Message aux dirigeants de La France insoumise avant le meeting de Toulouse
J.-L. Mélenchon plafonne dans les intentions de vote et c’est de sa faute
(suite du billet du 8 décembre 2021 : JL Mélenchon ne décolle pas…)
Jean-Luc Mélenchon a beaucoup de qualités d'homme politique, d'intellectuel, d'orateur et de leader, et il a réussi à organiser un imposant mouvement de citoyens déterminés à faire face aux défis de notre temps et à changer la société, mais à trop vouloir passer pour l'homme providentiel, celui qui a tout compris avant tout le monde, celui qui n'a jamais changé de discours et jamais fait d'erreurs, il atteint ses limites ; il construit lui-même son plafond de verre.
Non seulement, J.-L. Mélenchon, enfermé dans un discours circulaire auto-satisfait, n’a pas voulu entendre les multiples appels à ce qu’il joue le rôle de rassembleur qui aurait dû être le sien pendant cette campagne des présidentielles, n’acceptant de « rassembler » que ceux qui veulent bien se mettre derrière lui, inconditionnellement,
non seulement Mélenchon a abordé cette élection cruciale en ayant perdu en route de nombreux soutiens de 2012 et 2017, en ayant désespéré la confiance qu’elles et ils avaient mise en lui, et en ayant généré, au-delà, beaucoup de défiance,
non seulement il continue de renvoyer à l’après-premier tour une éventuelle ouverture vers celles et ceux qui pourraient faire une majorité présidentielle,
non seulement il n’a donné jusqu’à aujourd’hui aucun « signal » de son aptitude à faire des compromis, à s’ouvrir à des sensibilités diverses, mais il a, à chaque occasion tenu un discours maximaliste : mon programme, tout mon programme et rien d’autre,
mais en plus il a décidé de renouveler l’erreur fatale de 2017 en considérant qu’il n’est pas clair que les électeurs qui votent pour lui sont des adversaires déterminés du F-Haine et qu’ils ne sauraient hésiter, en cas de second tour Macron-Le Pen, à empêcher à tout prix la candidate d’extrême-droite d’arriver au pouvoir.
Mélenchon annonce à l’avance (et sans doute sans avoir consulté personne auparavant) l’organisation d’une consultation de ses soutiens au soir du premier tour, certes en excluant l’éventualité d’un vote pour Le Pen, mais en laissant entendre qu’il peut être légitime, quand on adhère à L’Avenir en commun, de choisir de laisser le champ libre à la candidate d’extrême-droite et de pouvoir préférer voter blanc, ou s'abstenir, que de "faire barrage" à l'extrême-droite !!!!
Les électeurs peuvent bien faire ce qu'ils veulent mais JLM, comme représentant de l'ensemble de celles et ceux qui ont fait de L'Avenir en commun leur projet ne peut laisser une incertitude sur ce que ce choix entraîne quant à l'attitude à avoir face à la menace fasciste. Sinon, JLM assume le risque d’une élection de Le Pen et surtout il assume de minorer la gravité de ce que pourrait représenter l’arrivée du F-Haine au pouvoir en France.
Ce faisant, il réactive le désaccord et la méfiance d'électrices et électeurs qui seraient prêts à voter pour lui dimanche prochain.
Bref, JLM,
Non content de représenter, aux yeux de très nombreux progressistes, le refus d’organiser leur rassemblement autour de sa candidature et de créer les conditions d’une dynamique en faveur d’un programme conséquent d’alternative vraie au macronisme,
Non content de persister à faire semblant de croire qu’il peut, dans la France actuelle, rassembler une majorité d’électeurs dans une présidentielle sur un programme de rupture non négocié avec toutes les forces qui y sont intéressées,
Non content de s’enfermer dans le mythe de la mobilisation autour de sa candidature des abstentionnistes (sauf à la marge et quoi qu'il en soit de la superbe campagne de terrain menée par les groupes d'action, de l'acharnement mis à tenter de convaincre, de la volonté des militants de tout faire pour réveiller l'intérêt pour l'élection - remarque en complément le dimanche 3 avril) ou des électeurs perdus de la gauche (déterminés à rester en dehors du jeu pour beaucoup) – un mythe car on voit bien qu’il n’y arrive pas, élection après élection, et qu’il plafonne à moins de 10% de convaincus, qu’il ne monte à 16% que grâce à celles et ceux qui acceptent de raisonner en termes de vote utile, et qu’il va finalement lui manquer 2, 3 ou 4% pour être devant Le Pen…–
Non content d’avoir ainsi créé les conditions de sa défaite,
Mais, ayant tracé sa route sans aucune adaptation ni remise en cause, il attaque la dernière ligne droite en snobant «les castors qui font des barrages» alors que sans ces castors il serait encore à 10% dans les sondages, et que sans eux (et nécessairement un nombre de plus en plus grand d'électrices et d'électeurs), il sera battu le soir du 10 avril.
JLM va nous faire perdre et, autour de lui, personne n’ose le lui dire.
Jean-Luc Mélenchon restera l’homme qui aurait pu gagner et faire gagner le peuple et qui aura réussi à perdre !!!!