Madame ,
je combats le principe même de la primaire, particulièrement dans le cadre des institutions de la 5 ème République car les primaires ne peuvent que contribuer largement à hypertrophier encore cette plaie que constitue déjà l'élection présidentielle au suffrage universel direct en la transformant en une élection à 4 tours,et même 6, si l'on veut bien compter les deux tours des législatives placées juste après les Présidentielles depuis la malheureuse réforme de 2002 (que l'on doit au PS !), législatives qui ne peuvent qu'être des répliques du résultat des présidentielles plaçant de facto les parlementaires et par là le pouvoir Législatif en obligé de l’Exécutif et singulièrement de son chef tout puissant pour 5 ans. Présidentielles qui phagocyte in fine toute la vie démocratique et n'en présente qu'une forme abâtardie et dévoyée par la puissance des média manipulant à force de sondages (pratiqué avec de fameux redressements d'échantillons) les deux premiers tours (les primaires) censés permettre au citoyens la désignation des candidats.
L'enjeu des primaires revient exclusivement à savoir quel serait, selon les sondages, le candidat d'un camp le mieux placé pour éliminer l'autre, et pour les présidentielle de 2017, il s'agit plutôt désormais de savoir quel serait le ou la candidat(e) le mieux placé pour prendre la seconde place, la première étant déjà pratiquement réservée à Madame Le Pen ! Madame, comptez-vous sincèrement sur la presse pour faire leurs gros titres sur le "programme" des candidat(e)s, ou sur la personnalité des candidat(e)s et leur score possible ?
Non les primaires sont une vaste opération de promotion de l'infâme notion de "vote utile" celle dont pourtant tant de citoyens de gauche ont été victimes en 2012 tout particulièrement. Mais quelle est donc cette gauche qui en redemande ? Celle qui en a tiré profit en 2012, oui, et qui ne mérite plus le qualificatif de gauche et voudrait bien volontiers nous refaire le coup du "votutil" en le préparant encore un peu plus en amont, car pour réussir l'opération il lui faut désormais s'y prendre encore plus tôt.
Nous voilà donc en marche vers une élection présidentielle sous "Etat d'urgence permanent" avec les médias qui désigneront les candidat(e)s grâce aux fameuses primaires de droite comme de gauche. Désolé, mais je mettrai ma modeste force de conviction pour tenter de contrarier ce scénario.
Oui, cette idée des primaires je la combats qu'elle soit de droite ou de gauche. Force est de constater que les primaires de gauche de 2012 furent une belle entourloupe, le candidat chouchou des médias l'a emporté, puis il a gagné les présidentielles, il a trahi son vague programme, mais pire, il a fait sien le programme de celui qu'il avait largement battu et distancé, l'homme de droite du PS, un certains Valls qui ne fit pourtant que 5 %. Comment peu-on croire encore aux vertus des primaires ?
Il faut dire que les primaires sont pour les calculs politiciens une aubaine. On se présente non pas pour gagner, mais pour exister et entre les deux tours pouvoir négocier son ralliement au mieux placé pour l'emporter et ainsi solliciter de justes retours d'ascenseurs mesurés aussi bien en postes de ministres qu'en sièges de députés.
Madame, oubliez les primaires, vous avez mieux à faire, il faut parler politique : parler programme pour mettre en mouvement et rassembler les forces citoyennes vives dont ce pays disposeraient encore. Hollande s'est tellement acharnés à les anesthésier ou neutraliser, qu'il est urgent de les réveiller, et autrement qu'avec la perspectives de primaires qui ne peuvent qu'empoisonner un peu plus les débats nécessaires et étouffer l'expression légitimes des conflits entre la gauche et le PS au pouvoir, lequel ne l'oublions pas n'en pas pas fini et en a encore sous le pied en terme de nuisance pour la gauche.
Comment imaginer un instant que des tenants de la politique actuelle se présentent à des primaires parmi les candidats de gauche ?
Non que le PS avec ses alliés et valets présente son candidat ou sa candidate, quel qu'il soit il ou elle sera comptable de la politique de Hollande et Valls Macron et consorts: bon vent pour lui, ou elle!
Que les citoyens et les organisations sociales et politiques qui ont récusé et refusé cette politique s'expriment et s'organisent pour balayer l'hypothèse d'une poursuite de la politique PS/UMP-LR, qu'elle soit conduite par un PS type Hollande Valls Macron ou Juppé, ou Sarkosy Bertrand Raffarin et consort : la couleur du bonnet blanc ou du blanc bonnet n'étant plus qu'appréciation personnelle sans réelle importance face aux défis de notre temps, de grâce ne conviait pas nos concitoyens à discuter de la blancheur comparé des bonnets ?
Oui, je combats cette triste idée des primaires, bien conscient que c'est un leurre démocratique qui au final nous installent dans les ornières où nous sommes coincés, au point qu'elle ne peuvent que favoriser ceux qui sont bientôt les seuls, hélas, aux yeux d'un grands nombre de nos concitoyens à ouvrir un espoir d'en sortir : le FN.
Sachez Madame que bien autant que vous j'estime cette sortie 'FN' un terrible dérapage à éviter, et je considère que poursuivre avec les règles de la 5ème république en les hypertrophiant encore par ces primaires ne peut que favoriser à terme cette dangereuse, très dangereuse sortie de route.
