La Première ministre, qu’on ne connaissait pas si préoccupée par l’idéologie du Rassemblement National, a découvert il y a quelques jours que ce parti était l’héritier de Pétain. Héritage incontestable puisqu’à la fondation du Front National en 1972 se trouvaient aux côtés de Jean-Marie Le Pen de sympathiques personnalités comme François Brigneau, ancien milicien, ou encore Pierre Bousquet, ancien de la division SS Charlemagne.
Ce propos semble avoir déplu au Monarque qui se serait empressé de « recadrer » l’impertinente comme l’ont rapporté les plumitifs du régime. Quelques-uns des courtisans ayant (ou prétendant avoir) entendu les propos réprobateurs les ont confirmés. « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux », des « mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus » aurait assuré Emmanuel Macron en Conseil des ministres.
Que les « arguments moraux » n’aient pas grande valeur aux yeux de l’ancien banquier d’affaire, recruté pour ses capacités exceptionnelles à exercer un métier de p*te selon Alain Minc, on s’en doutait un peu. Au passage, les professionnelles en question pourraient légitimement se sentir insultées et ne méritent certainement pas une telle comparaison.
Les « héritiers » du Maréchal ont évidemment accueilli avec ravissement le « recadrage » du Monarque et ont exigé des excuses de la part de la Première ministre. Voilà une bataille idéologique qui se joue à front renversé, si l’on ose dire. Car si les frontistes s’efforcent de gommer leur origines (du moins depuis que la châtelaine a hérité le parti de son père), l’hôte de l’Élysée exhume sans relâche les déchets de la pensée d’extrême-droite.
A ses yeux, Pétain fut d’abord un « grand soldat » à qui il entendait rendre hommage en novembre 2018 avant de se rétracter. Le projet de SNU présente de troublantes ressemblances avec les Chantiers de la Jeunesses chers au Maréchal. En décembre 2019, Elie Hatem, ancien de l’Action Française, antisémite notoire et nostalgique du Maréchal, posait tout sourire avec le Monarque et Marie-Antoinette à l’Elysée.
En février 2020, c’est à Maurras qu’il empruntait la distinction entre « pays légal » et « pays réel » en s’adressant aux députés LREM sur les thèmes de l’immigration et du « séparatisme ». En juillet 2022, il reprenait l’idée de « nation organique » qui est au cœur des idéologies fascistes. Enfin, tout dernièrement, c’est chez Renaud Camus, idéologue d’extrême-droite à qui l’ont doit le « grand remplacement » cher à Eric Zemmour, que le Monarque est allé chercher le « processus de décivilisation » qui menacerait le pays.
On le voit : si le brun est la couleur des renflements à l’origine des saillies littéraires de Bruno Le Maire, c’est aussi la couleur des déchets que s’emploie à recycler l’hôte de l’Élysée.