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Billet de blog 4 févr. 2023

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Retour sur les “armes sécurisées”.

Dans un billet récent j'expliquais qu'une “arme sécurisée” ça n'existe pas, pour la simple raison qu'une “sécurité” ne fonctionne que si on en use, ce qui n'est jamais garanti...

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Le billet en question est «Une arme “sécurisée” est-elle moins dangereuse?». J'y reviens à l'occasion d'un article paru dans Le Canard enchaîné du 1° février 2023, page 1, «Les flics plongent dans les bassines», qui commence ainsi:

«Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci!, dans les Deux-Sèvres, a trouvé un traceur GPS dissimulé sous l’essieu de son camion. Photos à l’appui, il dénonce “des barbouzeries”. Pas du tout, rétorque la préfète du département, Emmanuelle Dubée, qui a fait ses classes à Beauvau, aux côtés de Darmanin. Il s’agit, selon elle, d’un simple dispositif utilisé à des fins de surveillance policière, “afin de préparer la sécurisation des manifestations des 25, 26 et 27 mars”».

Pour mémoire, le billet mentionné discutait, entre autres choses, de la probable légalisation prochaine de l'usage de drones équipés de caméras couplées à un logiciel de reconnaissance faciale. Cette légalisation est conditionnée par tout un tas de “sécurités”. Je cite de nouveau l'article de Mediapart «Pour la Cnil, les JO 2024 sont “un tournant” en matière de surveillance numérique» par Jérôme Hourdeaux, qui en cause:

«Ni reconnaissance faciale ni interconnexion.
La Commission se satisfait notamment que le gouvernement ait limité cette expérimentation dans le temps et exclu le recours à la reconnaissance faciale, ainsi que la possibilité d’interconnexion avec d’autres fichiers qui permettraient par exemple d’identifier une personne pour lancer des poursuites contre elle.
L’avis souligne par ailleurs qu’il ne doit s’agir que d’une expérimentation qui devra faire l’objet d’une évaluation et qui “ne saurait en aucun cas préjuger d’une éventuelle pérennisation de ces systèmes”».

Ce ne sera pas le premier cas d'une “expérimentation” censément très encadrée et limitée dans le temps, et l'expérience nous dit qu'assez vite le cadre et la limitation dans le temps sautent. La pose de ce “traceur GPS” est doublement illégale: effectuée par les “Renseignements généraux” (renommés en 2008 “Service central du renseignement territorial”) qui, nous rappelle Le Canard, «sont censés [depuis 1994] n'effectuer aucune surveillance d'ordre politique» (cela dit, auparavant ils n'étaient pas censés en faire non plus. Disons, en 1994 on leur a interdit de faire ce qu'ils ne faisaient pas, avec l'efficacité qu'on voit...); l'aurait-elle été par l'un ou l'autre service de police habilité, ça n'empêche un autre problème pour ce cas, la pose de tels “traceurs” n'est supposée se faire que dans les cas où la personne visée participe à une association criminelle (organisation terroriste, crime organisé), et non à une association politique ou syndicale, et surtout, nullement pour «préparer la sécurisation de manifestations», manifester étant un droit constitutionnel et non un délit. Les “sécurités” légales sont aussi efficaces que les “sécurités” mécaniques. Elles sont même “quelque peu” moins efficaces.

Je le disais dans le précédent billet, c'est le problème avec une arme, une fois mise en œuvre elle doit servir dans toute sa fonctionnalité...

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