François Bayrou ne grimpera pas à la tribune du Congrès, lundi 22 juin, pour répondre au discours que le Président de la République prononcera devant la quasi-totalité des parlementaires réunis à Versailles (une première dans l'histoire de la Ve République), d'après les informations recueillies par Mediapart.
Le patron du Modem, «premier opposant» auto-proclamé du chef de l'Etat, aurait pu, pourtant: l'attelage des élus «non-inscrits», dont il fait partie, disposera précisément de 5 minutes dans le débat qui suivra l'allocution présidentielle (contre 10 minutes pour les représentants des groupes politiques, tels l'UMP ou le Nouveau centre).
Le règlement du Congrès précise en effet: «Un temps de parole de cinq minutes est attribué au député ou au sénateur n’appartenant à aucun groupe qui s’est fait inscrire le premier dans le débat». Il suffisait donc à François Bayrou, pour décrocher le droit de causer, de tirer plus vite que les 14 autres non-inscrits de l'Assemblée et du Sénat (parmi lesquels sa poignée d'«amis» du Modem et les proches de Philippe de Villiers).
C'est d'ailleurs ce qu'avait prévu son entourage, vendredi dernier, au lendemain de l'annonce de la convocation du Congrès par l'Elysée: le cabinet de François Bayrou, plus rapide que son ombre, avait pris soin de contacter les «services de la séance» de l'Assemblée et de préempter la place. L'image de François Bayrou répliquant à Nicolas Sarkozy à la tribune de Versailles pouvait présenter a priori quelque intérêt: les socialistes ayant décidé de boycotter le débat, le président du Modem aurait été le seul opposant revendiqué à s'exprimer devant le Congrès.
Mais mercerdi 17 juin, François Bayrou a finalement changé d'avis et décidé de laisser la place. Pas question, après réflexion, de prendre la parole dans un simulacre de débat, organisé en l'absence du chef de l'Etat, qui sera déjà reparti (comme l'exige la Constitution).
Du coup, c'est le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (qui s'était habilement positionné en second sur la liste des volontaires), qui devrait récupérer les 5 minutes de temps de parole des «non-inscrits». Mercredi après-midi, à son bureau, on exultait.
François Bayrou, lui, estime qu'il apparaîtra ainsi plus cohérent avec sa critique radicale de la réforme des institutions, en particulier de l'instauration d'un droit d'allocution présidentielle devant la représentation nationale -une mesure «humiliante pour le Parlement», avait-il expliqué à Mediapart au printemps dernier: