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Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 4 novembre 2024

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Shoah, un processus, un consensus à l'épreuve d'un supplice, une planète complice

A Loreleï Mirot et à Myriam Encaoua, journaliste à LCP...

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Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Tribune : "la traque infinie : comment un processus de stigmatisation, dont la légistique et la logistique ont côtoyé le caniveau et les ruelles, voire même les truelles, mène à l'extermination cruelle de toute une espèce humaine, à des fins scientifiques, commerciales, et même triviales, à la pelle et à la pelletée fatale, le banalisation du mal, le bal macabre sous un arbre aux racines remontant avant même la chrétienté, en guise de peuplier, planté avec une fidélité sans faille aux institutions, aux autorités d'un Etat prétendu républicain, à la méritocratie dévoyée des voyous, à un principe de laïcité en guise de passoire... comment ce consensus a conduit au délabrement, au démembrement, au désossement, à la décomposition programmée des Juifs Ashkénazes, depuis leurs corps jusqu'au décor, pour une fois dégrisé, en fin de soirée ou lors de matinée illuminée par la rosée, le mauve ou la violette, jusqu'au renouveau, difficilement visible, car éphémère, à peine évènementiel, d'une culture yiddish... et comment un ressuscitement a été assimilé à l'héritage troublé des complicités, depuis les procès de quelques-uns seulement des hauts dignitaires nazis, à Nuremberg ou ailleurs, jusqu'à l'oubli savamment organisé en France, de ce crime contre l'humanité, ce crime de masse, païen, chrétien, bourgeois, aristocrate, tout ce que vous souhaitez... au sein de la France occupée, malgré une résistance, un tantinet communiste, mais plutôt tout simplement humaniste, puis devenue un scénario opportuniste, et en fin de compte carrément favorable au socialisme, à une "macronie" anachronique, avec des liens ténus au gaullisme soit méprisant, soit "droit dans ses bottes" ou éclairé par une heureuse parenthèse sarkozyste... un abattement, suivi d'une battue et d'une ablation, dont les restes ont été affublés d'une brillante appellation - la "Shoah" (Claude Lanzmann) -, à l'apparence hybride entre le charisme et un charme enchanteur, délicieux... une occultation,  dont le souvenir a laissé la trace d'un aphorisme incomplet, d'une euphorie collective, d'un devoir mémoire atrophié... dont la faute de l'absence a été rejetée sur le monde arabo-musulman, hâtivement, dont la brutalité a été justifiée par une impasse de l'Histoire, par des résolutions juridiques inutiles, des échanges diplomatiques, ponctués par des tueries et des assassinats ciblés, en d'autres termes, des massacres d'innocents, de tout âge et de tout bord politique, en faveur de la guerre ou de la pais, suivis par le sacrifice de leaders islamistes qui n'ont pas su se cacher, pour le prestige d'une Palestine libre, d'un Liban sous pression, aux côtés d'une nation israélienne, au sommet de sa force, par moment attentionnée aux conseils avisés d'un écrivain, aux écrits vains, en provenance du 20e arrondissement et d'une équipe soudée, mais réduite à quelques collègues, des cris qui sont la résonance d'un énième arrangement avec la réalité...  limitrophe d'un Etat d'Israël une fois de plus inquiétée par les abandons en série, les atermoiements de nations aux raisons obscures, aux raisonnements bruts, brutaux, par le rationnement des livraisons d'armes, malgré les larmes, et l'enrôlement façon canapé de pouilleuses, d'une française juive d'origine allemande, au physique pourtant issu de la sélection naturelle et désormais artificielle..."

La Shoah n’a pas surgi de nulle part. Elle est le fruit d’un processus méthodique, implacable, et d’une lente déshumanisation, qui a conduit des millions de Juifs ashkénazes, de culture yiddish, vers l’enfer des camps d’extermination, les camps de la mort, avec la bénédiction de fonctionnaires zélés et de juristes dénommés les "Einsatzgruppen" (Michaël Prazan).

L’entreprise d’éradication menée par le régime nazi était nourrie par des décennies de stigmatisation et de préjugés, qui ont pris racine bien avant le 3ème Reich. Elle s’est construite dans un système perverti, où la haine s’est transformée en bureaucratie de la mort, une machine de déshumanisation totale qui a trouvé son apogée dans l’horreur des chambres a gaz.

Dès l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, la communauté juive ashkénaze d’Europe de l’Est et d’Allemagne fut la cible d’une propagande abjecte, qui cherchait objectivement à la dépeindre comme un ennemi de l'intérieur, un poison, un virus à extirper du corps national-socialiste sain et sauf par la grâce de la chute des Empires, de la fin de la Grande guerre et de la réclamation des réparations, mais aussi d'un réarmement impressionnant.

