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Billet de blog 16 novembre 2019

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«L’expérience de vie» des réfugiés tibétains à Achères

Au risque de souiller leurs escarpins, deux députées LREM se sont rendues à Achères (Yvelines) où 700 réfugiés tibétains pataugent dans la boue et dorment sous des tentes dans un camp de fortune.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis plusieurs mois, des centaines de réfugiés originaires du Tibet s’entassent dans des campements de fortune à Achères, après avoir été expulsés à plusieurs reprises cette année, sans qu’aucune solution d’hébergement ne leur soit proposée (voir ici).

Les conditions d’hygiène dans le camp d’Achères sont catastrophiques : un seul point d’eau, pas de douches, pas de sanitaires, pas d’électricité. Saisi en référé par des associations, le Tribunal administratif de Versailles a ordonné le 11 octobre la mise en place dans un délai de huit jours de dix points d'eau, de dix douches et de toilettes. Le juge des référés a évoqué « une carence de nature à exposer ces personnes, de manière caractérisée, à des traitements inhumains ou dégradants, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ».

Le délai d’exécution étant dépassé sans aucune action de la part de la préfecture ou de la mairie d’Achères, les associations ont déposé fin octobre un recours devant le Conseil d’État qui vient de confirmer l’ordonnance du Tribunal administratif (voir ici).

Le 14 novembre, Mme Natalia Pouzyreff, députée LREM de la 6ème circonscription des Yvelines (qui comprend la ville d’Achères) et Mme Florence Granjus, députée LREM de la 12ème circonscription des Yvelines (qui comprend la ville voisine de Poissy) se sont rendues dans le camp d’Achères. La presse locale était bien évidemment invitée, ainsi que quelques photographes pour immortaliser cette visite sur Tweeter (voir ici). Il y avait même un représentant des « Jeunes avec Macron » (si, si, ça existe !) qui a été ému par l’accueil « émouvant » des Tibétains (voir ici, c’est vraiment mignon à cet âge-là !).

A la suite de cette visite, Mme Pouzyreff a tenu à nous rassurer : « la mise à l’abri est imminente ». Quelle efficacité ! Il lui aura sans doute suffi d’un appel téléphonique au sous-préfet et le problème serait en voie d’être résolu. Étant donné que cette situation perdure depuis près d’un an, que n’est-elle intervenue dès le début auprès du sous-préfet ? Car on peut lui faire une confiance aveugle à ce haut fonctionnaire : il a déjà expulsé à plusieurs reprises ces réfugiés sans leur trouver le moindre hébergement et a purement et simplement ignoré l’ordonnance du tribunal administratif. A l’évidence, ce représentant de l'Etat a pour seule préoccupation de respecter les droits des réfugiés.

Tout comme Mme Pouzyreff au demeurant. Le 1er août 2018, elle approuvait le projet de loi Asile et Immigration, qui durcissait les conditions d’exercice du droit d’asile en France et étendait la durée de rétention à 90 jours, y compris pour les enfants. Quant à Mme Granjus, elle a de fortes convictions en la matière et c’est pourquoi elle n’a pas pris part au vote après s'être abstenue en première lecture (voir ici). On ne transige pas avec les droits fondamentaux à LREM.

A la suite de sa visite médiatisée à Achères, Mme Pouzyreff, dans ce qui se voulait sans doute être un grand élan d'humanité, twittait (voir ici) : « Cette visite de #terrain nous éclaire sur les expériences de vie et la nécessité d’approfondir nos mesures d’#intégration. »

« Les expériences de vie » ! Quel bel exemple de langue de bois et quelle indécence pour évoquer ces femmes, hommes et enfants qui sont à la rue depuis des mois, dans des conditions inhumaines et dégradantes voulues par le gouvernement que soutiennent ces élues LREM et aggravées par les lois qu’elle votent.

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