une autre, par une situation similaire. Vive le cinéma.

Allez, très bonne année 2015 et à bientôt.

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