matthieu doze
Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 févr. 2023

matthieu doze
Abonné·e de Mediapart

ALERTE ROUGE !

L'IA de la start-up nation est au bord du burn-out. Tous les traducteurs de langue de bois à ma disposition sont formels : les prises de parole de Borne et ses congénères aux ordres se réduisent à un seul mot : IMPÔT ! Un impôt massif qui tait son nom et permet donc cependant de prétendre vouloir les baisser.

matthieu doze
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ils continueront d'opposer à « président des riches » la suppression de la taxe d'habitation, celle de la contribution à l'audiovisuel public (qui n'a d'autre objectif que permettre à terme de n'en plus en assurer le financement, pas assez à la botte) et l'ensemble des millions versés ici et là pour vite faire pansements (j'y tiens) collés à la hâte, n'importe comment en sorte d'éviter que l'ensemble ne craque à partir d'un seul point où ça ne tient plus du tout. Quelques millions ici et quelques % là. C'est commode pour tromper les esprits de choisir opportunément de parler en € ou en % et donner ainsi à peu de frais l'impression d'agir puissamment. Effet garanti.

Oui mais voilà, les pansements il y a si longtemps que les gouvernements successifs en ont fait l'outil privilégié de leur action sauf que les plaies sont désormais si infectées que la chose est en train d'achever de se gangréner, partout.

Cependant toujours la même antienne : il est nécessaire et parfaitement urgent de faire baisser les taux d'impositions auxquels nous sommes soumis.

« Impôt » est devenu un gros mot (« politique » aussi, vous avez remarqué ?). C'est le cas depuis toujours pour la droite mais de plus en plus également pour beaucoup à mesure de l'ancrage de déviations sémantiques sciemment entretenues par les dirigeants successifs, qui finissent par polluer des cerveaux autrefois encore capables de discernement mais que la désormais permanence du smartphone (en ce qu'il permet un fantasme d'immédiateté permanente, empêche le recul et ce faisant le temps de penser), achève de rendre disponibles (comme disait le regretté le Lay !) à ce genre de manipulation de masse.

Il s'agit en effet, pour mieux supprimer l'idée même de service public en général, de sécurité sociale, de système éducatif digne de ce nom (et de recherche!), d'accès aux savoirs, à la culture... de faire oublier qu'avant d'être majoritairement (combien de milliards ?) détournés au profit de l'entreprise en général et de l'entreprise financiarisée en particulier, de la toujours plus broyante machine dite économique, celle là même qui aimerait si intensément un retour aux pratiques du XIXème siècle, elle même solution rendue acceptable pour pallier la fin de l'esclavagisme, qui obtient petit à petit mais toujours ce qu'elle réclame en usant d'un odieux chantage au chômage, faire oublier à toute force donc que les impôts sont ce sans quoi nulle hypothèse de société se disant démocratique ne saurait exister. Sauf qu'aujourd'hui, ce qu'ils cherchent c'est laisser faire sociétéS, ségréguer.

On voudrait donc payer moins d'impôts tout en continuant à bénéficier d'une école, d'une sécurité sociale (soin, chômage, retraite...), d'un entretien des patrimoines,

d'accès aux cultures, aux arts, aux sports, de subventionner les associations, offrir un service public pluriel, une défense efficace...

Que reste-t-il de tout ça ? Que reste-t-il de cet extraordinaire et irremplaçable élan de vie qui a succédé aux deux guerres mondiales et qui est ce par quoi on a refait société ?

J'ai toujours honnêtement déclaré mes revenus et payé les impôts qui m'étaient réclamés mais je dois avouer que plus le temps passe et plus il m'est désagréable de le faire tant j'estime que l'usage fait, en mon nom, de cette contribution est honteux, méprisant, indigne de la situation... Inhumain.

Et ils continuent cyniquement de dire état providence.

