Mes plus chers trésors
Mes plus chers trésors, tu me les as arrachés sans pitié. Tu les as emportés loin de moi. Merveilleux, éphémères instants, empreints de tant d’images : nos corps enlacés près de la mer, ton visage et tes yeux verts, ton sourire et ta voix, tes chansons, ton rire, ton humour si britannique, tes tout premiers mots d’amour, ton retour célébré par des offrandes et des fleurs au dieu qu’au long des années pour moi tu restais, chacun de tes gestes spontanés, ta svelte silhouette, ton regard d’autrefois pour la femme aimée à jamais que je devais être et ne fus pas.
Déjà, pourtant, s’immisçaient au plein cœur de l’immense joie éveillée par ta présence, fugitif éclair traversant l’ombre de ma vision première, la lame du malheur, le poignard des adieux. Déjà, la solitude rongeait mes jours et mes nuits, dans l’invisible et lente érosion du temps, inlassables vagues de ton absence sur les sables mouvants de l’espérance, tienne liberté que j’avais cru arrêt du destin, tragédie, mais que tu avais choisie.
Mes plus chers trésors s’en sont allés au fil des eaux courantes, que les mers engloutissent depuis toujours sous leurs maelströms, avec la mémoire des amours noyées. Agonie de toute vie, dans l’indifférence agitée et sauvage des autres vivants.
24 avril 2022 Aimée Saint-Laurent ©