Méditation sur Pâques
Là-bas, à l’Est, les œufs Fabergé se sont trouvés brisés, la Russie du servage hante le tsar des bas-fonds, le tsar dément aux mains souillées de sang, imbu de sa cruauté très soviétique. Sous la faux de la Mort, l’Ukraine lutte et résiste, de douleur se tord, espère la Renaissance et la Paix parmi ses églises aux bulbes d’or. Les Pâques fleuries ont passé comme tout passe, tempus fugit. Ce sont des mines que les enfants découvriront dans les jardins, elles leur arracheront les mains. Les petits cadavres ne ressusciteront pas, malgré les pleurs de Jésus.
A l’occident du continent, tiédeur de printemps, fleurs de soie aux branches des épines blanches, des pommiers, des cerisiers, éclosion de mille teintes de vert, effluves de miel aux ailes d’un vent léger, hirondelles graciles, intrépides. Mais où sont nos Pâques joyeuses d’antan ?
Ô Christ de la Passion, de la Résurrection, notre monde sombre dans les ténèbres opaques que ta parole voulait délivrer de la haine. Le métropolite de Moscou, montre Rolex au poignet, pose les lèvres sur l’or des icônes comme font les humbles paysannes. A leurs fils, il prêche la guerre sainte. Le sang des héros sera mêlé à la neige boueuse et leur chair pulvérisée. Devant les cercueils de sapin, le métropolite de Moscou, Rolex au poignet, dira des messes saturées de vapeurs d’encens et le tour sera joué.
Poussière d’étoiles, nous avons tous oublié que chaque vie est miracle que Satan attend pour lui inoculer le poison du Mal. 13 avril 2022
Aimée Saint-Laurent ©