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Billet de blog 13 décembre 2021

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Une primaire pour que le bloc bourgeois choisisse son candidat de « gauche » ?

Les initiateurs de la « primaire populaire » sont-ils naïfs, manipulés ou manipulateurs ?

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Naïfs sont celles et ceux qui, en additionnant les intentions de vote exprimées dans des sondages à la fiabilité plus que douteuse, pensent que les électeurs potentiels de Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Yannick Jadot ou Arnaud Montebourg se retrouveraient dans une candidature unique issue de la « primaire populaire ».

En arithmétique électorale, 1+1 fait rarement 2. Les européistes et les eurosceptiques, les pro-nucléaires et les anti-nucléaires, ceux qui ont participé au gouvernement Hollande et ceux l’ont combattu, ceux qui défilent aux côtés des syndicats de police factieux et ceux qui s’y refusent, ne se retrouveront pas par magie tous ensemble derrière une seule tête.

Le problème de la gauche en 2022 n’est pas la multiplicité des candidatures : il y avait 6 candidats de gauche en 1981 et cela n’a pas empêché François Mitterrand de gagner. Le véritable problème, c’est qu’aucun des candidats ne semble (à ce stade) mobiliser les électeurs qui sont les premières victimes des politiques menées depuis des décennies, notamment par certains partis dits « de gauche » quand ils étaient au pouvoir (PS, EELV). Un concours de beauté rassemblant certains de ceux qui ont approuvé ces politiques, fût-il qualifié de « populaire » et soutenu par Juliette Binoche, est-il de nature à les convaincre qu’ils ne seraient pas une fois de plus trahis par le (la) candidat(e) qui en sortirait vainqueur ? On peut en douter.

Mais se pourrait-il qu’il n’y ait pas que de la naïveté de la part des promoteurs de la « primaire populaire » ? Un petit détour par le Chili n’est pas inutile pour comprendre les manœuvres auxquelles donnent lieu des primaires ouvertes. Pour désigner le candidat de la coalition de gauche « Apruebo Dignidad » à l'élection présidentielle chilienne, une primaire a été organisée en octobre dernier entre Daniel Jadue (maire communiste de la commune de Recoleta dans l’agglomération de Santiago) et Gabriel Boric (ancien dirigeant d’un syndicat étudiant). Alors que Jadue était donné largement favori, c’est Boric, au profil de centre-gauche, qui a été élu. Et, oh surprise, il doit sa victoire aux électeurs des quartiers huppés de Santiago alors que ceux des quartiers populaires ont largement soutenu Jadue. C’est donc la bourgeoisie chilienne qui a choisi son candidat « de gauche ». Et elle a choisi celui qui, s’il venait à remporter l’élection présidentielle du 19 décembre, serait bien moins dangereux pour ses intérêts.

Les initiateurs de la « primaire populaire » se prêteraient-ils, volontairement ou pas, à ce type de manœuvre ? S’agirait-il d’une opération visant à éliminer, ou à marginaliser Jean-Luc Mélenchon, jugé plus dangereux par l’oligarchie de ce pays ? Le profil d’un des porte-paroles de la « primaire populaire », Samuel Grzybowski, devrait pour le moins susciter quelques interrogations. En avril 2016, il apportait un soutien sans équivoque à Emmanuel Macron qui venait de lancer son mouvement En Marche.

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