Critique de l'Islam, de l'islamisme et "islamophobie"
Des personnes de culture et/ou de religion musulmane ont entrepris depuis des années de critiquer certains fondements idéologiques de la religion musulmane et de dénoncer les mouvances intégristes qui ont émergé en son sein.
Leur objectif est de permettre à la religion musulmane de faire son aggiornamento et sa réforme vers la laïcité en séparant temporel et spirituel, et en distinguant d'une part religion comme spiritualité, foi, et d'autre part religion comme appareil de pouvoir et de contrôle social.
Ces personnes se battent pour la liberté de pensée, d'expression, de croyance et de non croyance, de religion, d'apostasie, de blasphème, d'art, de sexualité, et dénoncent les tentations liberticides et sexistes des mouvements intégristes, qui sont les plus fidèles alliés dans le monde, depuis des lustres, et pour toutes les religions, des régimes totalitaires et du pouvoir patriarcal.
Je relaie sur mon blog les voix de ces personnes, croyantes ou athées, car elles me semblent les seules légitimes pour accomplir ce travail de critique interne, comme le sont les personnes de culture chrétienne ou juive pour critiquer avec force les fondements idéologiques et les dérives institutionnelles de la religion à laquelle les hasards de leur naissance les ont assignés.
Le travail difficile de ces personnes de culture musulmane, qui est très peu relayé par la rédaction de Mediapart, est l'objet de diverses critiques dans le Club. Des abonnés prétendent que cette critique n'est pas légitime, voire qu'elle est suspecte, car elle cautionnerait la discrimination anti-musulmans, qu'ils appellent "l'islamophobie". Les plus radicaux d'entre eux disent qu'il n'y a pas de différence entre Islam et islamisme (comme le clame en miroir Riposte Laïque) et que si l'on critique l'un, l'on critique l'autre: on est donc "islamophobe". Ce qui les conduit à utiliser les méthodes les plus agressives (mises en cause personnelles, attaques ad hominem, diffamations, injures...) contre leurs interlocuteurs: ils semblent, in fine, se donner tous les droits de refuser la pensée de l'autre, et l'autre...
S'agissant de supposés "antiracistes", cette négation de l'altérité me pose question.
On prétend ainsi empêcher des personnes concernées au premier chef par l'Islam d'analyser des mécanismes de pouvoir traversant la religion musulmane.
De quel droit?
Wassyla Tamzali, féministe algérienne, se heurte à ces reproches et à ces tentatives de culpabilisation. Elle a publié ces pensées hier dans Facebook:
Souvent j'ai mesuré, sans naïveté, à leur juste valeur les soutiens que recevaient nos analyses critiques de l'islam, nos dénonciations des crimes commis au nom de cette religion, la subordination des femmes de ces pays au nom de l'islam. On nous applaudissait des deux mains quand nous dénoncions les abus de nos petits et grands dictateurs. Cet assentiment facilement acquis auprès d'une certaine intelligentsia ne m'a jamais abusée.
Mais je dirais à mes amis de ne pas cesser ce travail salutaire de critique de nos sociétés de ne pas suivre les conseils de ceux qui pensent que cela rendra plus racistes les racistes, plus anti palestiniens les anti palestiniens, plus islamophobes les islamophobes. Tous ceux là ont en eux une vieille haine raciste sinon ethniciste, un parti pris inébranlable pour les politiques d'israël, qui n'a pas besoin d'être alimentés par l'extérieur. Notre travail de critique, même si parfois il nous conduit à ce que j'appelle de mauvaises fréquentations, passe avant toutes choses.