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Billet de blog 1 juil. 2019

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La Pensée écologique, de Timothy Morton,

Professeur de philosophie aux Etats-Unis, Timothy Morton développe une pensée écologique d’une ampleur et d’une radicalité sans équivalent en s’appuyant d’ailleurs sur des exemples, des situations, des personnages qu’il est allé chercher dans des mondes habituellement peu fréquentés par les philosophes.Tout est interconnecté avec tout.

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La Pensée écologique, de Timothy Morton, traduit de l’anglais par Cécile Wajsbrot, éditions Zulma, février 2019, 272 p., 20 €. Edité 2010. Traduit en 2019 Bruno. En France, Buno Latour et Philippe Descola ont à la suite de son oeuvre, travaillé sur l'Anthropocène.

Extraitsde l'article de Reporterre.  A lire en entier ici :  https://reporterre.net/timothy-morton-le-dynamiteur-de-la-pensee-ecologique 

L’idée centrale de Morton est que nous sommes interconnectés. Les hommes sont interconnectés entre eux. Quel que soit le geste que nous accomplissons — tourner le bouton d’une machine à laver, prendre l’avion, allumer un feu de camp —, nous sommes les acteurs conscients ou non de l’Anthropocène. Que nous fassions des gestes lourds de conséquences ou anodins, nous participons donc tous au changement climatique, à la disparition des espèces, à l’accumulation pour des siècles et des siècles des gaz à effet de serre. Mais il n’y a pas que nous comme acteurs. L’interconnexion va bien au-delà de l’homme. « Tout est interconnecté avec tout », écrit l’auteur. Cette relation à double sens concerne la biosphère, c’est-à-dire les humains aussi bien que des entités comme le plastique, le plutonium, les rochers, les virus, les fleurs, l’ADN. Nous vivons dans un « maillage » global tissé par les siècles passés et à venir. « Le maillage des choses interconnectées est vaste, voire incommensurable, écrit Morton. Chaque entité du maillage parait étrange. Rien n’existe par soi-même, et donc rien n’est complètement “soi-même”. Il y a curieusement “moins” d’Univers au moment même où nous en voyons “plus”, et pour les raisons mêmes que nous en voyons “plus”. »

En conséquence, il y a des concepts qui se retrouvent vidés de leur sens, sans intérêt. Pris indépendamment du maillage général, ils ne veulent plus rien dire. C’est le cas de la notion de nature. Elle n’existe tout simplement pas, assure l’auteur qui n’hésite pas à renvoyer dos à dos les tenants de la deep écologynostalgiques d’une nature originelle fantasmée et les amoureux d’une nature sous cloche, faite de bio et de verdure. À ses yeux, la politique des petits pas appliquée à l’écologie (on pense à ceux qui ne jurent que par Pierre Rabhi) ne mène à rien. Imperméable à un retour à un quelconque âge d’or, Morton ne se prive pas également de se moquer des opposants à l’installation d’éoliennes au prétexte qu’elles enlaidissent le paysage. Est-ce qu’une route, une raffinerie, un pylône contribuent à l’enjoliver ?

« Un monde d’être et non d’avoir » 

Dans sa critique radicale, Timothy Morton n’épargne pas davantage le capitalisme. Le salut ne peut pas venir de lui car s’il sait se montrer réactif, à l’heure de l’Anthropocène ça ne suffit pas. Il faut être « proactif »« Étant donné que la prétendue main invisible du marché “décide” des solutions à adopter au moment même où elle conduit les choses à leur perte, le temps que le marché “résolve tout”, il n’y aura plus rien à résoudre (…) Le réchauffement climatique est le symptôme que le capitalisme mondial ne peut plus maîtriser. »

La solution, selon Morton, c’est de « penser grand et d’agir grand ». Nous ne sommes pas arrivés à la fin de l’histoire, conclut-il, mais à son commencement. Il ne s’agit pas de rechercher un retour à la nature, d’essence réactionnaire, mais de construire un monde nouveau, « un monde d’être et non d’avoir ». Et Morton de conclure : « La pensée écologique peut être extrêmement déplaisante. Mais une fois que vous avez commencé à la penser, vous ne pouvez pas la “dé-penser”. Nous avons commencé à la penser. À l’avenir, nous penserons tous la pensée écologique. »

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