Un québécois de 65 ans risque de passer le reste de sa vie en prison à Dubaï si les autorités canadiennes ne s’activent pas pour faire céder le pouvoir de l’Émirat. De quoi s’agit-il ?

Il y a quelques années, André Gauthier a quitté son emploi à Vancouver, et le business qu’il faisait avec l’Amérique du Sud pour accepter une offre dans une société d’exploitation d’or à Dubaï. Il y a occupé d’emblée un poste prestigieux, tout en devenant actionnaire minoritaire de cette société.
Il s’est un jour aperçu que les comptes GOLD AE, la société en question, avaient été plombés par d’importants détournements, bien avant son arrivée.
D’après son avocate, la britannique Radha Stirling, il y avait un trou d’au moins 30 millions de dollars dans la caisse.
Alexis Gauthier, le fils de l’homme d’affaire, confie : « C’est d’autant plus absurde d’accuser mon père de quoi que ce soit qu’il n’était même pas en poste lorsque les malversations ont été commises ».
En fait, André Gauthier paye son souci de transparence : il a dénoncé d’anciens collaborateurs de l’entreprise, et ceux-ci se sont immédiatement enfui hors des Émirats Arabes Unis.
RETOUR DE BATON
Quels étaient leur entregent dans la société, ou leurs complicités internes ? Nul ne le sait, mais ils ont réussi à convaincre les autres actionnaires de se retourner contre le « lanceur d’alerte » canadien. Incarcéré en décembre 2015, il ne sera libéré qu’en avril 2017, pour subir les foudres d’un tribunal, qui le condamnera à huit ans d’emprisonnement. Il s’est pourvu en appel, avec la promesse de ne pas quitter la Fédération des Émirats.
Libre, mais interdit de travailler, sans argent, sans passeport, il ne parvient plus à vivre.
LE PIÈGE D’OMAN
Il décide donc de se réfugier dans un pays voisin, le Sultanat d’Oman. Malheureusement pour lui, le refuge s’est transformé en piège : arrêté en mars dernier, il est détenu depuis dans un centre de rétention, sous la menace d’un renvoi imminent à Dubaï.

« S’il y retourne, il fera face à des charges beaucoup plus lourdes », commente le député conservateur canadien Richard Martel, à qui la famille Gauthier a demandé de l’aide. « Il risque de passer le reste de sa vie en prison. Nous devons réussir à le rapatrier au Canada, et le temps presse.
Des négociations officielles ont été engagées avec des diplomates d’Oman, mais simultanément, l’avocat omanais d’André Gauthier prévient que les autorités du sultanat comptent le renvoyer à Dubaï dans les jours à venir.
« Jusqu’à présent, il n’a pas été maltraité, mais cela pourrait changer s’il retourne à Dubaï, quand on connait la réputation des Émirats en matière de droits de l’homme » dit Alexis Gauthier.
La course contre la montre est lancée pour sauver André Gauthier.
Franck BALARD
Journaliste Indépendant