Devant la boulangerie, un homme d’une quarantaine d’années faisait la manche, accroupi, un sac usé, quelques pièces posées dessus. Rien d’agressif, juste l’attente silencieuse. Je lui propose un café, vu le froid. Il accepte avec plaisir. J’en commande deux, avec deux croissants. Prix de l’opération, 4,60 euros. J'ai vendu bon prix deux douilles d'obus 14/18 achetés une misère en brocante, je pouvais faire ce geste.
Je lui suggère la CCAS. Il me répond : « Ils ne s’occupent que des femmes. » Possible. Pendant ce temps, une gendarmerie haut de gamme fait son tour dominical du patelin en bagnole de luxe..Curieux comme ces gens ne voient pas la pauvreté.
On parle un peu. Galère avec sa copine, il est parti sur un coup de tête. Je n’en demande pas plus : je comprends. La misère des prisons, la misère des trottoirs, ce sont des avertissements, et cela dit : si vous ne rentrez pas dans le rang, c’est ce qui vous attend. On le sait, mais ce genre de singeries ça va 5 minutes. J’avais deux cigarillos dans mon Allemande : on a fumé ensemble le calumet des gueux, des réprouvés, et des normaux-inutiles. Il était heureux, mon SDF. Il me demande : « Vous faites quoi dans la vie ? »Je lui réponds : « Plus rien. Et cela occupe tout mon temps. »
Je ne pensais pas écrire un second billet ce matin.
Bon dimanche.
Photo: ce qu'il reste de la mer d'Aral.
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