Le Hamas n’est pas un mouvement terroriste
Le Hamas n’est pas un mouvement terroriste, mais un membre à part entière du mouvement de libération nationale de la Palestine. La preuve en est qu’il n’est pas répertorié en tant que tel dans les instances de droit international. Au contraire, ces mêmes instances l’autorise à user de tous les moyens – oui, tous les moyens - pour libérer la Palestine de la colonisation israélienne. Et pire ou mieux, que dire, ces mêmes instances internationales interdisent à Israël de se venger sur la population civile palestinienne.
Et ce n’est pas parce que l’immense majorité des médias occidentaux pérorent à longueur d’antenne que le Hamas est terroriste, qu’il nous faut les croire. Le Hamas ne fait rien de plus que n’avaient fait, en leur temps, les FLN algérien et vietnamien, entre autres. Y compris le pire : tuer des civils innocents pour obliger le colon à déguerpir hors de leurs terres...
Quoi qu’il en soit, le Hamas n’a jamais commis d’attentat hors d’Israël, l’occupant de ses terres. Et encore moins en France.
Mais la mauvaise foi occidentale est si élastique qu’elle permet de l’accuser de terrorisme, par simple association avec d’autres mouvements terroristes, sous prétexte que, tout comme eux, le Hamas est inféodé à l’Iran.
Ah la belle affaire !
Si un tel raisonnement pouvait avoir une quelconque pertinence, on devrait avant tout affirmer qu’Israël n’est que le bras armé de l’Occident pour massacrer les Palestiniens. Et qui ne sait que seul l’Occident permet à Israël de garder son emprise coloniale sur un peuple et une terre qui ne lui appartiennent pas, et ce, en infraction avec le droit international qui lui a été rappelé maintes fois lors des nombreuses résolutions de l’ONU.
Et donc voilà, il faut s’y faire, le dire et le redire : le Hamas n’est pas un mouvement terroriste. Du moins pas encore...
Par contre Israël et l’Occident sont des terroristes au regard du peuple palestinien.
L’Occident et Israël sont des criminels de guerre au regard du peuple palestinien chassé de ses terres.
Et même au regard de tout humain qui voit chaque jour l’horreur et le génocide. Du moins tout humain doué de raison, plutôt que de billets de banque ou de pompe à essence. Ou d’idéologie raciste, telle celle mise en œuvre par l’État colonial israélien...
Et l’Occident aveuglé n’a pas idée qu’à trop semer la haine, tôt ou tard cette même haine lui explosera à la figure, par un imparable effet de boomerang...
Cela dit, le danger du Hamas est ailleurs : c’est un mouvement islamiste intégriste à outrance. Et donc une calamité pour les masses palestiniennes. Une force idéologique radicale qui n’a pour vision sociale et politique que la Charia – et rien que la Charia, n’est-ce pas. Avec une méthode aussi simple qu’efficace : la violence. Y compris la violence la plus barbare.
Et c’est justement pour cela que l’Occident et Israël l’avait soutenu, et même financé – Oh que c’est joli - afin de marginaliser, à l’époque, l’OLP et les autres mouvements palestiniens. Ce qui fut une belle réussite, faut-il le reconnaître, maintenant que le Hamas trône comme l’unique porte-drapeau du peuple palestinien. Et dans le silence absolu de ce qui fut jusqu’alors « l’autorité palestinienne » (sic).
Mais au-delà, l’occident et Israël ont soutenu le Hamas pour une autre raison: maintenir les masses palestiniennes dans l’obscurantisme.
Comme l’Occident le fait partout dans le monde arabe en soutenant, en armant, et même en défendant militairement les régimes obscurantistes qui règnent dans le sang sur les peuples arabes…
A l’instar de l’allié le plus fidèle de l’Occident : l’Arabie Saoudite, qui interdit aux femmes de conduire des voitures, de quitter le territoire sans l’accord express de l’époux, d’ouvrir une affaire commerciale en son propre nom, la généralisation de la polygamie, et je vous passe le reste : couper les bras des voleurs, lapider les « fornicateurs », et décapiter tout mécréants et autre artiste qui s’avise à prendre quelque rien de rien de ce qu’on pourrait associer, ne serait-ce que loin, à quelque forme de liberté.
Faut-il que je sois sadique à ce point, et remuer le couteau dans la plaie en rappelant que Ben Laden et son mouvement terroriste Al Qaëda avaient été propulsés contre les Russes – Ha ! Ha ! – par ce même Occident qui méprise et réprime tout ce qui l’empêche d’accéder à sa guise – tel le Roi du monde - au pétrole et aux ressources naturelles de ces mêmes peuples.
Et que va donc faire l’Occident de ce « monstre » nommé Hamas ? Ce soi-disant monstre qui soudain apparaît plus dangereux que tous les mouvements palestiniens qu’on a éliminés grâce à lui.
Que va faire l’Occident face à cette guérilla qui semble soudain irréductible, et qui tient tête, mois après mois, à l’armée coloniale ultramoderne d’Israël et à l’Occident qui lui fournit les bombes et les armes les plus sophistiquées, à même de réduire Gaza et sa population en ruines et en charnier à ciel ouvert ?
Et au-delà des palestiniens, que fera-t-on de ce « monstre » dans lequel les masses arabes et musulmanes semblent s’identifier avec une étrange fascination ? Oui, tout observateur avisé – ou à peine – ne manquera pas de constater l’effervescence et l’embrasement de la jeunesse arabe pour l’idéologie et la politique radicale du Hamas. Au point que tous les autres discours politiques (de gauche et de droite) sont soudain devenus inaudibles à l’oreille et à l’entendement arabe.
Et que fera l’Occident devant ce constat horrible : la voix des États arabes ne fut que silence et mutisme honteux, renforçant ainsi le divorce avec les peuples arabes ?
En vérité, l’Occident a tout perdu dans cette affaire. Israël aussi d’ailleurs, mais qui se préoccupera du suicide d’Israël quand le moment de vérité sonnera.
Par contre, le risque d’attentats en Europe est si grand qu’on imagine la jouissance qu’auront certains mouvements islamistes à créer une césure violente entre les populations européennes et les musulmans qui vivent parmi eux. Histoire que tout le monde vive dans le même chaos que là-bas…
Et il y a fort à parier que dans le face-à-face Occident – Chine, celle-ci saura séduire de plus en plus d’États arabes, y compris ceux qui sont « posés » sur le nerf de la guerre : le pétrole.
Mustapha Kharmoudi, Besançon le 20 mai 2024
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