Et on nous prévient que c'est la fin de l'abondance (mais pas du jet-ski, ni du tourisme footballistique du président, hein)

Et ainsi va-t-on continuer à nous prendre pour des imbéciles tandis qu'on achève méthodiquement de laminer la plus que jamais fragile hypothèse démocratique :

à dessein, surtout user de « charges » en place de « cotisations »,

parler de « travail » et même de "valeur travail" en place d' « emploi » (cf la transformation prochaine par notre président de Pôle-Emploi en France-Travail),

accorder « généreusement » des primes quand il est flagrant qu'il y a urgence vitale augmenter les salaires,

favoriser les heures supplémentaires en prétendant vouloir créer des emplois,

continuer de fracasser avec application ce qui subsiste des 35h au moment même où se multiplient les retours d'expériences d'entreprises enthousiastes (patrons et employés) d'avoir osé essayer les 32h sans baisse de salaire, d'où la formidable dernière idée géniale exposée par Attal de tester 35h sur 4 jours de travail pour faire comme si, alors qu'en fait, il ne faut pas être particulièrement brillant pour comprendre qu'il s'agit de mieux exploiter la bête encore, bande de flemmards va,

se gargariser de la baisse historique pourtant manifestement mensongère du nombre de chômeurs et continuer de viser à proche horizon le plein emploi en obligeant ceux qui cherchent du travail à accepter n'importe quelle proposition d'emploi dans un système où l'intérim règne plus que jamais en maître ce qui permet en effet de faire sortir des statistiques un nombre tout à fait conséquent d'individus employés au jour le jour,

etc.

Rappeler au passage que les employés intérimaires sont la panacée :

horaires parfaitement flexibles, pas de syndicalisation donc pas de grève et pas de revendication salariale, pas d'ancienneté et encore moins de 13ème mois, aucun avantage (ticket restaurant, mutuelle...), que sais-je...

La coordination des intermittents et précaires avait dès 2003 insisté sur l'une des raisons pour lesquelles il fallait se débarrasser de ce remarquable régime d'accompagnement spécifique de métiers par nature discontinus et donc déstabilisants pour la construction humaine dans la société. De Jacques Attali lui-même, cette déclaration dans libération du 19 février 2016 : Pourtant, l’avenir est à la formation des chômeurs et à la flexibilité du travail : le statut d’intermittent du spectacle est le statut d’avenir de la société. C’est dans cet esprit que la commission qui porte mon nom avait proposé le «contrat d’évolution». L’idée est que toute personne qui se forme mérite salaire - et je dis bien salaire, pas allocation - parce que se former est une activité socialement utile.

Alors non, bien sûr, aujourd'hui il est urgent d'affamer toujours plus ceux qui n'ont déjà plus de quoi manger en réduisant drastiquement le montant des aides sociales, le montant ET la durée de prise en charge des périodes sans emploi, en augmentant les impôts directs (CSG...), en ne modifiant pas les TVA...

Me sont plus insupportables que jamais les privilèges accordés aux entreprises, les CICE, exonérations de charges et autres dispositifs offerts sans aucune exigence de contrepartie et ce faisant favorisant l'actionnariat vorace tandis qu'une part croissante des salariés ne gagne pas de quoi vivre décemment.

De même les privilèges autorisés par le biais de manipulations tordues mais légales opérées par des avocats fiscalistes dûment payés par les particuliers qui en ont les moyens en sorte d'échapper autant que possible à quelque contribution solidaire que ce soit.

ON est en train d'une main de nous demander de payer les épouvantables effets de l'application ininterrompue des doctrines néo-libérales qu'ON a décider d'adopter depuis le début des années 80 dont l'objectif est de saccager définitivement l'hypothèse d'une société de partage, d'entraide, de considération de l'être humain au profit de la concurrencve, et ON nous demande de l'autre de continuer à FAIRE DES EFFORTS en sorte de toujours faire croire que ce modèle est viable, pardon, le seul possible !

Que cette réforme des retraites est l'assurance de la pérennité du système, pensée émue pour les générations futures dont on massacre cependant la planète.

La France est un pays riche, très riche, qui fabrique sciemment toujours plus de pauvres. L'accélération des effets parfaitement néfastes de la privatisation globale est manifestement exponentielle. Au delà de l'injustice insupportable, ce qui se profile est très dangereux.

Dans ma grande naïveté, j'avoue ne pas comprendre comment il se fait que nous soyons en mesure, au plan strictement humain, d'être en capacité de penser (encore un peu) l'entraide, la solidarité tandis qu'au plan de l'entreprise il ne saurait exister rien d'autre que la concurrence et ainsi, le cannibalisme. Si donc on continue à n'avoir comme modèle que l'entreprise, si on continue de lui donner tout l'argent, lui déléguer tous les pouvoirs, alors nous deviendrons forcément cannibales.

Le pire est à venir et l'à venir est déjà là.

Et voici Darmanin et une loi avec à n'en pas douter de vrais morceaux de LePen dedans !

Il n'est que temps d'occuper massivement et bruyamment l'espace de nos revendications !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte