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Billet de blog 24 mai 2023

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« N’attendons pas que la mort nous trouve du talent »

Cette citation en guise de titre vous a plu ? Belle invite à exploiter le talent de nos vies.Une sorte d’appel très poétique à la vie ici et maintenant. Qui en est l’auteur ? La question d’un des copains. C’est de René Char. Un silence admiratif de toute la tablée. La citation visiblement bien appréciée.

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                        « Si tu as entièrement raison, cherche en toi ta part de tort. Et si tu ne trouves pas ? Cherche encore. Toujours rien ? Invente ton tort.» FV

             Cette citation en guise de titre vous a plu ? Je trouve que c'est une belle invite très poétique à exploiter le talent de nos vies ici et maintenant. Qui en est l’auteur ? La question d’un des copains de table. C’est de René Char. Un silence admiratif de toute la tablée. La citation a été visiblement bien appréciée. Très belle phrase, s’enthousiasme une copine. Des mots qui ont vraiment du sens, renchérit un autre copain. Ça ne m’étonne pas de René Char, un immense poète. Dégueulasse ce que tu es en train de faire, m’engueula l’une de mes voix intérieures. Extraire une phrase de son contexte. Toi, le grand donneur de leçons, tu es en train de faire ce que tu reproches à certains malins gesticulateurs et aux pires des cyniques. Elle a raison. C’est en effet un procédé pas très joli. Voire même une forme de manipulation light. Toutefois indéniable que la formule du grand poète a fait son effet. Jusqu’à ce que je dise qu’il n’en était pas l’auteur. Qui l’a écrite?

           C’est une phrase extraite d’une chanson de François Valéry. Tu blagues ou quoi ? Non. Échange de regards gênés. Grand écart d’un immense poète à un chanteur de variété. Pour ma part ; la variété n'est pas méprisable. Sur la Route de Memphis reste au top de mon panthéon de l’ancien gosse élevé par la radio sur la table de la cuisine. Dont une des émissions du week-end : Stop ou encore ! La variété est-elle un genre mineur comme  le polar, la SF, le blues, le jazz, le rap (tout ce qui n’est pas musique dite savante) ? Pourquoi le mépris ou condescendance de certains et certaines  pour la culture populaire ? Le mépris inverse contre la culture qualifiée de « intello-bobo » serait le réflexe d’un autre « entre-soi » ?Des questions du bac. Mais avant la remise des copies, revenons à table. Et aux réactions. Colère contre ma « blague-manipulation » ? Vexation de s’être fait avoir ? Des interrogations sur le rapport à la parole et la langue ? Sans doute plusieurs éléments mêlés. Et sûrement une pincée de ma « sauce fiction et mauvaise foi du romancier » sur cette scène qui s’est réellement déroulée; les autres participants auront peut-être une interprétation différente de celle de ce  billet. J’ai rajouté que le parolier était Pierre Delanoé. Puis la conversation a ricoché sur un autre sujet.

        Tous et toutes sensibles à l’emballage ? Je crois. À des degrés divers, nous sommes manipulables par certaines étiquettes – celles proches de notre culture. Un étiquetage qui nous rassure ? Les mots chantés par François Valéry, enveloppés sous une couverture René Char ou Christophe Tarkos, auraient pu être mis en ondes  sur une radio publique et déclamés dans des hauts lieux de la poésie contemporaine. Applaudis au Marché de la poésie avec un grand P- parfois gonflé avec un immense talent. Pour revenir à ma blague ( de mauvais goût ?),  je me suis déjà fait avoir par l'emballage. La plupart du moment en me moquant gentiment de moi. Toi qui te crois pas manipulable.... Et à d'autres moments en colère de m’être fait avoir. À plusieurs reprises ; lisant une citation sur le Net avec beaucoup de plaisir, voire même de l’admiration, je découvre avec stupeur la signature de l’auteur ou de l’autrice-aux antipodes de ce que j’essaye d’être et de penser. Complètement planté aussi dans mon interprétation d’un passage de Ringolevio, le roman autobiographique d'Emmet Grogan. Pas le seul à m’être fait « manipuler » par cet auteur. Un public de politiques ou (parfois et) intellectuels tombés dans le panneau. Et des dizaines de millions d’autres...

      Nul. A plusieurs reprises, je me suis senti nul en écoutant la radio. Excellent ce qu’il dit ou elle dit. Je m’arrête et, café à la main, décide d’écouter la voix formidable qui vient de m’aimanter. Des propos vraiment très bien. Je suis d’accord sur nombre d'idées. Un discours fort intéressant. Et qui change de la langue de bois habituelle. J'écoute avec intérêt. Jusqu’à ce que l'animateur donne le nom de l’invité. Un ou une politique du RN, un acteur, une actrice, et autres personnalités publiques, que je ne supporte pas. Très rapidement perce une inquiétude ; si je suis d'accord, c'est que moi aussi, bien au fond, je suis et pense en partie ce que... je dénonce. Finalement pas quelqu'un d'aussi progressiste et ouvert que je crois ; juste bien camouflé derrière un vernis vendu par tel ou tel «institut de BCC : Beauté et coaching culturel » pour briller en société d’entre-soi. Remis soudain en cause par quelques phrases extraites de la bouche d'une idéologie-supposée- adverse. Contrairement à ce qu’on entend ici et là, le mot n’a pas dit son dernier mot. Et la langue écrite et parlée continue d’œuvrer, pour le pire et le meilleur. Se méfier encore plus des mots en notre ère d'éléments de langage et fake News ?

         À l’aune de mon expérience de parfois manipulé, force m’est de reconnaître que le manipulé n’est pas toujours l’autre. Notamment le spectateur de CNews ou BFM. Ni la « chair à réseaux sociaux et complotisme » comme certains disent souvent avec le plissement du front de celle ou celui bien au-dessus de la piétaille numérique. Tu la tiens d'où cette info ? Je l’ai entendu sur France Culture. D’un seul coup, la messe est dite. Nos prêcheurs favoris ( Ma Mecque à moi c’est la Maison Ronde de Radio-France ) en cours ont apporté la bonne parole. Incritiquable puisque l’info vient de «France Cul ; une apocope pour marquer consciemment ou non notre intimité avec nos ondes préférées, proche du cercle des grandes pensées de l’époque. Très haut avec elles, à un niveau supérieur des complotistes manipulés, etc. Moi, je creuse et cherche du sens pour nourrir ma réflexion. Ne pas rester à ras des apparences. Moi, je réfléchis. Pas comme... Une façon de prendre de la hauteur- ascension hautaine ou élévation ? Se sentir supérieur comme peut-être avec l’emploi de apocope pour me situer dans le camp des plus de 300 mots ? Tous et toutes potentiellement manipulables. Et manipulateurs.

        L’écoute complexe de la parole de l'autre - radio, comptoir, au bureau, son voisin...- n’est pas simple. Quoi qu’elle peut l’être. A mon avis, ça requiert un très gros effort pour parvenir à la simplicité. Par quoi débuter ? Peut-être sortir du « camp du bien ou du mal » dans lequel on cherche à nous assigner depuis notre enfance. Qu’il s’agisse de religion ou des ismes. Une assignation selon ses origines sociales, ethniques, et autres marqueurs très vite inscrits sur nos chairs-pages blanches. De nos jours et de tout temps, la moindre nuance, un quelconque écart de coté de la norme, et vous êtes taxé de ceci ou de cela- l’étiquette qui cloue au pilori du débat. Mais tu ne peux dire ça ! Comment ça ; tu n’aimes pas ce film ? Désormais, vous êtes de plus en plus facilement raciste, sexiste, antisémite, islamophobe, homophobe, transphobe, complotiste… Vous n’êtes rien de tout ça ? Trop tard, ce qui est dit et dit et pas de fumée sans feu. Que répondre ? Vous pouvez tenter d’argumenter. En démocratie, comme notre pays perfectible, on peut s’exprimer sans de gros risques physiques. Sauf dans la rue. Face à des pensées matraques ou coups de poing. Des cerveaux marchant au pas.

         Tentons quelques argumentations justificatrices de ce qu’on est pas. En voici une liste et… Déjà une polémique à cause de l’ordre de l’apparition des «  problématiques » qui vont être déclinées. Comme un jour dans un salon du livre. Encore un nom de mec connu en tête de liste. Jamais d’auteurs et autrices dans l’ombre. Encore moins de femme. C’est élitiste et sexiste. Un auteur exprimait son mécontentement. Ralliant à sa cause d’autres autrices et auteurs contre cette forme de starisation. Toutes et tous prêts à se plaindre auprès de l’organisation. Une autrice a esquissé un sourire et dit : la liste est par ordre alphabétique. Tu argumentes ou quoi, s'impatiente une de mes voix. Stop ou encore digressions ? Stop. Ne te justifie pas, rajoute une autre voix. Efface la liste de tes justifications que tu viens d'écrire. C'est elle que je vais écouter. À cause de cette voix censureuse que j'ai supprimé ce qui devait suivre. Sans doute mes obsessions et autres avocasseries du diable sans grands intérêt sur le fond. Rien d'une pensée nouvelle et essentielle au débat. Finalement, vous n'avez rien perdu. Grâce à elle.

       Que mettre à la place de chapitres foutus à la poubelle ? Une proposition. Laquelle ? Essayer à son petit niveau de nuancer un peu plus, penser contre soi , et contre son France Cul, Son France Inter, son Fig, son Huma, son Obs, son Marianne, son Franc Tireur, son Monde diplomatique, son Mediapart, son Libé, etc. Ça me semble un bon réflexe citoyen. Et de santé mentale. Une forme d’irrépressible liberté individuelle. Ce qui n’est pas incompatible avec des engagements pour telle ou telle cause. En essayant juste de voir plus loin que ses convictions- jamais sans ombre. Et ne pas prendre pour pensée comptante les mots de nos prêcheurs préférés. Pourquoi pas de temps une purge, détox de sa tête, en se déconnectant de toute source d’informations. Sauf une. Tendre l’oreille vers elle. Vous n’entendez rien ? Pourtant, elle est en train de distiller beaucoup d’infos. Tendez plus l’oreille. Sans chercher à vous mettre dans vos cases habituelles. Profitez de cet autre fil d’actualité. Très important aussi pour s’informer. En plus de vos fournisseurs d’infos du monde habituels. Quelle est cette source d’informations ?

     Le silence.

     A ce propos, tu aurais dû te taire. Sûr qu’avec ce billet, tu vas encore te faire des copains et des copines. En plus, ton texte n'apporte rien de nouveau. NI d'essentiel.C'est la réaction de ma petite voix méfiante. Critique sur la mise en ligne de ce texte. Elle me fait douter. Ce billet a-t-il du sens ? Qu'une manière détournée par l'humour ( taxé de premier degré si tu 'adhère pas au moins d'un sourire- l'humour devenu un bouclier incritiquable ? ) à la nouvelle société du spectacle. Faire mousser son ego et nombril numériques. La ramener. Faire son malin comme on dit. Vous avez vu ; je ne pense pas comme tout le monde. Ma pensée à jememoi est différente. Pas un mouton de France Cu ou de CNews. Arrête de faire ton Jacques, me disait mon père. Finalement, il n’avait pas si tort. Mon vieux- son deuxième surnom après Daron- complice de ma petite voix. Tous les deux ont raison.

       Le meilleur contre-courant est-il celui qui ne se porte pas en bandoulière ? A la différence de ce billet et de nombreuses autres gesticulations pour se sentir vivant, répondre présent dans le flux et reflux permanent des infos du moment. Semblable au fond à tout ce qu’on tente de dénoncer. Une forme de racolage anti-racolage? Une posture souvent impuissante et inutile au débat. Si ce n’est in fine à chercher consciemment ou non une forme de visibilité de soi. Comment sortir du piège à spectacle ? Pour ne pas être manipulé. Ni manipuler l’autre.

       Silence et ombre ?

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