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Mouloud Akkouche

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Billet de blog 29 mars 2016

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Un bon jour pour se taire

User la vie. C'est une belle notion à transmettre. Surtout que cette vie n’hésite pas à nous user, plus ou moins vite. Certains l’ont vraiment travaillée au corps. Jusqu’à ce que le cœur décide de les lâcher. Comme Jim Harrison.

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Rencontre avec Jim Harrison en 2015 - La Grande Librairie - #LGLf5 © La Grande Librairie

         User la vie. C'est une belle notion à transmettre. Surtout que cette vie n’hésite pas à nous user, plus ou moins vite. Certains l’ont vraiment travaillée au corps. Jusqu’à ce que le cœur décide de les lâcher. Comme Jim Harrison. Ce genre de types n’ayant jamais opté pour l’excès de modération. Ogre littéraire et de tables. Il a navigué de vers en verres de rouge. Sans la trouille de tous les "isme" et des aiguilleurs du penser droit. Un homme libre avec sa part de beauté et de boue. Pas qu’un dévoreur de nuages et de grands espaces. Il savait aussi orpailler les paysages sous la peau.

Ses nuits intérieures et celles de n’importe quel mec ou nana qui n’auront jamais leur nom sur une plaque offcielle. Notamment les passés par pertes et fracas de notre monde moderne. Pas invités à dîner avec notre siècle. Ceux que la société a remisés dans ses déchetteries sans frontières. Partout sur la planète, les épluchures du monde moderne se partagent les miettes de leur ghetto. Confinés derrière des murs visibles ou des enceintes beaucoup plus dures à détruire: invisibles. Sans les éléments de langage numérisés des communicants qui quadrillent la planète. Ils sont entassés dans les réserves des sans paroles dignes d'intérêt médiatique. Entendus uniquement que pour l'achat du dernier Smartphone ou aller voter pour rien. A l'écoute de ces relégués, certains écrivains leur redonnent la parole. Dont un qui vient de partir pour les pêches éternelles.

Rendre hommage à Jim Harrison? Son œuvre est sa vie n’ont pas besoin de pommade. Donner des noms de rue aux poètes est-ce une impasse de la mémoire ? Leur place est surtout sur un bout de papier ou d'écran. Honorés par le regard d'un lecteur. Quand même envie de dire que certains arbres vont manquer dans la forêt de ce siècle débutant. Tour à tour chêne et roseau, cet homme propose d'être en vie au pluriel, aller jusqu'au bout de tous ses chemins. Inventer aussi de nouvelles routes et voies sans issue. De la beauté à la boue en passant par la mauvaise foi et les excès de battements de coeur. Bref: trimballer son sac de noeuds à ciel ouvert. Et apprendre à s'égarer de mieux en mieux. Une fuite en aimant.

Sûr que cet auteur, chasseur de beauté, collecteur des tourments de la terre et de l'âme humaine et animale, va nous...Voilà que je me lance dans l’hommage à la con. Chassez le pathos et il revient au galop sur le clavier. Déjà trop parlé pour ne rien arranger ou déranger. Laissons le silence reprendre sa place. 

Un bon jour pour lire ou relire Big Jim.

Tchin !

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