Diogène, au secours !
L’heure n’est plus à la poésie. Elle est sortie de l’Histoire. Même la lune ne fait plus rêver, sinon les astrophysiciens, pour la dompter, et les multinationales pour l’exploiter. Qui lit ? Qui dit ? Qui se souvient ?
Place à l’économie, aux chiffres, aux pourcentages, aux algorithmes, au virtuel ! Nous ne sommes plus que des ombres, marionnettes manipulées par les puissants et les images qu’ils nous imposent, spectres qui nous agitons dans les ténèbres de l’époque. Ils ont emprisonné nos vies, confisqué l’intelligence, et ne savent plus quoi faire de nous. Savent-ils quoi faire d’eux-mêmes ? Notre espèce prédatrice est devenue plus que jamais inutile au monde. Pire ! Destructrice du monde, sous les ordres ou à l’instigation des puissants.
Ne cherche plus d’humains, poète, il n’en existe presque plus. Il n’y a plus que des esclaves, esclaves de leurs sens, de leurs désirs, de leurs envies, de leurs rêves factices, de leur ignorance, de leur cupidité. Essaie plutôt de retrouver un peu de la beauté de l’ancien monde, là où elle se cache encore, où il n’est pas encore interdit de la chercher, dans un rayon de soleil, dans le chant d’un oiseau, dans l’éclosion d’un bourgeon, dans l’immensité de la mer, dans le sourire d’une personne inconnue, dans la douceur d’un amour.
Hélas, j’ai perdu l’homme qui était mon amour, la lumière de ma vie entière, mon soleil de chaque jour, Celui qui même en son absence illuminait mon existence. Sans doute fus-je victime d’une illusion. La lumière que je croyais voir en lui, n’était-elle pas tout simplement le reflet du feu sacré qui m’habite ?
9 décembre 2022 Aimée Saint-Laurent ©