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Billet de blog 19 décembre 2009

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IY 626 : Un silence troublant

IY 626 est le numéro du vol de Yemenia Airlines qui s'est abimé en mer lors de son arrivée à Moroni. C'était le 30 Juin (le 29/06 à 22h50 TU). Le crash de l'Aibus A310 a provoqué le décès de152 victimes. Une jeune fille de 13 ans est survivante et quasi miraculée.

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IY 626 est le numéro du vol de Yemenia Airlines qui s'est abimé en mer lors de son arrivée à Moroni. C'était le 30 Juin (le 29/06 à 22h50 TU). Le crash de l'Aibus A310 a provoqué le décès de152 victimes. Une jeune fille de 13 ans est survivante et quasi miraculée.

Venant de faire un compte rendu sur la catastrophe du Rio - Paris, AF 447, je me suis dit que la moindre des choses était de faire la même chose sur cette autre accident.

Comme d'habitude, après un pic médiatique, des mensonges ou erreurs de la communication officielle jusqu'au niveau ministériel (avion soit disant interdit en France - faux ; Compagnie poubelle - agréée de nouveau cette été au niveau européen!; ....) on tombe dans l'oubli. Pourtant beaucoup des victimes étaient de nos concitoyens, mais peut être pas assez "français" si l'on écoute nos ministres et leurs débordements dans ce débat sur l'identité nationale.

Pourtant, contrairement au cas du vol AF 447, les boites noires ont été repèchées fin Août et sont arrivées en France le 31/08 pour analyse, L'Union des Comores ayant sollicité l'aide du BEA pour en effectuer le décryptage. De toute manière, l'Union des Comores est un pays très pauvre et totalement dépourvu de ressources dans ce domaine. C'est donc déjà la France qui a effectué le repérage puis financé le repéchage des boites noires (sous traité à une compagnie américaine).

Il est officiel que le contenu des deux enregistreurs est exploitable. C'est dans le dernier communiqué du 12 septembre 2009 de l'agence officielle des Comores. Ne soyez pas trop surpris, les Comores n'ont rien de sérieux côté aviation civile. C'est donc la météo qui s'occupe de l'enquête!

Selon les conventions internationales, un premier rapport aurait du être émis dans le mois qui suit l'accident et depuis que l'on a les boites noires (3 mois et demi) il semble réaliste que l'on soit en mesure de publier ne serait ce qu'un rapport intermédiaire.

En fait, juridiquement, c'est de la responsabilité de l'Union des Comores, pays totalement dénué de moyens. Comme parties prenantes, il y a bien évidemment le Yemen (compagnie aérienne) et la France (pays de départ et du constructeur de l'avion).

La compagnie Yemenia Airlines a été particulièrement malmenée par les média français et les officiels français jusqu'au ministre des transports, Mr Bussereau qui à du reconnaitre devant le parlement qu'il s'était trompé en se dépêchant d'affirmer que l'avion était interdit en France ce qui était totalement faux. Ce tapage médiatique et officiel avait fini par fâcher la compagnie Yemenia Airlines (et l'état du Yemen) qui a menacée, dès le 7 juillet, d'annuler sa commande de 10 Airbus A350.

Cela commence à parler gros sous donc ça se calme. D'autant plus que la communauté des compagnies aériennes "arabes" fait bloc derrière Yemenia.

Cela se calme même tellement qu'au salon de Dubaï, mi-Novembre 2009, Yemenia Airlines a commandé 10 Airbus A320. Donc tout va bien, business as usual. On est réconcilié. Le gouvernement a fait des effets de manche devant son opinion public quite à raconter n'importe quoi mais c'est vite rentré dans l'ordre. Du coup, messieurs et mesdames des média un petit bout de scotch s'il vous plaît.

Bizarrement, une fuite, soit disant d'origine officielle auprès de l'AFP, fait état d'une erreur de pilotage comme cause du crash mais elle est immédiatement démentie par le gouvernement qui renvoie tout le monde aux résultats à venir de l'enquête officielle

Ensuite, (entre juillet et novembre), cela continue mais on n'en parle pas, ou presque pas en France. Cela commence dans la presse de langue arabe, en octobre, avec le scénario que l'avion aurait été abattu par un missile français! Plusieurs références en langue arabe ou celle ci en anglais.

