Calculs sur la nébuleuse
J’ai retrouvé l’étoile amie
disparue l’autre nuit
de mon ciel d’hiver et d’ennui
j’avais beau compter et recompter
les sept milliards sept cent soixante dix-sept
millions sept cent soixante dix-sept mille sept cent soixante dix-sept joyaux
qui me narguent tout là-haut
depuis que l’invisible diamantaire
que nul ne connaît dans Anvers
expédia, un jour de colère
les trésors de son arrière-boutique
à la face du Dieu de misère
puis rallia les Amériques
pour les beaux yeux pervers
d’une jeune et jolie Asiatique
je n’en trouvais que sept milliards
sept cent soixante-dix-sept
millions sept cent soixante-seize
il manquait le plus fascinant, le plus rare
le plus précieux, le plus cher
celui dont rêvent les belles ensorceleuses
pâleur de lys, saris de soie noire
pour leurs diadèmes de gemmes fabuleuses
leurs frêles doigts au clavecin des amoureuses
leurs mutins escarpins d’un soir
leurs jeux de paume et de tricheuses
leurs chapelets de menteuses
ou les larmes de leurs pleureuses
je comptais et recomptais
et je désespérais
l’étoile manquait, manquait
Or c’est toi qui me l’as rapportée.
19 novembre 1993