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Billet de blog 27 octobre 2017

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Solidarité pour les migrants à Clermont-Ferrand

La crise des migrants qui impacte toute l’Europe, concerne aussi les villes de France dont Clermont-Ferrand. Face au rôle malsain des Préfectures accompagnées des autres collectivités, la solidarité des associations et des citoyens solidaires s’organise pour mettre en place un camp refuge, dans une enceinte universitaire et un «squat» pour jeunes mineurs isolés.

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Galère des réfugiés et migrants à Clermont-Ferrand

Arrivés et arrivant encore en nombre à Clermont-Ferrand, des migrants d’origines et de statuts divers (flux important de familles, mais aussi de jeunes mineurs isolés en provenance, pour ces derniers, essentiellement des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest), rencontrent, ici comme ailleurs, les difficultés et obstacles de l’immigration, car la crise qui  impacte toute l’Europe ne va pas contourner la ville de Clermont-Ferrand.

Une galère organisée par les pouvoirs publics

La nouvelle politique délibérée de l’État vise  à limiter l’afflux des migrants par tous les dispositifs possibles, y compris des accords bilatéraux signés avec certains pays (Afghanistan, Soudan, etc…) pour qu’ils récupèrent leurs ressortissants, surtout leurs opposants dont ils s’auront s’occuper à l’abri des regards. De fait, la plupart des textes qui fondent a priori l’action des pouvoirs publics sont aujourd’hui ignorés des services préfectoraux en charge de la police des étrangers. Les délais d’accueil ne sont plus respectés, les récépissés octroyés hors délai quand ils le sont. Même les situations d’hébergement d’urgence ne sont plus prises en compte.

Ici comme ailleurs, ce sont les associations qui interviennent avec leurs moyens pour mettre en place des solutions de solidarité et de fraternité. A Clermont-Ferrand, deux initiatives sont exemplaires :

  • la mise en place par les responsables de R.E.S.F, d’un « squat » baptisé par leurs occupants eux-mêmes « le cinq étoiles », organisé au 158 avenue Gustave Flaubert à Clermont-Ferrand ; il s’agit d’un ensemble immobilier innocupé où sont accueillis une quarantaine de mineurs africains.
  • l’accueil de nombreuses familles, organisé sous de petites tentes, crée et encadré par les étudiants de l’UNEF avec l’assistance des organisations humanitaires (RESF, LDH, Cimade) . Ce site a pu être organisé grâce à la compréhension et à l’appui du Président de l’Université Clermont Auvergne, dans l’enceinte de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. La plupart de ces familles sont arrivées en France avec de jeunes enfants et bébés.

La solidarité rassurante….

Si les autorités publiques ne sont à la hauteur de l’enjeu, si les services de l’État sont aujourd’hui dépassés et ne remplissent pas les missions qui leur sont dévolues par la loi, il est rassurant de voir la solidarité et la fraternité s’organiser autour des associations, qui ont fait de ces valeurs leur combat au quotidien.

Ainsi le site de la Faculté des Lettres a été aménagé avec tentes et barnums ( barnum école/salle de jeux, barnum stockage denrées, cuisinière et réchaud) d’un côté, douches  et WC d’un autre, local de l’UNEF affecté au stockage de médicaments, lait maternisé, etc.,tout ça pour accueillir de nombreuses familles, avec de jeunes enfants, bébé (le plus jeune a 4 mois), et surtout les problèmes qui vont avec.

La solidarité joue à plein puisqu’au-delà des associations, des citoyens, des collectifs,  apportent le soutien de leur présence, de leur dons.

Si quelques solutions d’hébergement ont pu être trouvées pour les cas les plus critiques et, parce que, rappelons-le, il s’agit d’une obligation pour l’État, nombreuses sont encore les familles qui sont hébergées dans des conditions qui vont être de plus en plus difficiles à supporter avec le froid et les intempéries qui s’annoncent.

Quant au "squat", semi officiel, mis en place à l'initiative de RESF, il ne reçoit bien entendu d’autre soutien que la solidarité, extraordinaire des Auvergnats, et le soutien inconditionnel de RESF. Sur ce site, sont hébergés des mineurs isolés, une quarantaine. Il s’agit d’une ancienne maison et d’un atelier, aménagés avec des lits et tout ce dont les jeunes ont besoin pour leur survie. Ces jeunes s’efforcent avec peu de moyens de le rendre accueillant en organisant la vie intérieure et en ayant nettoyé le terrain.

Cette solidarité qui s’organise à quelque chose de rassurant. Elle permet au moins de faire un pied de nez aux autorités publiques, qui ne remplissent pas leurs obligations et qui parfois s’ingénient à mettre des bâtons dans les roues. On en veut pour preuve l’incapacité à accueillir correctement et dans les délais légaux les demandeurs d’asile, et l’obstination de certains services sociaux (l’aide sociale à l’enfance en particulier) pour contester l’âge des mineurs et mieux les écarter des dispositifs d’aide. Les Conseils départementaux ont d’ailleurs adopté un peu partout cette stratégie (exemple de la Haute-Garonne)

Elle montre aussi la puissance du sentiment humaniste, qui heureusement, est encore largement répandu. Elle est d’une efficacité redoutable car elle permet de tisser un véritable réseau : ainsi a-t-on vu agir les associations humanitaires et se démultiplier des citoyens, mais aussi des médecins, personnels soignants, formateurs, éducateurs, qui sont venus apporter une aide bienvenue et précieuse.

La solidarité qui rencontre ses limites….

Les associations et les citoyens  se dépensent sans compter pour intervenir en soutien des migrants, et se battent pour obtenir des autorités les solutions dignes et pérennes qu’exige la situation

Il est bien évident qu’un site universitaire n’a pas vocation à servir de « camp de réfugiés » dans la durée ; ceux qui sont habilités à le gérer veulent lui voir rapidement recouvrer sa vocation initiale. Les associations qui interviennent, notamment les étudiants de l’UNEF, commencent à s’épuiser. Les citoyens  et militants ont évidemment le sentiment que la stratégie préfectorale consiste à laisser pourrir la situation. 

S’ils continuent leur combat, c’est pour soulager la détresse matérielle et morale de ces familles ou de ces jeunes mineurs isolés. C’est aussi pour obtenir des autorités qu’elles remplissent enfin leurs devoirs.

La médiatisation est aussi un enjeu de taille pour ces collectifs humanitaires car il leur faut exercer une pression forte pour faire cesser dans un pays comme le nôtre, qui se veut encore le pays des droits de l’homme et du droit d’asile, une situation indigne de notre temps. Certes nous ne sommes pas les seuls et nous voyons se multiplier partout en France de telles situations. C’est la raison pour laquelle toutes les initiatives locales, comme celles du Collectif #ClermontFacSolidaire ,de
RESF 63, de la pétition en soutien aux #Réfugiés de la #FacDeLettres de #ClermontFd doivent recevoir un soutien médiatique national.

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