La perte
C’étaient des rayons entiers qui s’étaient effondrés, avalés par l’affluente inexistence d’un rapt
Perchée en la tourelle de brique s’abritait la bibliothèque, qui fut ravie
L’homme avait perdu sa bibliothèque
Des oracles y avaient fusé leurs orfèvreries, des Anubis aux yeux rubiconds y frottaient leurs canines effilées et des monstres et demi-dieux y enfantaient leurs symboles les yeux mi-clos. La mure sanguinolente et les chants de Circé y étaient détrempés.
L’homme était resté sans livres
sans vivres
sans mots étrangers
Il dut tout inventer tout depuis le début depuis le néant depuis le moment
même où tout lui fut volé
Il évoqua les lettres égarées, coinça les images entre deux sons avant qu’elles ne s’exilent de nouveau
Il fut un autre
sur une autre rangée de l’existence il inventa sa langue ancienne
de nouvelles métamorphoses où nicher ses émotions de légende
de nouveaux titres et des rivages où fonder sa cité
Et renaquit
Ab urbe candita