On continue dans les bizarreries. Le 23 octobre, le journal La Provence mentionne un rapport d'enquête, une transcription du CVR et l'absence de bruit d'explosion (missile ?). Mais aucun écho national dans les média!

Il est évident que tout cela n'est pas très sain et que entre les mensonges de communication du gouvernement et le business, il semble se passer des choses.

J'aurais de loin préférer disposer d'un rapport sérieux et officiel mais c'est de la responsabilité de l'Union des Comores et là, cela semble être proche de la gabegie avec une bonne pression du Yemen.

Revenons aux faits:

L'aéroport de Moroni, Prince Said Ibrahin, code FMCH, est particulièrement mal équipé pour un aéroport "international". Un VOR, un ILS et c'est tout.

Quelles étaient les conditions météo. Le metar (bulletin automatique transmis par radio) officiel est (10 minutes après le crash):

FMCH 292300Z 21025G35KT 9999 FEW020 25/16 Q1017 TEMPO 18015G30KT

Ce qui ce traduit par: sur l'aéroport (FMCH) le 29 à 23h TU (292300Z), le vent vient du 210 (ssw), 25 noeuds avec des rafales à 35 noeuds (21025G35KT), ciel clair, visibilité > 10 km (9999), Rare nuages vers 2000 pieds (FEW020), température 25°C, point de rosée 16°C (25/16) pression au niveau de la mer 1017 hPa (Q1017) Temporairement, vent du 180 (sud), 15 noeuds, rafales 30 noeuds.

Ok, vous savez décodez les metars, voila le précédent, une heure avant et 50 minutes après le crash:

FMCH 292200Z 18022G33KT 9999 FEW020 24/17 Q1018 NOSIG

Bon donc du vent avec des rafales à 65 km/h (35 noeuds). Pas très sympa mais c'est du manoeuvrable d'autant plus que le vent est à peu près dans l'axe de la piste qui est une 02/20 (axe 20° vers le nord ou 200° vers le sud). La procédure d'approche est décrite sur la carte suivante.

L'avion vient du nord nord ouest (Yemen), repère l'aéroport grace aux balises radio (VOR, DME) qui ne donnent qu'une information cap/distance approximatives, repère la piste en visuel, amorce le tour décrit sur la carte (celui du haut) sans perdre de vue les feux à éclats (au nord de l'aéroport) refait le virage au nord pour se mettre dans l'axe de la piste et se poser façe au vent. Ca c'est la théorie mais il y a quand même du vent et l'environement est malsain (collines voire montagnes proches) et réputé turbulent. De plus, on est en pleine nuit.

Cela c'est l'approche de jour. Par contre de nuit, si l'on veut être aidé par l'ILS il faut arriver du sud (axe 20°) donc vent arrière ce jour là ce qui peut poser des problèmes sérieux.

Cela c'est ce qui aurait du se passer et tout le monde se serait posé.

Faute d'information officielle, ce qui suit est une synthèse des bruits du milieu et cela ne vaut pas grand chose.

Les fuites de l'enquête que j'ai pu capturer mettent en avant une désorientation des pilotes dans la phase de virage et d'alignement avec la piste, un virage trop brusque ayant provoqué un décrochage qui se serait fini quelques miles plus loin par le crash en pleine mer.

Vrai, pas vrai ? En tout cas sujet à polémique. Yemenia veut mettre en avant la météo et la nullité des équipements de l'aéroport de Moroni (ce qui a mon avis est vrai). L'Union des Comores ne veut pas en entendre parler.

Plus personne ne met en cause une défaillance de l'avion. Bravo Mr Bussereau pour cette intox initiale.

Ce qui est aussi étonnant est que l'on a plus d'informations via la presse étrangère, par exemple The Wall Street Journal que l'on imaginerait bien s'occuper plus de bourse!

Encore un grand malheur dont l'analyse des causes risque d'être polluée par de nombreuses raisons très business.

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