Le monde est un barbecue. Avec huit milliards de chairs humaines confinées sur le gril planétaire. Avec bien sûr comme accompagnement la faune et la flore. Certains croient au réchauffement climatique, d’autres pas. Pour paraphraser un terme météorologique, chacun son ressenti. Quoi qu'on pense; pendant ce temps-là, d’autres menaces à ras du sol. Les humains s’entretuent pour du fric, la religion, féminicident à tour de bras, guerroient pour un plus grand territoire, massacrent une gueule pas comme la sienne, tue pour une place de parking, détruire un arbre,une forêt, un océan, une population, destructions pour quelques dividendes de plus… Pathétique agitation mortifère. Alors que personne n’en sortira vivant. Même les plus nantis. L’humanité entière cramée sur le barbecue en orbite.
Après tant de beautés nées de notre espèce. Nous ne laisserons pas que de la noirceur et connerie humaine dans notre sillage d’éphémère. Même si nous en aurons laissé beaucoup. Toutefois, nous pouvons être fier de nombre d’avancées. Progrès dans moult domaines. Et toute la littérature, la peinture, la sculpture, le cinéma, la photo, la danse, le théâtre, la musique, et d’autres œuvres de l’esprit. Ne pas oublier le domaine sportif. Ni la science qui a sauvé tant de vies humaines ; elle a détruit aussi des millions et continuent de massacrer des populations entières. Important de se remémorer tous les beaux édifices que nous avons érigés au fil des siècles. Malgré nos destructions, les massacres de notre espèce et d’autres plus fragile que nous, de la flore, nous pouvons nous enorgueillir de beaucoup de créations extraites de nos mains, de nos têtes, de nos cœurs ... La beauté de nos mots et images. Bravo aux humains !
Sans toutefois nier la part sombre. Pas un siècle sans ses horreurs. Petites et grandes. L’humanité a un grand don pour répéter le pire entre deux plus « jamais ça ». Notre siècle ne déroge pas à la règle. Depuis ce fameux an 2000, les plus puissant ( quelques gouvernants élus ou non) bombardent et envahissent d’autres pays. Le fric, la plus forte des religions, continue d’imposer son rythme mortifère, détruisant le vivant et toute la planète. De temps en temps, un sommet avec des promesses, belle vitrine cache misère internationale avant la course à toujours plus. Plus les guérillas sur les réseaux sociaux, avec son cortège d’ego et nombrils numériques ; je suis plus là que toi, j’ai plus que toi, etc. Que les puissants à être destructeurs ?
Chacun et chacune de nous participent plus ou moins à cette destruction de notre vieille branche en orbite. Bien sûr, nos scies n'occasionnent pas les mêmes dégâts que la minorité dirigeant la planète. Les unes et les autres avec nos petites mesquineries de proximité à la haine. Parfois, les uns et les autres sommes persuadés sincèrement - le pire des aveuglements ? - de détenir la vérité unique. Rien de nouveau dans le plat des vanités humaines. L’humanité entière mange dans la même gamelle. Nul innocent sur le globe.
En attendant, chaque aube est une possibilité. Pour soi et les autres. Même si pour certains êtres, écrasés, malades, la nuit ne semble jamais avoir de fin. Mais ils, elles, les autres genres, continuent de respirer ; être au monde. Ce qui fait que nous sommes tous semblables. Chacun équipé d’un ventilateur sous la poitrine. Le souffle nous unit. Cette énergie qui est commune aux autres espèces vivantes. Et à la flore. Un souffle tour à tour commun et divisant. Tout commence et s’arrête à son corps. Qu’il soit en pleine vitalité ou en malade. Après la joie, l’orgasme, chaque être retourne à sa chair solitude. Un lieu unique et universel. Les premières lueurs de l’aube éclairent tous les individus. Avec toujours un nouvel étonnement en suspens. Même quand le corps est un poids très lourd traîné au fil des jours et des nuits. Une pépite cachée dans chaque inspiration ?
Redescends le hors-sol. Nous ne sommes pas sur la planète des bisounours. Reviens à la boue du quotidien. Le monde n’appartient pas aux poètes. Comme toujours, la réalité reprend sa place dominante. Incontournable réel. C’est vrai que les poètes et contemplatifs de toute sorte n’ont pas les clefs de la planète. Ça se saurait si la poésie et la méditation dominaient notre monde. Cela dit, les poètes ne sont pas du tout attirés par le pouvoir. Comme notamment nombre d’individus très subtils. Les assoiffés de pouvoir sont la plupart du temps des calculateurs sans scrupules. Objectif et résultats sont en grande partie leur moteur. Ce qui ne veut pas dire que certains d'entre eux et elles n’ont aucune empathie et n’œuvrent pas pour un meilleur bien commun. Certes pas tous pourris et adeptes du chacun mon tour et et mes proches. Néanmoins indéniable que les bienfaiteurs de l’humanité sont guère nombreux dans la course au pouvoir. Et parmi eux encore moins de poètes.
Cependant, ne pas avoir le pouvoir n’empêche pas de se vouloir au centre. De son histoire et du monde. Refuser de se brader. Sans pour autant vouloir chercher à bouffer l’espace vital de son semblable et à l’asservir. Vivre en bonne intelligence avec l’autre. Contrairement à ce qu’on pense, c’est la majorité sur cette planète. Sans qu’il ne s'agisse de poète ou de marginaux. La plupart des représentants de l’espèce humaine ne veulent pas plus qu’être, profiter du mieux possible de leur passage sur terre, avant de disparaître. Même si chaque jour ne peut être tapissé de pétales de roses. Comment se fait-il alors que l’humanité soit un tel sac de nœuds à ciel ouvert ?
Certains répondront que c’est dans notre ADN de détruire et de nous entretuer. D’autres mettront ça sur le dos des puissants du globe. Sans doute les deux raisons mêlées. Plus d’autres visibles et invisibles. Pas assez de temps ni les arguments pour développer dans un billet d’humeur écrit « à chaud ». Dans tous les cas, un seul mot pour résumer le passage de notre espèce. Toi, moi, vous, nous, et les autres. D’ici et d’ailleurs. D’hier, d’aujourd’hui, et de demain qui rétrécit sur le gril du siècle. Notre humanité qui va finir sur le barbecue en orbite. Quel est ce mot ? Dommage(s). Mais continuons d’être. Parce qu’il n’y a pas d’autres solutions. Continuons de rêver, de danser, d'aimer, de se détester, de rire, de se taire... sur le gril. Avec ce qui nous reste. Toujours nos espoirs. Et le verbe désirer. Irréductible désir. Plus tout le reste.
Nos rêves braises.