La culture yiddish, le mode de vie et les croyances juives furent caricaturés, ridiculisés et réduits à des stéréotypes effrayants, un processus qui visait à conditionner les populations pour qu’elles acceptent, voire acquiescent, consentent, applaudissent, leur future déportation. Les lois raciales de Nuremberg, adoptées en 1935, marquèrent une étape clé dans cette déshumanisation, en codifiant la distinction entre Juifs et
« Aryens », légitimant ainsi leur persécution systématique, une pourchasse, une recherche que l'on qualifierait aujourd'hui de systémique ou infernale.

De la stigmatisation à l’exploitation, de la marque de fabrique jusqu'à la fabrication et le rafistolage d'êtres humains, il n’y avait qu’un pas, et les nazis l’ont franchi allègrement. Les corps des Juifs ne devaient pas seulement disparaître, ils allaient être exploités jusqu’à la moelle, jusqu'aux dedans des corps, des cerveaux, jusqu'à des formes barbares d'eugénisme. Des expériences pseudo-scientifiques ignobles furent ainsi menées par des médecins tels que Josef Mengele, qui mutilaient, étudiaient, dépeçaient les membres de leurs victimes au nom d’une science dévoyée, dans un silence de plomb, à faire sauter les plombs, à faire péter les boulons de n'importe qui. Les corps eux-mêmes furent parfois « recyclés » dans une horreur sans fond : cheveux, dents, os, tout ce qui pouvait avoir une quelconque valeur commerciale était transformé et utilisé pour la gloire d'un régime corrompu et absous par le Vatican.

Cette extermination, froide et bureaucratique, a culminé dans les camps de la mort, où même les bébés, les enfants, les mères enceintes furent assassinés sans distinction. Le système de ces camps – Auschwitz, Treblinka, Sobibor et tant d’autres – était le symbole d’une industrialisation de la mort, construite pour anéantir jusqu’au dernier représentant de la communauté juive ashkénaze. La découverte de ces horreurs par les soldats soviétiques en 1945, après d’innombrables sacrifices, et plus tard par les Alliés, ne dévoila que trop tard l’ampleur de l’inhumanité qui avait englouti une Europe déglutinant, dégoulinante de sa peste "brune".

Pourtant, à la libération, l’Europe et le monde ne se sont pas purgés des racines de cette haine. Au contraire, certains criminels nazis, forts de leurs compétences scientifiques, techniques ou administratives, ont été « recasés » par les Alliés. Aux États-Unis, des programmes comme l’opération Paperclip ont permis à d’anciens dignitaires nazis de poursuivre des carrières prolifiques. La France, elle aussi, a offert un refuge à certains collaborateurs, certains même bénéficiant de l’indulgence, voire de la protection de François Mitterrand, qui côtoya des collaborateurs notoires, comme René Bousquet, et se garda de leur demander de rendre des comptes, ne se résoudra jamais à résoudre des "problèmes", d'ailleurs convergents, comme l'antisémitisme le colonialisme, le racisme, les luttes d'indépendance...

Ces complicités, qui ne furent que trop rarement dénoncées, sont autant de trahisons de la mémoire des victimes de ces fléaux. Le “droit d’inventaire” brandi par certains, comme par exemple Lionel Jospin, voire dénigré par d'autres, comme François Hollande ou Emmanuel Macron, pour se distancer des crimes du régime de Vichy, tout en continuant à fréquenter ceux qui y avaient pris part, leurs descendants encore acquis à ces causes perdues du néo-nazisme ou d'un prétendu fascisme, a été une manière habile de tourner la page sans jamais la lire. Les complicités passées avec les bourreaux du 3ème Reich témoignent d’une lâcheté politique, d’une indifférence à la justice, et d’une amnésie collective dangereuse pour la cohésion nationale.

Alors que la mémoire de la Shoah continue d’être l’objet de négation et de relativisme, il est urgent de rappeler le processus historique qui a mené à cette horreur. Ce ne sont pas seulement les actes des nazis qui ont permis la Shoah, mais bien une société entière, un monde qui n’a pas su ou voulu voir la montée de cette haine, qui n’a pas su faire face à ses complicités et à ses lâchetés.

Se souvenir de la Shoah n’est pas un exercice de mémoire ; c’est une responsabilité vis-à-vis des générations futures pour qu’elles puissent comprendre comment les préjugés, la stigmatisation et l’inaction peuvent ouvrir la voie aux pires atrocités, aux relents allusifs, vulgaires, dont l'attraction n'a jamais été, jusqu'à aujourd'hui, démentie, dénoncée et rejetée, à la manière de rejetons embrigadés, d'un jeton qu'on introduit dans la fente d'une machine à sous, chez soi ou dans un casino, avec un casier vierge et un badge à la poitrine ou apposée sur la banane, avec le clou du spectacle : un repos bien mérité, malgré les urgences de l'actualité, remises aux calendes grecques, mais en restant toujours attentif et averti aux risques du métier, aux dangers résultant de sa moitié, l'origine vraie et vérifiée de son angoisse, de ses anxiétés déléguées, délayées, mais reliées au manque, au masque de la solidarité, à un costume tiré à quatre épingles...

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