Je tiens pour principal responsable d'avoir pu rendre désormais plausible voire quasi probable cette embardée mortifère le sieur Hollande et sa bande, le PS et ses élus qui n'ont pas que laissé faire, car en désorientant totalement les citoyens de gauche en face d'un droite malade, en se faisant les chantres d'une politique qui n'est pas de gauche, en brouillant ainsi les cartes, ils ont semé et continue encore à semer tous les ferments d'un vote FN. Je les tiens plus responsable que la droite, qui a elle aussi sa propre responsabilité avec la dérive "buissonnière" de Sarkosy donnant du crédit aux thèses du FN, mais c'est tout de même plus prévisibles et donc moins désorientant de la part d'une certaine droite française qui fait partir de notre histoire, qu'on le veuille ou non : sinon comment pourrait-on expliquer Vichy, les pleins pouvoirs à Pétain et encore son accueil 'populaire" à St-Etienne le 6 Juin 1944, oui le jour du débarquement où des anglais, des américains, des canadiens, des australiens et d'autres encore, dont quelques français aussi c'est vrai, allaient tomber par milliers sur les plages de Normandie. Cette droite n'est pas morte, elle est capable du pire, on le sait.
Une certaine gauche c'est déjà tristement perdue dans notre histoire, on pourrait parler de celle de Guy Mollet évidemment, et pour le dire tout net, ce ne fut pas une perte de s'en être un moment débarrassé ! Hélas c'est pour la voir repointer son nez depuis quelques années déjà. Alors oui, il va falloir en faire le deuil de cette avatar de gauche, et ce ne sont pas des primaires à "gauche" qui vont achever le nécessaire travail de deuil et arrêter cette trop lente agonie qui nous coûte cher, trop cher. Quel temps perdu !
Bien au contraire, les primaires à gauche ne sont qu'un acharnement thérapeutique proposé pour maintenir cette funeste prétendue gauche, pour la maintenir en fait en état de nuire encore et interdire le virage politique qui s'impose devant les défis de l'économie mondialisée et son cortège de tensions géopolitiques guerrières de désordres planétaires que se soit sur le plan social,climatique et au final humanitaire bien sûr. Car au delà et plus que la planète, c'est bien l'humanité qui est en danger.
Si vous êtes ouverte à la discussion, et je vous en fait crédit d'avance, j'imagine que vous aurez à cœur de faire connaître la teneur de ma réponse à ceux que vous avez comme moi-même, sollicité par mail,
Je vous en remercie par avance.
PS je me permets de faire de cette réponse un billet de mon blog sur Médiapart, et je vous remercie de m'avoir ainsi donné l'occasion d'exprimer mon point de vue sur les primaires
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Le message de Caroline de Haas
Bonjour,
je me permets de t'envoyer une information qqui peut t'interesser
comme tu l'as peut-être vu dans les médias ces derniers jours, un appel à une primaire a été lancé. Ce texte a rendu possible d'imaginer l'organisation d'une primaire à gauche. Il y a encore quelques semaines, c'était impensable.
Il reste un os : pour l'instant, personne ne s'est porté volontaire pour l'organiser. Alors nous posons la question : pourquoi pas nous ?
Nous sommes une cinquantaine de citoyennes et citoyens, militant-e-s ou non, engagé-e-s dans des organisations politiques, syndicales et associatives. Nous te proposons de saisir la balle au bond avec nous. 40 intellectuels appellent à une primaire de gauche ? Nous, citoyennes et citoyens, répondons : OK, nous l'organisons !
On peut se dire les choses franchement : c’est pas super bien engagé. Entre le bal des égos, les anathèmes, les histoires d’appareil et la dispersion des candidats à la candidature, tout semble nous préparer au fiasco. Nous ne nous résignons pas.
Nous pensons qu'une primaire, rassemblant des centaines de milliers de votant-e-s, peut changer la donne. Elle peut donner l'occasion de faire émerger une alternative politique, écologique et sociale aux renoncements permanents, de renouveler les pratiques et de rassembler celles et ceux qui sont aujourd'hui fragmenté-e-s. La primaire peut faire émerger un horizon commun et une dynamique citoyenne et sociale permettant de reprendre en main nos destins. Elle peut également être l’occasion de faire émerger des débats politiques autour du temps de travail, de la transition écologique, du droit de vote des étrangers, de la réforme fiscale plutôt que de passer la présidentielle sur le coût du travail et les « problèmes » d’immigration.
Nous constituons donc le comité d'organisation de la primaire et te proposons de le rejoindre. Composé d'au moins 1000 citoyennes et citoyens, ce comité sera rendu public ce week-end à travers un texte que tu trouveras en pièce jointe.
Comme tu vas le voir, ce texte appelle toutes celles et ceux qui sont intéressé-e-s à rejoindre ce collectif et à participer à l'organisation de la primaire. Participer, cela signifie d'abord la financer : une primaire coûte à minima 200 000 € (site internet, saisie des listes électorales, huissiers, matériel de vote, ...). C’est pour cette raison que toutes les personnes participant au comité d’organisation s’engagent à contribuer à son financement à hauteur de leurs possibilités. Participer, cela signifie aussi donner du temps si on en a un peu : dès le lancement du site, nous proposerons la mise en place de comités locaux, d'équipes de travail sur des campagnes thématiques, d'équipes pour aller faire connaître la primaire. Il s’agira aussi d’écrire ensemble les règles du jeu : qui peut candidater, comment, à quelles dates le vote aura lieu, etc…
Tout reste à construire. Nous te proposons de le faire ensemble ! Est-ce que cela t'intéresse ? Si oui, c'est simple ! Rejoins le comité d'organisation de la primaire de gauche en cliquant ici.
A bientôt !
Caroline De Haas
Militante féministe
PS : Si tu connais des gens que ce message peut intéresser, n'hésite pas à leur envoyer. Pense à préciser de ne pas le diffuser sur les réseaux sociaux, blogs ou médias : ce message est sous embargo jusqu'à sa publication !